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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

pathologie virale
grippe saisonnière ou grippe H1N1 ?

 

       

 

     Repoussée de quelques semaines en raison d'un mois de septembre particulièrement doux et ensoleillé, l'épidémie de grippe A (H1-N1) se propage à présent assez rapidement dans l'hémisphère nord et donc en France. On sait bien - on l'a assez répété - qu'il s'agit d'une épidémie de grippe jusque là inconnue . Inconnue et donc suscitant des peurs multiples, souvent infondées mais c’est bien habituel : on a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas… Essayons donc de faire le point sur un problème qui nous concerne tous.

 

 

 
Les affections virales


     La grippe – toutes les grippes – sont le fait de virus, c’est-à dire de micro-organismes bien plus petits que les bactéries responsables de l’autre grande partie des maladies infectieuses. Les virus se caractérisent, entre autres, par plusieurs caractères :

 
   • ils sont souvent très contagieux ce qui explique leur diffusion rapide au sein d’une même population ;

 
   • ils mutent facilement et fréquemment (je pense par exemple au virus du SIDA, si redoutable) ce qui fait que, au fil des mois, on n’a jamais vraiment affaire à la même souche ;

 
   • il est difficile de les traiter réellement : contrairement aux bactéries, ils ne sont pas sensibles aux antibiotiques. De ce fait, il n’existe que, soit des traitements préventifs (les vaccins), soit des traitements palliatifs susceptibles de ralentir ou minimiser leur évolution (antiviraux comme le Tamiflu), soit encore des traitements symptomatiques (paracétamol, sirops, etc.) qui s’efforcent de corriger les signes de la maladie.

 
     A une époque d’explosion des communications et des contacts entre les populations, on comprend donc qu’il est difficile de contrôler ces expansions virales au risque de paralyser totalement les activités humaines (voir sujet : les grandes pandémies). Alors, cette épidémie de grippe A qu’on nous annonce (et qui, d’ailleurs, est déjà présente sous nos latitudes) est-elle si redoutable ? Heureusement, non ! Mais elle reste, comme on va le voir, un sujet de préoccupation sanitaire.

 

 

Présentation du virus


     Et d’abord deux questions simples : pourquoi A et que veut dire le sigle H1N1 ?

  
     Les scientifiques classent les virus selon leur dangerosité : A pour les plus virulents, puis B et C. On a donc théoriquement affaire à un virus « dangereux ».

 

     Il faut à présent s’intéresser (un peu) aux mécanismes de l’infection virale. Les virus possèdent à leur surface des protéines qui vont leur permettre d’attaquer les cellules vivantes. Il en existe principalement deux types :

 

 
   • les hémagglutinines (d’où la lettre H) : ce sont elles qui permettent aux virus d’entrer dans la cellule qu’ils vont infecter

 
   • et les neuraminidases (lettre N) : ces protéines permettent de « libérer » le virus de la cellule où il se trouve afin qu’il puisse envahir d’autres cellules.

 
     Bien entendu, il existe plusieurs types de protéines H et N ce qui explique le nombre important de virus différents. Rappelons, à titre d’exemple, que le virus de la grippe espagnole de 1920 était déjà de type H1N1 tandis que le virus si redouté – à juste titre - de la grippe aviaire est de type H5N1.

 

 

La pandémie

 
     Comme le rappelle fort justement l’OMS, la pandémie est en marche. Pour mémoire et au risque de me répéter, je rappelle qu’une épidémie est la présence d’une maladie infectieuse concernant l'ensemble d'une population bien définie (tandis que les cas isolés touchant quelques individus de ci, de là sont qualifiés de « sporadiques »). Une pandémie est une épidémie à grande échelle touchant la population mondiale. Ce qui est bien le cas ici puisque la grippe A (H1N1) est retrouvée sur tous les continents et à (presque) toutes les latitudes.

  
     Il est donc trop tard pour enrayer la diffusion du virus (mais l’a-t-on jamais pu ?) : il ne nous reste qu’à nous protéger au maximum, nous aurons l’occasion d’y revenir. 

 

 

 
Les risques encourus


     Tout d’abord, une interrogation s’impose : quelles sont les conséquences d’une infection par la grippe A (H1N1) chez les individus dits « normaux » ? En fait, et pour autant que l’on sache, elles sont probablement minimes. Bien sûr, il s’agit d’une grippe et, si l’on en juge par les épidémies passées de grippe saisonnière, il faut s’attendre à être malade quelques jours avec un tableau variable selon les personnes atteintes mais qui regroupe principalement : une grande fatigue, de la fièvre, une toux plus ou moins intense, des douleurs articulaires multiples et erratiques. Bref, rien de bien nouveau, ni de réellement spectaculaire. Tant mieux. J’ajoute qu’il existera très certainement une partie de la population atteinte… qui ne présentera aucun signe particulier ! Tout cela, on le voit, n’est pas terriblement inquiétant.

 
     Alors, me direz-vous, pourquoi tout ce tintamarre médiatique ? Pour une raison finalement simple : cette variante de grippe étant nouvelle, il n’existe en principe aucune protection immunitaire  chez tout un chacun et le vaccin dont on dispose à présent est encore assez mal connu dans son efficacité (probablement excellente) et son innocuité (très certainement minime).

  
     Or, si chez l’individu dit moyen le risque est finalement faible d’être très malade, ce n’est pas le cas des populations dites « à risques ». En effet, un nombre important de sujets sont particulièrement sensibles aux infections, quelles qu’elles soient, et donc la grippe. On pense évidemment à toutes les personnes dont les systèmes immunitaires sont diminués (déficiences immunitaires de tous types, malades du SIDA, malades sous chimiothérapies diverses, notamment anticancéreuses, etc.) ainsi que les sujets présentant une insuffisance respiratoire chronique (asthmatiques, bronchiteux chroniques, emphysémateux, etc.).

 

     Les deux tranches extrêmes de la vie sont également particulièrement sensibles à la grippe : enfants de moins de 8 ans – notamment les nourrissons que l'on ne peut pas vacciner – qui n’ont jamais été en contact avec les virus et les personnes âgées dont les systèmes immunitaires sont théoriquement moins performants. Dans ce dernier cas, toutefois, le CDC d’Atlanta (qui suit avec attention toutes les pathologies infectieuses de la planète) pense qu’une partie au moins des plus de 60 ans (1/3 environ) pourrait être naturellement protégée contre la grippe A (H1N1) en raison d’une épidémie précédente (dans les années 50) qui aurait pu les immuniser : il s’agit toutefois là d’une affirmation qui reste à vérifier…

  
     Quoi qu’il en soit, on comprend aisément que toutes ces personnes « à risques » devront être vaccinées en priorité… et c'est bien ce qui se passe actuellement (fin novembre) puisqu'elles bénéficient avant les autres de l'envoi à leurs domiciles d'un "coupon" leur permettant de se présenter sans attendre dans les centres de vaccination dédiés.
Signalons au passage que, pour être totalement efficace, la vaccination antigrippe A risque de devoir se faire en deux injections à trois semaines d'intervalle ce qui ne simplifie pas la situation... Par ailleurs, les femmes enceintes - catégorie appelée après les personnes "à risques" que l'on vient d'évoquer - bénéficient quant à elles d'une vaccination par vaccin non adjuvé, peut-être moins efficace mais également moins agressif. (Pour plus d'informations sur cette vaccination , se reporter par le lien au sujet dédié : le vaccin de la grippe A(H1N1)). 

 

     Rappelons toutefois que quelques personnes, de préférence jeunes et en bonne santé antérieure, risquent de mourir de cette affection sans que l'on sache bien quels facteurs favorisants les prédisposent à cela : une sensibilité particulière, peut-être d'ordre génétique ? Une réaction extrême (un choc allergique ?) comme on peut en voir lors de piqures de guêpes (le virus serait alors l'agent allergène) ? Autre chose ? On ne sait pas .Très peu de gens, sans doute, sont concernés par un tableau si redoutable mais quand cela tombe dans votre famille... Dans tous les cas, que la dégradation de l'état clinique du malade soit très brutal ou plutôt progressif en deux ou trois jours, un signe bien particulier doit attirer l'attention : les difficultés respiratoires. En effet, lors d'une grippe habituelle, s'il y a, comme on l'a dit, fièvre, forte toux, etc., la sphère respiratoire reste à peu près indemne : une difficulté pour respirer est donc inhabituelle et doit impérativement amener à consulter...

 

 

 
Comment se protéger ?


     En cas de pandémie, comme actuellement, la protection est difficile : il faudrait demander à l’ensemble de la population de porter des masques, voire des gants, de ne plus serrer les mains, de ne plus toucher aux poignées de portes, d’éviter les endroits où se retrouvent des groupes importants de personnes, etc. C’est compliqué : il s’agit là d’attitudes qui peuvent être appliquées aux personnels de santé (hôpitaux, médecins de ville) mais un peu illusoires pour l’ensemble de la population.

  
     De ce fait, et comme la maladie n’est surtout dangereuse que pour la partie la plus sensible de nos contemporains, toute la stratégie mise en place par les pouvoirs publics a consisté à gagner du temps. Empêcher enquelque sorte que la grippe ne s’étende trop vite pour permettre ainsi au vaccin d’arriver en temps et en heure ce qui est le cas à présent. En contrepoint, le temps sec et ensoleillé du début de l'automne n'est plus guère qu'un lointain souvenir : la course de vitesse entre grippe et vaccin se poursuit de plus belle... d'autant qu'une partie importante de la population reste, pour de multiples raisons, encore hostile à la vaccination. Une hostilité dont je suis près à parier qu'elle s'érodera au fur et à mesure qu'évoluera la maladie !

 

 

 
La situation est loin d’être désespérée


     La grippe A (H1N1) est un problème parce que la population mondiale n’est pas (encore) protégée contre elle. Toutefois, dans l’immense majorité des cas, les malades atteints ne seront que peu malades, ce qui est une bonne nouvelle. Il nous faut donc gagner un maximum de temps pour permettre aux personnes sensibles d’être protégées et cela doit être possible si nous acceptons un minimum de protection, à savoir les quelques mesures d’hygiène que j’ai déjà mentionnées et le maintien à leur domicile (avec si possible des masques) des personnes certainement infectées.

  
     Il n’en reste pas moins que la grippe saisonnière sera également là cet automne (d’où la nécessité d’une double vaccination) avec l’espoir qu’il n’y aura pas de « mélange » entre les différentes souches incriminées ce qui pourrait compliquer la situation. Par ailleurs, ces pandémies virales qui se multiplient ne sont quand même pas un bon signe : le vrai danger vient de la grippe aviaire, autrement plus mortelle, et l’on sait que plus il y a d’individus atteints par des virus grippaux, plus il y a de chances qu’une mutation entre ces différents vecteurs d’infection soit possible mais il s’agit là d’un autre problème.


     On pourrait résumer la situation actuelle de la façon suivante : aucune inquiétude particulière à avoir car on sera capable de fournir le vaccin à temps aux personnes qui en ont le plus besoin mais vigilance néanmoins pour éviter l’évolution planétaire défavorable d’une maladie encore banale.

 

 

 
Images


1. grippe saisonnière habituelle ou grippe A ? (sources : www.brivemag.fr)
2. structure d’un virus grippal (sources : labelblue.canalblog.com)
3. Peur de la pandémie ? (sources : www.titem.fr; crédits photo : ZYG_ZAG (Flickr)
4. facteurs de risque (source :
www.geocities.com)
5. les virus aiment l’automne (sources : boolsite.net) 

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)  

 

 

 Brève : une explosion de cas dès la rentrée, l'hypothèse haute

 

     Selon le travail de Fabrice Carrat (INSERM, université Pierre-et-Marie Curie, Paris), l'un des spécialistes mondiaux des simulations d'épidémies grippales, il faudrait s'attendre à une forte épidémie qui, au plus fort de l'infection, pourrait provoquer 900 000 nouveaux cas par jour. En 82 jours, 45 à 50% de la population serait contaminée. Entre 18 et 20 millions de personnes tomberaient malades, soit 30 à 35% de la population française. 5 à 13% d'entre elle nécessiteraient une hospitalisation et 2 à 4 pour 1000 succomberaient à la maladie - soit un total de décès allant de 36 000 à 80 000. Tel est le scénario catastrophe qu'engendrerait la grippe A(H1N1) en France... si rien n'est fait pour limiter la propagation du virus. C'est grâce à cette hypothèse complètement improbable que l'efficacité des stratégies de lutte contre la maladie peut être évaluée.

 (Science & Vie, n°1104, septembre 2009)

 

 
Mots-clés : pandémiehémagglutininesneuraminidasesOMS (Organisation Mondiale de la Santé) - recommandations de l'OMS pour la grippe H1N1 - sujets à risques – CDC (Centers For Disease Control And Prevention, Atlanta, Géorgie, USA) – immunisation antérieure – mesures d’hygiène élémentaires – climat – grippe aviaire

(les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. les grandes pandémies

2. le vaccin de la grippe A (H1N1)

3. retour sur la grippe A

 

 

 

 

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