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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

medecine

Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

 

                 memoire-botanique.jpg

 

 

 

 

     Il y a de cela fort longtemps – mais le souvenir est encore bien présent en moi – un jour, je ne sais pourquoi, nous eûmes avec le professeur d’anglais de notre classe de cinquième une discussion passionnante sur ce qu’était la mémoire. Du moins sur ce que l’on en pensait à l’époque. Notre professeur, madame M., nous expliqua que l’on pouvait comparer la mémoire et le stockage de nos souvenirs à une immense gare de triage comportant des milliers de voies ferrées. Certaines d’entre elles, proches, sont facilement accessibles tandis que pour d’autres, fort éloignées, il faut que la « locomotive » fasse bien des kilomètres avant de les atteindre.voies-de-chemin-de-fer.jpg D’autres enfin, trop lointaines ou oubliées, ne sont plus abordables et j’imaginais leurs rails rouillés, leurs traverses abimées et l’envahissement par les herbes folles. A défaut de représenter la réalité, cette image présentait l’intérêt de bien fixer l’imagination. En fait, l’explication de notre professeur, fondée sur l’approche à la fois empirique et superficielle de ce temps-là, n’était pas si absurde, du moins d’un point de vue systémique à défaut, bien sûr, d’être biologiquement valide. Nous allons essayer de faire le point sur ce que l’on pense aujourd’hui de l’organisation de nos souvenirs dans le cerveau en n’oubliant jamais que, comme toujours, le support de cette chimie complexe ne relève (comme, d’ailleurs, la pensée) que de la matière et d’elle seulement.

 

 

Les différents types de mémoire

 

     Nous avons, bien sûr, tous remarqué que la mémoire n’est pas univoque : nous sentons empiriquement que notre mémoire immédiate semble différente de celle des souvenirs de notre enfance ou que, par exemple, la mémoire des noms propres n’est pas corrélée à celle des chiffres ou des visages. C’est qu’il existe différents types de mémoire, cinq en fait pour les scientifiques.

 

. Tout d’abord, évoquons la mémoire immédiate dite de travail : c’est celle cerveau zonesde tous les instants, celle qui nous permet de comprendre une phrase parce que, arrivé à sa fin, nous nous souvenons encore de son début. Ou bien de suivre un itinéraire qui vient de nous être expliqué. Cette mémoire permet de manier au fur et à mesure de nos besoins les données qui nous sont indispensables pour accomplir nos tâches quotidiennes. Son centre est situé dans le lobe frontal du cerveau.

 

.  Ensuite, existe la mémoire inconsciente dite procédurale : c’est celle qui nous permet d’accomplir un grand nombre de gestes ou une routine sans avoir à y « réfléchir » chaque fois : faire du vélo, passer des vitesses en voiture, se servir d’un stylo ou allumer une cigarette. Elle met en activité une partie du cortex moteur et les ganglions de la base du cervelet.

 

. La mémoire perceptive, quant à elle, intervient également de façon totalement inconsciente et automatique en fixant en nous le souvenir d’une odeur, d’un son, d’une image et peut-être même d’une sensation vécue : c’est la classique « madeleine de Proust ». Ou, comme me l’expliquait jadis un de mes professeurs de français, « l’odeur de café » pour toujours, chez lui, associée à la maison de son grand-père, le dimanche matin. C’est cette mémoire qui, à partir d’un son ou d’une odeur, ouvre tout un pan de nos souvenirs. On comprend aisément qu’elle ne puisse siéger que dans les aires primaires sensorielles du cerveau, à savoir les zones du cortex auditif, visuel, somatosensoriel, etc. 

 

. La mémoire sémantique est celle qui emmagasine les différentes connaissances que nous avons du monde (la tour Eiffel est à Paris,Arc_de_Triomphe.jpg l’Amazone est un fleuve du Brésil) mais également de nous-mêmes (nous sommes nés dans telle ville, avons exercé tel métier à tel endroit). C’est en quelque sorte la « banque de données » de nos connaissances théoriques. Elle siège dans les lobes frontal et pariétal gauche.

 

. Enfin la mémoire épisodique (que beaucoup confondent avec la mémoire « tout court ») est celle qui « contextualise » une grande partie de nos souvenirs en en fixant quelques uns de notre vie (un deuil, un anniversaire, la naissance d’un enfant). Il s’agit pour elle de nous faire nous remémorer un événement dans son contexte, en nous rappelant certains détails, l’ambiance d’une situation. Évidemment, comme la majorité de nos souvenirs s’efface presque instantanément (on pense que 90% des informations qui parviennent à notre cerveau sont oubliés au bout de trente secondes), il s’agit de quelques éléments soigneusement choisis et filtrés. D’ailleurs, cette mémoire est bien plus pauvre qu’on ne le croit habituellement : au bout du compte, il existe peu d’événements dont nous nous souvenons réellement et s’ils nous reviennent en mémoire, c’est souvent qu’ils furent importants pour nous, même incomplets, même un peu transformés (qui se souvient, par exemple, de son trajet en voiture le mardi de la semaine précédente… à moins d’avoir eu un accrochage avec un autre véhicule ?). Cette mémoire siège dans le cortex préfrontal et dans une structure sur laquelle nous reviendrons, l’hippocampe.

 

     Le fait de juxtaposer et d’identifier ces différents types de mémoire ne relève pas d’un simple exercice de style : suivant la localisation réelle d’une affection (par exemple une tumeur, un accident vasculaire, un traumatisme), c’est une de ces mémoires qui sera atteinte, les autres restant utilisables par le malade…

 

 

Information et cellules nerveuses

 

     Dans le cerveau, le passage d’une information passe toujours par l’intermédiaire des cellules nerveuses cérébrales, les neurones. Ceux-ci possèdent des extensions sous la forme de fins filaments appelés axones qui conduisent « l’information », c'est-à-dire l’influx électrique, vers l’extérieur jusqu’à leur extrémité appelée synapse. Il existe un seul axone par neurone mais des milliers d’autres filaments amenant l’information au neurone (les dendrites) et donc des milliers de synapses « afférentes ». En revanche, c’est par les synapses (efférentes) de l’axone que le neuroneneurone-schema.jpg « informe » son voisin. C’est en effet à cet endroit que l’extrémité du neurone est proche d’une dendrite d’un autre neurone auquel il doit faire passer l’information mais il y a un hic : l’impulsion électrique ne peut sortir de la synapse et donc du neurone sinon elle se perdrait dans l’espace interstitiel. La solution ? Lorsque l’influx nerveux arrive en bout de course, dans la synapse, il provoque la libération de substances chimiques appelées catécholamines (noradrénaline, sérotonine, GABA, etc.) qui vont aller stimuler la synapse correspondante du neurone voisin provoquant alors la naissance d’un nouvel influx nerveux identique à celui du neurone précédent : la transmission de l’information est donc passée. Bien entendu, un unique passage d’influx nerveux ne peut à lui seul représenter une information exploitable et c’est l’interaction de millions d’informations neuronales interconnectées qui explique l’activité cérébrale.

 

     Car, des neurones, il y en a beaucoup dans le cerveau : quatre-vingt cinq milliards ! Chacun d’entre eux ayant des milliers de connexions possibles, c’est par milliers de milliards que l’on peut chiffrer les interconnexions entre les cellules neuronales. Il s’agit d’un chiffre très élevé qu’il conviendra de se rappeler lorsqu’on essaiera de comprendre ce qu’est véritablement la mémoire. Précisons évidemment que plus un être est haut placé dans l’échelle de la conscience du vivant, plus sa richesse en neurones est importante. À titre de comparaison, par rapport aux 85 milliards de neurones du cerveau humain, citons les chiffres de 160 millions pour le chien, 300 millions pour le chat, 7 milliards pour le chimpanzé mais seulement 600 000 pour l’araignée… En fait, plus peut-être que le nombre, c’est l’agencement entre elles des cellules nerveuses et la richesse de leurs connexions qui a le plus d’importance et, à ce titre, l’Homme est assez loin devant les autres habitants de notre planète.

 

 

Formation d’un souvenir

 

     La mémoire est un élément fondamental de l’activité du vivant et nous avons déjà expliqué que, afin d’être parfaitement adaptés à leurs milieux, les animaux, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, ont tous une excellente mémoire, en tout cas dans les domaines qui les concernent. Mais qu’est-ce que la mémoire ? Quel est son support et comment s’organise-t-elle ?

 

     Essayons d’imaginer comment va se constituer un souvenir précis, celui d’un événement qui comptera vraiment. Prenons l’exemple d’une soirée très spéciale, celle du spectacle donné dans la grande salle de music-hall de votre région par votre chanteur préféré. Vous avez réservé votre place il y a des mois et voilà que le moment tant attendu arrive. Vous êtes assis au milieu de la foule et la lumière générale vient de s’éteindre. Quelques secondes encore et les gens se lèvent en criant : « Il » arrive sur scène. Sans que vous le sachiez vraiment, tous vos sens sont aux aguets : la vision et l’ouïe, bien sûr, mais aussi les odeurs, les sensations tactiles. Toutes les zones du cerveau se sont éveillées pour capter le maximum d’informations : dans le cortex visuel, par exemple, des plages de neurone-dynamique.jpgneurones spécialisés sont entrées en activité ; certaines sont chargées de reconnaître les visages, d’autres les couleurs, d’autres encore les formes ou le codage des lettres, etc. Toutes ces cellules spécialisées s’adressent des impulsions électriques qui varient en intensité, en rythme et selon leur localisation, à la façon d’une symphonie résultant d’une avalanche de différentes notes. La même activité se retrouve dans toutes les autres sphères sensorielles : audition, olfaction… Chaque élément (les sons, les odeurs, les couleurs des lumières des projecteurs, le mouvement de la personne qui vous accompagne et qui vous prend soudain le bras, les mots hurlés par votre voisin de droite, etc.) sera retenu par le cerveau et codé selon une configuration neuronale dynamique dans ses différents secteurs. Pour le moment toutefois, il ne s’agit que d’une animation en direct : rien n’est encore stocké pour être conservé ultérieurement. Les éléments informatifs sont épars dans le cortex cérébral à la manière d’un puzzle dont il faudra assembler les éléments pour en conserver une interprétation et c’est là qu’intervient cette structure très spéciale appelée hippocampe, située au cœur même du cerveau, qui va interpréter et associer tous les items afin d’en assurer le stockage et ainsi bâtir le souvenir.

 

 

Le rôle de l’hippocampe

 

     On sait depuis les années 50 que cette petite zone centrale du cerveau, située en regard des tempes, est indispensable à la constitution de la mémoire. À cette époque, en effet, on opérait assez facilement le cerveau de certains malades, notamment épileptiques : on enleva à l’un d’entre eux une partie de son hippocampe et, dès lors, il lui fut impossible de mémoriser le moindre souvenir : ceux qu’il avait d’avant, il pouvait se les rappeler mais impossible d’en fabriquer de nouveaux !  Cette petite zone du cerveau est donc l’élément central de la mémorisation, une mémorisation quelque peu spéciale puisqu'elle est surtout spatiale (on a ainsi pu mettre en évidence que, chez les chauffeurs de taxi, l'hippocampe est nettement plus grosse que la moyenne).

 

     Les informations, on l’a vu, sont éparses dans le cerveau et elles sont communiquées à l’hippocampe par les différents axones des neurones impliqués. Toutefois, puisqu’il est inutile (et même mauvais) de garder trophippocampe-cerveau.jpg d’informations, juste avant l’hippocampe, une autre petite structure nommée amygdale cérébrale va faire le tri et ne lui envoyer qu’une (petite) partie des informations jugées importantes. Sur quels critères se fait ce tri ? Difficile de conclure définitivement : les émotions ressenties par le sujet influent beaucoup sur ce choix mais on peut également penser que l’hérédité, l’acquis social, le niveau culturel, etc., bref tout ce qui fait la personnalité d’un individu, a son importance. Tout se passe comme si l’hippocampe était un centre d’identification et de classement des différentes informations qui lui parviennent ; elle constitue une sorte de système d’adressage qui prend une « empreinte » des endroits où se situent les informations de façon à ce que, si besoin est, elle puisse réactiver les différents neurones éparpillés dans le cerveau et impliqués dans un souvenir précis.

 

     On sait aussi que tous nos souvenirs ne sont pas à nos yeux d’égale importance et c’est l’amygdale déjà évoquée qui « explique » à l’hippocampe les circuits mémoriels qu’elle doit pérenniser, ceux qui pourront être réveillés à tout moment : il s’agit alors d’un authentique renforcement des circuits ainsi choisis. C’est sans doute grâce à ce mécanisme que l’on peut expliquer « la madeleine de Proust » que nous évoquions au début du sujet. Dans « À la recherche du temps perdu », Marcel Proust explique en effet que, un jour qu’il rentrait fatigué chez lui, sa mère lui proposa du thé qu’il ne buvait que rarement. Boire une cuillerée de thé mélangée à un morceau proust-madeleine.jpgde madeleine qu’il y avait trempé, lui procura alors un « plaisir délicieux » qu’il n’arriva d’abord pas à identifier ; se concentrant totalement sur son étrange impression, il s’y reprit à 10 fois, chercha plusieurs minutes au fin fond de son esprit et, d’un coup, le souvenir revint, celui de sa tante Léonie qui, le dimanche matin, lui offrait un petit morceau de ce biscuit lorsqu’il venait la visiter dans sa chambre. Le simple goût du petit gâteau imprégné de thé avait fait ressurgir en lui une foule de souvenirs chers à son cœur… On peut imaginer que le goût oublié et soudain retrouvé avait stimulé quelques neurones de l’hippocampe puis tout le circuit neuronal du cortex cérébral : l’information était stockée mais inaccessible jusqu’à ce que le stimulus la révèle.

 

     Oui, mais comment ce renforcement – qui nous fait, parfois sans le vouloir, choisir un souvenir particulier – se constitue-t-il ? Le chemin neuronal constituant un souvenir existe mais il est noyé parmi une quantité d’autres et si rien n’est fait il finira inévitablement par s’estomper avec eux. Pour le conserver, dès que l’ordre est donné par l’hippocampe, les neurones concernés voient leurs synapses se modifier par un mécanisme appelé Potentialisation à Long Terme : des catécholamines interviennent et des protéines se créent en cascade afin de transformer les synapses elles-mêmes pour que les neurones concernés restent activés, associés les uns aux autres. Au bout du compte, à chaque souvenir correspond un petit réseau de neurones qui sera plus ou moins renforcé selon le souvenir en question : c'est à ce niveau qu'interviennent les récepteurs AMPA qui fixent un neurotransmetteur très spécifique, le glutamate qui assure le passage d'information entre les différents neurones concernés. Ce renforcement peut durer des semaines, voire des mois, et pour certains souvenirs, importants pour nous, toute notre vie.

 

     Pour faire ce travail primordial de conservation, l’hippocampe ne dispose en fait que de quelques milliers de neurones spécialisés, l’essentiel du souvenir étant évidemment constitué par les circuits corticaux. Cela explique certainement pourquoi notre mémoire est en définitive relativement limitée, un moyen d’économiser l’énergie de cet organe, le cerveau, qui, chez l’Homme, consomme déjà beaucoup.

 

 

Fixation mnésique par le cortex

 

     L’hippocampe fixe donc le souvenir sous la forme d’une empreinte, d’un schéma représentant les différents circuits situés dans le cortex et faisant intervenir nombre de zones différentes (sons, vue, etc.). Il suffit ensuite que quelques neurones de l’hippocampe soient stimulés pour que tout le circuit se « réveille ».  Toutefois, plus les souvenirs sont « anciens », moins ils dépendent directement de l’activité propre de l’hippocampe. Notre malheureux malade à qui on avait enlevé l’hippocampe ne pouvait, c’est vrai, engranger de nouveaux souvenirs mais il avaitdebarras_grenier.jpg également bien des difficultés à se rappeler des souvenirs datant de quelques années avant son opération alors que les souvenirs de son enfance étaient parfaitement conservés. Tout se passe comme si plus un souvenir est ancien et plus il est « corticalisé », c'est-à-dire qu’il échappe à la tutelle de l’hippocampe. D’ailleurs dans certaines maladies, comme la maladie d’Alzheimer, ce sont bien les souvenirs anciens qui disparaissent en dernier, alors que les souvenirs les plus récents – et l’hippocampe - sont atteints relativement précocement.

 

 

Une pathologie lourde et bien des espoirs

 

     On commence à peine à comprendre quels sont les mécanismes entrant en jeu dans la formation de nos souvenirs. Il s’agit néanmoins d’une étape importante qui, au-delà de la connaissance pure toujours gratifiante, doit permettre d’ouvrir d’importantes perspectives pour la compréhension des « maladies de la mémoire » et de leurs traitements.

 

     Nos sociétés, par les avancées successives, notamment des sciences médicales, ont permis un allongement significatif de la durée de vie de alzheimer-alois.jpg l’ensemble de nos contemporains et il faut très certainement s’en féliciter. Le revers de la médaille est la montée, dans les statistiques, de la prévalence des maladies dégénératives du cerveau au premier rang desquelles figure la tristement célèbre « démence sénile » rebaptisée maladie d’Alzheimer. Cette affection qui touche nombre de nos anciens est dramatique non seulement pour le malade qui voit progressivement disparaître sa conscience de soi et son autonomie mais également pour son entourage confronté à la destruction progressive de la vie quotidienne du foyer. On n’en connaît pas vraiment la cause et a fortiori pas non plus le traitement. Les tumeurs cérébrales, les démences d’origine vasculaire ou toxiques (alcool), les différentes neuropathies, etc. viennent s’ajouter au grand nombre de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer (900 000 Français touchés, 200 000 nouveaux cas chaque année). Une approche thérapeutique de ces affections passe par une connaissance meilleure de ce qu’est la mémoire etalzheimer-augusta-D.jpg de ce qui menace son intégrité. Il reste beaucoup à connaître ou à préciser mais si l’on songe aux croyances anciennes (l’activité cérébrale, la mémoire, la pensée, les rêves, relevaient, croyait-on, de « processus immatériels » se propageant au sein d’on ne savait quel éther hypothétique), eh bien, ce que l’on sait aujourd’hui est déjà beaucoup et a permis à la physiologie du cerveau de sortir d’une sorte de Moyen-Âge. Ce qui n’est déjà pas si mal.

 

 

Brêve : un nombre précis de neurones code chaque souvenir

 Ni trop, ni trop peu... Le nombre de neurones mobilisé pour coder un souvenir est déterminé par un mécanisme précis, que des chercheurs de l'université de Genève ont commencé à dévoiler. Ils ont d'abord identifié, chez des souris, les neurones gardant la trace du souvenir d'un petit choc électrique reçu dans une cage. Il s'agit d'un réseau de neurones qui se forme dans l'hippocampe au moment où a lieu l'événement et qui est réactivé chaque fois que le souvenir refait surface. Les neuroscientifiques ont constaté que, lors de la mémorisation, les neurones mobilisés inhibent leurs voisins, limitant ainsi le nombre total de neurones impliqués dans la trace mnésique (l'empreinte du souvenir). Ils ont ensuite eu recours à l'optogénétique, une technique très récente qui permet d'activer des neurones en les illuminant : en activant, grâce à cette méthode, des neurones au moment de la mémorisations, ils ont forcé le cerveau d'une souris à intégrer davantage de neurones dans la trace mnésique. Résultat : elle est restée plus longtemps figée de peur dans la cage dont elle gardait un mauvais souvenir. Pour Pablo Mendez, l'un des chercheurs, "le souvenir est plus stable quand davantage de neurones y participent". Tout est une question de dosage...

revue Science & Vie, 1183, avril 2016, p. 22

 

Sources

 1. fr.wikipedia.org

2. Science & Vie, HS 268, septembre 2014

3. Encyclopaedia Britannica

4.  www.cnrs.fr

5. revue pour la science

6. www.naturavox.fr

 

 

Images

 

1. mémoire botanique (sources : www.planetesante.ch/)

2. gare de triage (sources : wallfizz.com) 

3. cerveau humain (souces : www.bougepourtaplanete.fr)

4. Paris : l'Arc-de-Triomphe (sources : inzumi.com)

5. circuits dynamiques du cerveau (sources :  www.wallsave.com/)

6. l'hippocampe, en rouge (sources : sante.lefigaro.fr)

7. Marcel Proust et sa madeleine (photomontage) (sources : www.pinterest.com/)

8. grenier (sources : www.rapidservices.fr/)

9. Aloïs Alzheimer (sources : www.e-psikiyatri.com/)

10. Austa Deter (sources : medgeriatria.blogspot.fr/)

 (pour lire les légendes des illustrations, posser le pointeur de la souris sur l'image)

 

Mots-clés : lobe frontal - cervelet - hippocampe - neurone - synapse - catécholamines - amygdale (cerveau) - Madeleine de Proust (texte) - démence sénile - maladie d'Alzheimer

   (les mots en gris renvoient à des sites d'information complémentaires)

 

 

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Mise à jour : 16 avril 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

 

 grippe H1N1-2

 

 

 

 

La grippe A (H1N1), tant redoutée, est passée sans faire de gros dégâts ; en tout cas, pas autant qu’il l’avait été annoncé par les chroniqueurs du monde entier. Comment se fait-il que les scientifiques – et avec eux les politiques – aient tant tremblé face à une pandémie dont on sait aujourd’hui qu’elle fut bien banale ? Il est temps de revenir sur les circonstances de ce cafouillage et sur les leçons qu’il paraît légitime d’en tirer.

 

  

La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu

 

… et c’est tant mieux ! Pourtant, en relisant les contributions que j’ai, à l’époque, écrites sur ce blog et en réexaminant tous les conseils et H1N1-3.jpgprécautions qui y figurent, je retrouve entre les lignes toute l’angoisse alors affichée par les uns et les autres. On s’était donc lourdement trompé mais a-t-on eu tort de réagir de cette façon ? Aurait-on pu aborder la question avec plus de prudence, certains diront avec plus de sérénité ?

 

 

 Bilan d’une pandémie

 

Chaque année, la grippe dite saisonnière parcourt alternativement les deux hémisphères en entraînant son cortège de misère : 300 000 morts, voire 400 000 ! Un chiffre qui est loin d’être négligeable mais auquel on paraît s’être habitué puisque nul vent de panique ne parcourt les populations lorsque le virus arrive. Dans le même temps, la grippe A aura été responsable d’un peu moins de 20 000 décès. Il s’agit à l’évidence d’une mortalité trop élevée mais sans aucune mesure avec ce qui était craint… et surtout avec celle de la grippe habituelle. La menace avait-elle été surestimée ? Et, si oui, par qui et au profit de qui ? Ou bien, au contraire, s’est il passé quelque chose – une atténuation autant providentielle qu’inattendue de la létalité du virus en cause - et, dans ce cas, pourquoi ?

 

Revenons sur les chiffres alors annoncés (voir sujet : grippe A, inquiétudes et réalités). Voici ce qu’on pouvait lire dans la presse professionnelle à l’époque et que j’avais repris dans mon article d’août grippe-H1N1.jpg2009, il y a moins d’un an : « il faudrait s'attendre à une forte épidémie (de grippe A) qui, au plus fort de l'infection, pourrait provoquer 900 000 nouveaux cas par jour. En 82 jours, 45 à 50% de la population serait contaminée. Entre 18 et 20 millions de personnes tomberaient malades, soit 30 à 35% de la population française. 5 à 13% d'entre elle nécessiteraient une hospitalisation et 2 à 4 pour 1000 succomberaient à la maladie - soit un total de décès allant de 36 000 à 80 000. Tel est le scénario catastrophe qu'engendrerait la grippe A(H1N1) en France... si rien n'est fait pour limiter la propagation du virus ! ». Le moins que l’on puisse dire est que ce n’était guère engageant ! L’hypothèse qui sous-tendait ce cataclysme était que rien ne pourrait arrêter la diffusion du virus à l’ensemble de la population (dont on pensait qu’elle n’était pas protégée face à cet agent viral inconnu) et puisqu’il n’existe aucun traitement autre que symptomatique pour une maladie virale… Les pouvoirs publics – dans le monde entier – se sont basés sur ce scénario, appelé scénario de référence, pour asseoir les politiques respectives de santé face à la pandémie. C’était un choix compréhensible car le scénario était probable… sauf qu’il l’est devenu de moins en moins au fil du temps. Alors erreur des politiques ? Du monde scientifique (concerné) ? Collusion avec les laboratoires pharmaceutiques (les seuls vrais gagnants) ? Autre chose ?

 

 

Raisons d'une méprise générale  

 

 

Les chiffres le prouvent : le virus n’était pas aussi terrible qu’envisagé. A cela au moins deux raisons majeures :

 

 La protection de la population était finalement plus importante que prévue

Alors que l’on pensait l’immense majorité des malades potentiels sans défense, cela n’était pas vrai, on le sait à présent. Certes, on avait bien envisagé (avec moult réserves néanmoins) la protection naturelle des populations de tranches d’âge supérieures à cinquante ans en raison d’un éventuel contact avec des souches virales très proches lors d’épidémies antérieures (comme la grippe de Hong-Kong qui avait sévi dans les années soixante) ; on avait d’ailleurs remarqué (mais ceci explique-t-il cela ?) que le virus de la grippe A touchait surtout les sujets jeunes. Ces personnes plus âgées possédaient donc une certaine immunité mais les autres ? D’après les calculs, 70% de la population auraient dû être infectés mais ils ne furent, à l’arrivée, qu’à peine 10%... On soupçonne qu’une autre forme d’immunisation est ici en jeu : alors que l’immunisation première relève des anticorps acquis au contact antérieur du virus, il semble qu’on ait oublié le rôle en définitive très important d’un autre type d’immunisation, cellulaire celui-là, qui aurait été obtenu lors de contacts plus récents avec des virus ressemblant au virus H1N1. Tout ceci reste du domaine du conditionnel car il y a encore beaucoup de questions en suspens et nombre d’hypothèses à vérifier. En tout cas, s’il existe un premier mérite à cette pandémie, c’est de permettre aux scientifiques de « repenser l’affaire » avec un œil neuf.

 

 Le virus de la grippe A était moins mutagène qu’attendu

N’ayant encore jamais eu affaire à cet agent infectieux, les spécialistes du monde entier n’ont pu que se référer à ce qu’ils savaient des pandémies du passé. Or l’épidémie de grippe A a été une vraiegrippe-H1N1-5.jpg pandémie en ce sens qu’elle s’est très rapidement propagée à l’ensemble de la planète, grâce notamment aux moyens de communication modernes (une propagation bien plus rapide que lors de la pandémie des années 1920, dite de la grippe espagnole). Pourtant, son taux de mortalité n’a jamais été comparable car contrairement à ses prédécesseurs, le virus de la grippe A n’a jamais muté bien qu’il ait infecté des millions de sujets. L’OMS – dont le rôle fut majeur pour les prises de décision des politiques – ne reconnaît aucune erreur de stratégie et avance simplement que « nous avons eu de la chance » que ce virus n’ait jamais muté… Un moyen d’oublier d’éventuelles carences de gestion de crise ou part de vérité ?

 

 

 Le rôle des uns et des autres

 

Il est facile, une fois le danger (réel ou supposé) passé, de critiquer tel ou tel acteur des prises de décision. Essayons quand même d’y voir un peu plus clair.

 

 Les avis des scientifiques : ils furent ici primordiaux puisque c’est à partir d’eux que le reste des décideurs engagèrent leurs actions. Comme toujours, les scientifiques furent divisés. Une grande partie d’entre eux, face à l’inconnu comme on l’a dit plus haut, avancèrent une politique de précaution et il est juste de reconnaître que c’était leur rôle d’expliquer qu’on ne savait médicalement pas grand-chose et que dans le doute… A l’inverse, d’autres – minoritaires mais parfois de grand renom – s’insurgèrent en expliquant que les campagnes de vaccination massives qui grippe-H1N1-6.jpgallaient être entreprises coûteraient énormément d’argent pour un résultat difficile à évaluer compte-tenu du manque d’informations ; ils ajoutaient souvent que cet argent aurait pu être affecté à d’autres grandes causes de santé publique (comme, par exemple, la recherche sur le cancer ou les maladies tropicales). Personnellement – mais cela n’engage que moi – je doute que cet argent, s’il n’avait finalement pas été affecté aux vaccinations, aurait pu leur être attribué mais là n’est pas la question. Ces scientifiques minoritaires avaient raison… mais cela était impossible à savoir avec certitude avant l’extension de la pandémie !

 

 Les politiques : il est de bon ton de se gausser de leurs décisions le plus souvent vécues comme inappropriées. Il faut reconnaître toutefois que tous, à un degré ou à un autre, ont cherché à « ouvrir le parapluie » ; dans notre pays, ce fut peut-être un peu plus qu’ailleurs puisque la France commanda une quantité de vaccins qui auraient pu servir à un continent entier ! Personnellement, je peux comprendre une telle attitude dans une nation où, il n’y a pas si longtemps, une catastrophe dans le domaine de l’hématologie - sans oublier celle de la canicule de 2003 - défraya longtemps la chronique ! Aujourd’hui, on sait bien que ce luxe de précautions était superflu (commander de quoi faire une double vaccination à l’ensemble de la population !) mais que se serait-il passé dans le cas contraire (aucun vaccin face à un virus hautement pathogène) ? Ce qui est fâcheux, toutefois, c’est que, si d’aventure, une nouvelle pandémie menaçait, mortelle cette fois-ci comme, par exemple, avec la grippe aviaire, les pouvoirs publics seraient probablement bien moins crédibles et y regarderaient vraisemblablement à deux fois avant d’engager des dépenses de prévention importantes. Surtout si c’est durant une période de crise économique analogue à celle que nous traversons.

 

Les laboratoires pharmaceutiques : on les a beaucoup critiqués et même parfois accusés de jeter de l’huile sur le feu. Il est certain que ce sont les seuls à sortir gagnants de cette mésaventure : ils ont pu vendre de nombreux vaccins à des prix certainement intéressants. On leur a reproché d’avoir propagé de fausses nouvelles sur la dangerosité de la pandémie mais il s’agit là d’une pure calomnie : ils n’avaient nul besoin d’en rajouter face à l’inquiétude ambiante. Les laboratoires pharmaceutiques sont des entreprises commerciales et, à ce titre, il est parfaitement compréhensible qu’ils aient cherché à profiter de l’aubaine qui se présentait à eux. La méfiance affichée à leur égard par une certaine partie de la population rappelle celle qu’on observe parfois en cas de décès face aux entreprises de pompes funèbre, accusées de « profiter du malheur des gens » : il en faut bien pourtant !   En revanche, le taux de réactivité des professionnels des vaccins a été satisfaisant puisque, quelques semaines après les prises de décision, on pouvait déjà disposer des premières doses pour les « personnes à risque » puis pour l’ensemble de la population. Que cela ait été finalement inutile est une autre histoire…

 

 La population générale : comme toujours quand elle est confrontée à grippe-H1N1-4.jpgune période de crise, elle s’est décomposée en trois groupes ; il y a eu ceux qui, terrorisés par les effets d’annonce, se sont précipités dans les centres de vaccination où, parfois, il y eut des bousculades et de forts mécontentements ; d’autres n’ont voulu entendre parler de rien et n’auraient pour rien au monde accepté de se faire vacciner, la pandémie se serait-elle révélée redoutable. Et puis il y a eu la grande masse des gens pour lesquels il était urgent d’attendre et qui ont défini leur attitude en fonction de l’évolution des informations et du bouche à oreille…

 

 

Les leçons de la pandémie

 

  Il existe des points positifs… :

 

 la connaissance des pandémies virales à progressé, fut-ce au prix de certaines erreurs. Des certitudes scientifiques ont été battues en brèche comme, par exemple, la notion de dangerosité d’une souche virale à grande diffusion dont on pensait qu’il était pratiquement impossible que, à une telle échelle, il n’y ait pas à terme de redoutables mutations. En fait, le virus de la grippe H1N1 a bel et bien muté comme en attestent les observations faites chez de nombreux malades. Appelée D222G, cette mutation a donné à certains virus la capacité de s’attaquer directement au système respiratoire de ces patients, les conduisant le plus souvent à une issue fatale. Comme cette caractéristique rappelait certaines mutations virales décrites avec les souches responsables de la grippe espagnole de sinistre mémoire, on a un temps craint le pire : mais non, la souche mutée n’a jamais supplanté le virus de départ sans qu’on sache vraiment pourquoi (tout se passait comme si la mutation ne survenait qu’une fois la maladie déjà présente chez ces malheureux sujets). Il y a certainement là de quoi réfléchir et réviser nos certitudes…

 

  la réactivité des autorités concernées a été rapide et c’est même ce que beaucoup leur reprochent ; il n’empêche : en cas de pandémie véritablement dangereuse, il semble que l’information aurait été délivrée avec suffisamment de diligence. De même que la fabrication des vaccins par les industries concernées ;

 

 la crise aura au moins eu le mérite d’attirer l’attention de toute une population sur le risque infectieux inhérent à nos sociétés évoluées… même si cela est à double tranchant.

 

… mais il existe aussi des points négatifs :

 

 le premier d’entre eux est évidemment économique : beaucoup d’argent s’est évaporé en temps d’informations polémiques, en personnel réquisitionné et, bien sûr, en fabrication de matériel spécifique (masques, vaccins, etc.). La disproportion entre les moyens mis en œuvre et la menace réelle est flagrante ;

 

 il reste d’évidents problèmes d’organisation qui n’ont pas été résolus et, en période de pandémie grave, cela pourrait s’avérer coûteux en vies humaines : je pense, par exemple, au temps perdu parce qu’on n’a pas voulu introduire le corps médical « libéral » dans la structure de vaccination ; on ne peut pas non plus ne pas évoquer l’insuffisance des structures hospitalières qui aurait été un vrai problème en cas de pandémie sérieuse ;

 

  la population a été alertée relativement tôt mais, hélas, surinformée, souvent de façon contradictoire. A tel point que certaines personnes en sont arrivées à ne plus écouter les conseils diffusés par les médias puisque se sentant incapables de faire la part du vrai et du faux ! Plus inquiétant grippe-aviaire.jpgencore, la cacophonie qui a accompagné la politique d’information sur la pandémie, les polémiques sur le gaspillage financier et l’impression que, en définitive, la montagne a accouché d’une souris ce qui tend à prouver que personne ne sait rien sur rien, ont conduit un grand nombre de nos concitoyens à remettre en cause la crédibilité des scientifiques et du système de santé dans son ensemble. Il s’agit là d’une attitude délétère - quoique explicable - qui risque de coûter très cher lors d’une nouvelle alerte sanitaire qui, elle, pourrait se révéler bien plus grave car, comme le dit l’adage : « Chat échaudé craint l’eau froide ».

 

 

Images

1. extension de la pandémie à début août 2009 (sources :   lorrain1.wordpress.com)   

2. (sources : fun.lapinbleu.org)

3. (sources : science.branchez-vous.com)

4. grippe espagnole (sources : 1N1-3 :  combattre-grippe-a.com) 

5. Marc Gentilini (sources : sites.radiofrance.fr)

6. (sources : pratique.fr) 

7. grippe aviaire (sources : grippeaviaire.blogspirit.com)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

Mots-clés : grippe saisonnière - grippe espagnole - anticorps - immunité cellulaire - Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - mutation D222G - grippe aviaire

(les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

Sujets apparentés sur le blog :

 

1. le vaccin de la grippe A (H1N1)

2. grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités

3. les grandes pandémies

 

 

 

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mise à jour : 6 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

                                       

 

 

   

     La pandémie de grippe A avance à son rythme, qui est rapide : on en parle tous les jours à la télévision et dans les journaux. Certains de nos compatriotes semblent par avance terrorisés, d’autres affectent de traiter l’affaire par le mépris, d’autres encore hésitent, doutent, s’interrogent. La cacophonie atteint son paroxysme lorsqu’on évoque l’éventuelle vaccination : s’agit-il d’une étape indispensable dans l’éradication du virus ou d’une opération de marketing sciemment organisée par l’industrie pharmaceutique ? Les Pouvoirs publics s’impliquent-ils autant parce qu’ils possèdent des informations tenues secrètes ou, suite à l’effet canicule de 2003, « ouvrent-ils le parapluie » pour se protéger d’éventuelles critiques à venir ? Face à tant d’incertitude, voire d’incohérence, sur un problème pourtant sérieux, essayons d’y voir un peu plus clair.

 

 

 

 

Intérêt et limites de la vaccination en pathologie virale

 

     Rappelons tout d’abord qu’une campagne de vaccination est une opération préventive destinée à empêcher la diffusion d’un agent – ici un agent viral – à l’ensemble d’une population et surtout aux personnes fragiles (dites « personnes à risques ») que ce soit en raison de leur âge ou d’une affection dont ils sont porteurs. Car, on l’a déjà écrit dans un sujet précédent (voir sujet : grippe A(H1N1), inquiétudes et réalités), il n’existe pas de traitement curatif en cas d’affection virale : la prévention paraît donc une attitude logique. Sauf que cela dépend de la maladie en cause : le vaccin – on le verra – n’est jamais un acte totalement anodin (même s’il est en principe très bien toléré) et risquer un effet indésirable même simplement potentiel pour une maladie somme toute banale est discutable. La première des exigences est donc d’évaluer les risques encourus par la population en cas d’infection, ici par le virus H1N1, et c’est là que cela devient compliqué : la maladie est nouvelle (en tout cas pour la majorité des gens actuellement vivants) et on a du mal à apprécier sa dangerosité. Y a-t-il moins de risques en vaccinant ou en ne faisant rien ? Première interrogation.

 

 

 

 

Fabrication d’un vaccin : le cas de la grippe A

 

     Dans une vaccination, le but est d’obtenir une certaine quantité d’antigènes dont l’innocuité est certaine mais qui, injectée à un organisme vivant, est susceptible d’entraîner de sa part une réaction de rejet par son système immunitaire ; dès lors, lorsque l’organisme sera en contact avec le vrai virus, l’organisme « reconnaîtra » l’élément étranger et s’en débarrassera avant que ce dernier ne cause de dégâts. Voilà pour la théorie. Cette approche s’est trouvée légitimée dans bien des maladies, soit non virales comme le tétanos ou la diphtérie, soit virales comme la rage ou la grippe saisonnière (dite grippe habituelle car nous la voyons se manifester chaque année au début de l’hiver). On sait par ailleurs qu’il faut plusieurs mois pour fabriquer un vaccin de qualité (c'est-à-dire efficace et sans danger) et, dans le cas de la grippe saisonnière, c’est bien ce qu’il se passe habituellement puisque le vaccin est fabriqué durant les 6 mois de période chaude de l’hémisphère considérée.

 

     La donne est différente avec la grippe A puisque nous nous trouvons ici dans l’urgence (la pandémie est en marche) pour fabriquer un vaccin pour la première fois avec ce type de souche virale. Et ce d’autant que ce n’est pas aussi simple qu’avec la grippe habituelle. En effet, selon les souches incriminées, la réaction du système immunitaire est variable : par exemple, pour la grippe habituelle, pas de problème et il ne faut qu’une toute petite quantité d’antigènes pour obtenir la réaction de défense de l’organisme (probablement parce que des souches voisines ont déjà circulé les années précédentes). C’est tout le contraire avec la grippe aviaire H5N1 (ou la souche H7N9 qui frappe la Chine en 2013) : ce virus entraîne très peu de réactions de défense de la part du système immunitaire, un peu comme s’il n’était pas reconnu pour ce qu’il est ; or, il s’agit d’un tueur impitoyable puisqu’il entraîne la mort plus d’une fois sur deux. Il est donc impératif pour une vaccination efficace de rendre le système immunitaire « sensible » au virus H5N1 et, pour ce faire, on doit le « stimuler » avec des produits appelés adjuvants : nous y reviendrons. Et la grippe A(H1N1) dans tout ça ? Elle occupe, semble-t-il, une position intermédiaire. Au début de l’épidémie, on a eu l’impression que son immunogénicité ressemblait à celle de la grippe aviaire (c'est-à-dire très faible) puis, au fur et à mesure qu’on en a su un peu plus, on s’est rendu compte que cette immunogénicité devait être meilleure que supposée au début et que, en définitive, la reconnaissance du virus (ou de sa fraction antigènes) était nettement plus forte que pour la grippe aviaire. Dès lors, on peut se poser la question de la nécessité de renforcer la reconnaissance du virus par le système immunitaire, donc de l’utilité d’adjuvants dans le vaccin. Deuxième interrogation.

 

 

 

Les adjuvants sont-ils indispensables dans le vaccin contre la grippe A ?

 

     Comme on vient de le voir, pour certains virus particulièrement mal reconnus par l’organisme, il est nécessaire de renforcer leur détection par des éléments complémentaires qu’on nomme adjuvants (un adjuvant, en pharmacologie, est un « additif » sans effet thérapeutique dont le seul rôle est de renforcer l’action du principe actif). Les plus utilisés aujourd’hui sont les sels d’aluminium et des émulsions à base de squalène (tandis que ceux à base de mercure sont abandonnés). Cela présente-t-il un problème ? Eh bien, d’une certaine façon, oui : ces adjuvants renforcent bien l’action des vaccins mais ils ont été accusés de provoquer des effets indésirables parfois plus graves que la maladie elle-même… Par exemple, il y a quelques années, la vaccination contre l’hépatite B a, en France, été vécue comme susceptible d’entraîner l’apparition de scléroses en plaques. En Grande-Bretagne, c’est le vaccin contre la rougeole (une maladie mortelle chez nos amis britanniques) dont on a prétendu qu’il pouvait induire l’apparition de symptômes autistiques. Précisons que les liens statistiques n’ont jamais pu être prouvés entre les vaccinations et ces maladies mais la méfiance règne (attisée par les opposants aux vaccinations dont les buts ne sont d’ailleurs pas forcément médicaux).

 

     Y a-t-il donc réellement un avantage à fabriquer un vaccin complété avec des adjuvants pour la grippe A(H1N1) ? On a dit que le taux global de reconnaissance du virus par le système était quand même plus faible que celui de la grippe habituelle ; en l’occurrence, si le vaccin ne contient pas d’adjuvants, il faudra certainement procéder à une double vaccination à trois semaines d’intervalle… alors qu’on manque de temps ! Ce temps qui passe trop vite et dont on a parfois si cruellement besoin ! A ce propos, parlons chiffres un instant : nous sommes à présent fin novembre et la vaccination est entrée dans sa phase active depuis près de 3 semaines, avec un peu de retard sur le programme prévu (mais, compte-tenu du temps assez clément, la grippe A, elle-aussi, est un peu en retard). Les personnes "à risques" ont été appelées en premier, suivies des femmes enceintes et, actuellement des élèves et lycéens. Il est encore néanmoins trop tôt et donc difficile d'évaluer l'impact réel de la campagne. Un grand nombre de personnes refusent toujours la vaccination (mais cela varie selon les jours et... les infos à la télé !). A l'inverse, j'ai parmi ma clientèle un nombre non négligeable de malades avec une lourde polypathologie qui attendent encore de recevoir leur convocation ; ailleurs, des centres sont tantôt déserts, tantôt pris d'assaut. En somme, quelques dysfonctionnements mais une avancée certaine. Tout cela suffira-t-il alors qu'une deuxième vague de l'épidémie est prévue au premier trimestre 2010 et que l'actuelle n'a pas encore atteint son pic maximal ? L'avenir le dira mais je rappelle qu’une épidémie - et c’est d’ailleurs bien ce qu’il se passe avec la grippe habituelle – commence à décliner lorsque 50 % de la population environ a été soit vaccinée, soit malade. On voit donc que, au-delà des cas strictement individuels (faut-il ou non se faire vacciner ?), il existe un enjeu de santé publique…

 

     Revenons au problème des éventuels adjuvants. L’immunogénicité plus faible de la grippe A(H1N1) oblige également à utiliser des quantités d’antigènes plus importantes or c’est cette fraction du vaccin qui est la plus longue à produire. Toujours le facteur temps ! La présence d’adjuvants permettrait donc une réponse vaccinale plus précoce mais à quel prix ? Dans le doute, certains pays ont décidé de ne pas employer de tels vaccins : c’est, par exemple, le cas des États-Unis qui, échaudés par une politique vaccinale douteuse lors d’une épidémie sur leur territoire en 1976, ont décidé de ne pas utiliser de vaccins avec adjuvants contre le virus H1N1, une réserve que ne partagent pas les  autorités européennes et donc françaises. Pour être complet – et pour la petite histoire – l’épidémie de grippe porcine qui, en 1976, aux États-Unis, a laissé un si mauvais souvenir (des effets indésirables furent rapportés… mais sans toujours de relation évidente avec la vaccination) avait été anticipée par des vaccins… sans adjuvants !

 

 

 

Faut-il se faire vacciner ?

 

     Disons le d’emblée : la vaccination n'est pas obligatoire et l’attitude adoptée sera certainement fonction de l’état de santé de chacun mais aussi – et peut-être surtout – des croyances et préjugés personnels…

 

     Il existe toutefois quelques éléments d’ordre général qui permettent d’engager une réflexion plus rationnelle :

 

·  D’abord et on l’a déjà dit, la vaccination n’est pas qu’un simple geste individuel puisque intervenant à l’échelle de la population pour peu qu’elle soit suffisamment importante…

 

·  Pour les individus à risques (insuffisants respiratoires, immunodéprimés, etc. voir le sujet : grippe A(H1N1), inquiétudes et réalités), il paraît logique de fortement conseiller une vaccination car pour ces personnes, le syndrome grippal clinique pourrait se révéler très dangereux.  

 

·  Cas particulier des personnes à risques pour la grippe A(H1N1) : à la suite du (léger) recul épidémiologique qu’on a sur cette maladie, on sait que certains groupes d’individus sont particulièrement menacés (ce qui n’est pas le cas avec la grippe habituelle),  à savoir les femmes enceintes, notamment lors de leur troisième trimestre de grossesse, les enfants surtout en bas-âge et, d’une manière plus générale, les personnes jeunes. La vaccination est donc proposée au cas par cas, avec le vaccin sans adjuvants pour les femmes enceintes, certes moins actif mais aussi potentiellement moins agressif. A ce propos, cassons-le cou à une vieille rengaine : le vaccin avec adjuvants n'est pas proposé aux femmes enceintes parce qu'il est "plus dangereux" mais parce que, pour des raisons éthiques, il n'a jamais pu être testé chez elles. Ce qui est d'ailleurs également le cas de tous les médicaments du marché avec comme effet pervers de disposer de moins en moins de traitements pour les femmes enceintes, au fur et à mesure du retrait des "anciens "médicaments (qui avaient été jadis utilisé chez elles sans précautions particulières).

 

·  Concernant la population « en bonne santé » : c’est ici que l’interrogation est la plus forte car il convient de savoir si la vaccination peut ou non être utile chez le « malade de base » ; en effet, après tout, un syndrome grippal ne dure que quelques jours durant lesquels seule une partie des personnes atteintes est réellement alitée tandis que pour beaucoup le tableau sera celui d’un gros rhume (en tout cas, si l’on en juge par ce que l’on sait aujourd’hui de la maladie). Bon, alors, ce n’est pas si grave, Docteur ? Non ce n’est pas si grave… sauf que, pour quelques personnes apparemment bien portantes, la grippe peut tuer sans qu’on sache vraiment pourquoi. C’était déjà vrai avec la grippe habituelle et ça l’est encore plus avec cette grippe A. Il est assurément difficile de se faire une idée : certaines études parlent d’un taux de mortalité de 1 pour mille (quand même pas loin de 35 000 morts rien qu’en France en pareil cas !) tandis que d’autres avancent le chiffre plus rassurant (et plus probable) de 1 pour 100 000. Les personnes touchées par ce qu’on appelait jadis une forme de grippe dite « maligne » seraient, selon l’OMS, plutôt jeunes (moins de 35 ans) et 40% d’entre elles n’auraient jamais eu la moindre maladie grave. Peu de morts en somme par rapport au nombre important de malades mais quand ça concerne directement quelqu'un chez vous… Le vaccin peut en principe empêcher cela mais qu’en est-il alors des risques à long terme que nous évoquions plus haut ? Comme souvent en médecine, il n’y a pas de réponse univoque et ce sera donc à chacun d’apprécier.

 

 

 

Quelles sont les propositions des Pouvoirs publics ?

 

     Les pouvoirs publics - d'ailleurs critiqués par certains mais c'est toujours ainsi en pareil cas - ont été résolument interventionnistes (un souvenir de la canicule de 2003 ?) et, en France, alors que notre pays ne représente que 1% de la population mondiale, on a commandé plus de 10% des vaccins disponibles. Comme je l'ai déjà dit, la vaccination n'est pas obligatoire. Les différentes catégories à risques ont donc d'abord été appelées et on va tout prochainement proposer le vaccin à l'ensemble de la population avec un succès qu'il est difficile de prévoir : faible s'il existe des nouvelles alarmantes sur le vaccin (comme récemment au Canada) et surtout si elles sont attisées par les ligues antivaccination, plus important au fur et à mesure que les médias rapporteront le nombre forcément progressif des décès. 

   

 

     Pour le reste de cette histoire, il faudra attendre de voir comment la pandémie évolue : elle-seule nous dictera l’attitude finale à adopter… et ce qu'il conviendra de faire l'année prochaine. Parce que, à moins d'une grosse surprise, le virus de la grippe A nous accompagnera encore quelque temps... non sans avoir muté et donc nécessité une revaccination annuelle.

 

 

 

 

Images :

 1. masques (sources : www.corsematin.com/)

2. se protéger (sources : www.mecanopolis.org/)
3. virus de la grippe A(H1N1) (sources : farm4.static.flickr.com)
4. vaccination (source : www.lexpress.fr)
5. la femme enceinte, une cible (sources : www.atoutfemme.com/)
6. bisous... protégés ! (sources : 24heures.ch)
 (Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)
 
  
 
Mots-clés : grippe A(H1N1) - grippe aviaire (H5N1) - effet indésirable - antigène - système immunitaire - adjuvant - immunogénicité - squalènes - hépatite B - rougeole - épidémie de grippe porcine américaine
 (les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)
 
 
 
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Mise à jour : 4 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

pathologie virale
grippe saisonnière ou grippe H1N1 ?

 

       

 

     Repoussée de quelques semaines en raison d'un mois de septembre particulièrement doux et ensoleillé, l'épidémie de grippe A (H1-N1) se propage à présent assez rapidement dans l'hémisphère nord et donc en France. On sait bien - on l'a assez répété - qu'il s'agit d'une épidémie de grippe jusque là inconnue . Inconnue et donc suscitant des peurs multiples, souvent infondées mais c’est bien habituel : on a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas… Essayons donc de faire le point sur un problème qui nous concerne tous.

 

 

 
Les affections virales


     La grippe – toutes les grippes – sont le fait de virus, c’est-à dire de micro-organismes bien plus petits que les bactéries responsables de l’autre grande partie des maladies infectieuses. Les virus se caractérisent, entre autres, par plusieurs caractères :

 
   • ils sont souvent très contagieux ce qui explique leur diffusion rapide au sein d’une même population ;

 
   • ils mutent facilement et fréquemment (je pense par exemple au virus du SIDA, si redoutable) ce qui fait que, au fil des mois, on n’a jamais vraiment affaire à la même souche ;

 
   • il est difficile de les traiter réellement : contrairement aux bactéries, ils ne sont pas sensibles aux antibiotiques. De ce fait, il n’existe que, soit des traitements préventifs (les vaccins), soit des traitements palliatifs susceptibles de ralentir ou minimiser leur évolution (antiviraux comme le Tamiflu), soit encore des traitements symptomatiques (paracétamol, sirops, etc.) qui s’efforcent de corriger les signes de la maladie.

 
     A une époque d’explosion des communications et des contacts entre les populations, on comprend donc qu’il est difficile de contrôler ces expansions virales au risque de paralyser totalement les activités humaines (voir sujet : les grandes pandémies). Alors, cette épidémie de grippe A qu’on nous annonce (et qui, d’ailleurs, est déjà présente sous nos latitudes) est-elle si redoutable ? Heureusement, non ! Mais elle reste, comme on va le voir, un sujet de préoccupation sanitaire.

 

 

Présentation du virus


     Et d’abord deux questions simples : pourquoi A et que veut dire le sigle H1N1 ?

  
     Les scientifiques classent les virus selon leur dangerosité : A pour les plus virulents, puis B et C. On a donc théoriquement affaire à un virus « dangereux ».

 

     Il faut à présent s’intéresser (un peu) aux mécanismes de l’infection virale. Les virus possèdent à leur surface des protéines qui vont leur permettre d’attaquer les cellules vivantes. Il en existe principalement deux types :

 

 
   • les hémagglutinines (d’où la lettre H) : ce sont elles qui permettent aux virus d’entrer dans la cellule qu’ils vont infecter

 
   • et les neuraminidases (lettre N) : ces protéines permettent de « libérer » le virus de la cellule où il se trouve afin qu’il puisse envahir d’autres cellules.

 
     Bien entendu, il existe plusieurs types de protéines H et N ce qui explique le nombre important de virus différents. Rappelons, à titre d’exemple, que le virus de la grippe espagnole de 1920 était déjà de type H1N1 tandis que le virus si redouté – à juste titre - de la grippe aviaire est de type H5N1.

 

 

La pandémie

 
     Comme le rappelle fort justement l’OMS, la pandémie est en marche. Pour mémoire et au risque de me répéter, je rappelle qu’une épidémie est la présence d’une maladie infectieuse concernant l'ensemble d'une population bien définie (tandis que les cas isolés touchant quelques individus de ci, de là sont qualifiés de « sporadiques »). Une pandémie est une épidémie à grande échelle touchant la population mondiale. Ce qui est bien le cas ici puisque la grippe A (H1N1) est retrouvée sur tous les continents et à (presque) toutes les latitudes.

  
     Il est donc trop tard pour enrayer la diffusion du virus (mais l’a-t-on jamais pu ?) : il ne nous reste qu’à nous protéger au maximum, nous aurons l’occasion d’y revenir. 

 

 

 
Les risques encourus


     Tout d’abord, une interrogation s’impose : quelles sont les conséquences d’une infection par la grippe A (H1N1) chez les individus dits « normaux » ? En fait, et pour autant que l’on sache, elles sont probablement minimes. Bien sûr, il s’agit d’une grippe et, si l’on en juge par les épidémies passées de grippe saisonnière, il faut s’attendre à être malade quelques jours avec un tableau variable selon les personnes atteintes mais qui regroupe principalement : une grande fatigue, de la fièvre, une toux plus ou moins intense, des douleurs articulaires multiples et erratiques. Bref, rien de bien nouveau, ni de réellement spectaculaire. Tant mieux. J’ajoute qu’il existera très certainement une partie de la population atteinte… qui ne présentera aucun signe particulier ! Tout cela, on le voit, n’est pas terriblement inquiétant.

 
     Alors, me direz-vous, pourquoi tout ce tintamarre médiatique ? Pour une raison finalement simple : cette variante de grippe étant nouvelle, il n’existe en principe aucune protection immunitaire  chez tout un chacun et le vaccin dont on dispose à présent est encore assez mal connu dans son efficacité (probablement excellente) et son innocuité (très certainement minime).

  
     Or, si chez l’individu dit moyen le risque est finalement faible d’être très malade, ce n’est pas le cas des populations dites « à risques ». En effet, un nombre important de sujets sont particulièrement sensibles aux infections, quelles qu’elles soient, et donc la grippe. On pense évidemment à toutes les personnes dont les systèmes immunitaires sont diminués (déficiences immunitaires de tous types, malades du SIDA, malades sous chimiothérapies diverses, notamment anticancéreuses, etc.) ainsi que les sujets présentant une insuffisance respiratoire chronique (asthmatiques, bronchiteux chroniques, emphysémateux, etc.).

 

     Les deux tranches extrêmes de la vie sont également particulièrement sensibles à la grippe : enfants de moins de 8 ans – notamment les nourrissons que l'on ne peut pas vacciner – qui n’ont jamais été en contact avec les virus et les personnes âgées dont les systèmes immunitaires sont théoriquement moins performants. Dans ce dernier cas, toutefois, le CDC d’Atlanta (qui suit avec attention toutes les pathologies infectieuses de la planète) pense qu’une partie au moins des plus de 60 ans (1/3 environ) pourrait être naturellement protégée contre la grippe A (H1N1) en raison d’une épidémie précédente (dans les années 50) qui aurait pu les immuniser : il s’agit toutefois là d’une affirmation qui reste à vérifier…

  
     Quoi qu’il en soit, on comprend aisément que toutes ces personnes « à risques » devront être vaccinées en priorité… et c'est bien ce qui se passe actuellement (fin novembre) puisqu'elles bénéficient avant les autres de l'envoi à leurs domiciles d'un "coupon" leur permettant de se présenter sans attendre dans les centres de vaccination dédiés.
Signalons au passage que, pour être totalement efficace, la vaccination antigrippe A risque de devoir se faire en deux injections à trois semaines d'intervalle ce qui ne simplifie pas la situation... Par ailleurs, les femmes enceintes - catégorie appelée après les personnes "à risques" que l'on vient d'évoquer - bénéficient quant à elles d'une vaccination par vaccin non adjuvé, peut-être moins efficace mais également moins agressif. (Pour plus d'informations sur cette vaccination , se reporter par le lien au sujet dédié : le vaccin de la grippe A(H1N1)). 

 

     Rappelons toutefois que quelques personnes, de préférence jeunes et en bonne santé antérieure, risquent de mourir de cette affection sans que l'on sache bien quels facteurs favorisants les prédisposent à cela : une sensibilité particulière, peut-être d'ordre génétique ? Une réaction extrême (un choc allergique ?) comme on peut en voir lors de piqures de guêpes (le virus serait alors l'agent allergène) ? Autre chose ? On ne sait pas .Très peu de gens, sans doute, sont concernés par un tableau si redoutable mais quand cela tombe dans votre famille... Dans tous les cas, que la dégradation de l'état clinique du malade soit très brutal ou plutôt progressif en deux ou trois jours, un signe bien particulier doit attirer l'attention : les difficultés respiratoires. En effet, lors d'une grippe habituelle, s'il y a, comme on l'a dit, fièvre, forte toux, etc., la sphère respiratoire reste à peu près indemne : une difficulté pour respirer est donc inhabituelle et doit impérativement amener à consulter...

 

 

 
Comment se protéger ?


     En cas de pandémie, comme actuellement, la protection est difficile : il faudrait demander à l’ensemble de la population de porter des masques, voire des gants, de ne plus serrer les mains, de ne plus toucher aux poignées de portes, d’éviter les endroits où se retrouvent des groupes importants de personnes, etc. C’est compliqué : il s’agit là d’attitudes qui peuvent être appliquées aux personnels de santé (hôpitaux, médecins de ville) mais un peu illusoires pour l’ensemble de la population.

  
     De ce fait, et comme la maladie n’est surtout dangereuse que pour la partie la plus sensible de nos contemporains, toute la stratégie mise en place par les pouvoirs publics a consisté à gagner du temps. Empêcher enquelque sorte que la grippe ne s’étende trop vite pour permettre ainsi au vaccin d’arriver en temps et en heure ce qui est le cas à présent. En contrepoint, le temps sec et ensoleillé du début de l'automne n'est plus guère qu'un lointain souvenir : la course de vitesse entre grippe et vaccin se poursuit de plus belle... d'autant qu'une partie importante de la population reste, pour de multiples raisons, encore hostile à la vaccination. Une hostilité dont je suis près à parier qu'elle s'érodera au fur et à mesure qu'évoluera la maladie !

 

 

 
La situation est loin d’être désespérée


     La grippe A (H1N1) est un problème parce que la population mondiale n’est pas (encore) protégée contre elle. Toutefois, dans l’immense majorité des cas, les malades atteints ne seront que peu malades, ce qui est une bonne nouvelle. Il nous faut donc gagner un maximum de temps pour permettre aux personnes sensibles d’être protégées et cela doit être possible si nous acceptons un minimum de protection, à savoir les quelques mesures d’hygiène que j’ai déjà mentionnées et le maintien à leur domicile (avec si possible des masques) des personnes certainement infectées.

  
     Il n’en reste pas moins que la grippe saisonnière sera également là cet automne (d’où la nécessité d’une double vaccination) avec l’espoir qu’il n’y aura pas de « mélange » entre les différentes souches incriminées ce qui pourrait compliquer la situation. Par ailleurs, ces pandémies virales qui se multiplient ne sont quand même pas un bon signe : le vrai danger vient de la grippe aviaire, autrement plus mortelle, et l’on sait que plus il y a d’individus atteints par des virus grippaux, plus il y a de chances qu’une mutation entre ces différents vecteurs d’infection soit possible mais il s’agit là d’un autre problème.


     On pourrait résumer la situation actuelle de la façon suivante : aucune inquiétude particulière à avoir car on sera capable de fournir le vaccin à temps aux personnes qui en ont le plus besoin mais vigilance néanmoins pour éviter l’évolution planétaire défavorable d’une maladie encore banale.

 

 

 
Images


1. grippe saisonnière habituelle ou grippe A ? (sources : www.brivemag.fr)
2. structure d’un virus grippal (sources : labelblue.canalblog.com)
3. Peur de la pandémie ? (sources : www.titem.fr; crédits photo : ZYG_ZAG (Flickr)
4. facteurs de risque (source :
www.geocities.com)
5. les virus aiment l’automne (sources : boolsite.net) 

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)  

 

 

 Brève : une explosion de cas dès la rentrée, l'hypothèse haute

 

     Selon le travail de Fabrice Carrat (INSERM, université Pierre-et-Marie Curie, Paris), l'un des spécialistes mondiaux des simulations d'épidémies grippales, il faudrait s'attendre à une forte épidémie qui, au plus fort de l'infection, pourrait provoquer 900 000 nouveaux cas par jour. En 82 jours, 45 à 50% de la population serait contaminée. Entre 18 et 20 millions de personnes tomberaient malades, soit 30 à 35% de la population française. 5 à 13% d'entre elle nécessiteraient une hospitalisation et 2 à 4 pour 1000 succomberaient à la maladie - soit un total de décès allant de 36 000 à 80 000. Tel est le scénario catastrophe qu'engendrerait la grippe A(H1N1) en France... si rien n'est fait pour limiter la propagation du virus. C'est grâce à cette hypothèse complètement improbable que l'efficacité des stratégies de lutte contre la maladie peut être évaluée.

 (Science & Vie, n°1104, septembre 2009)

 

 
Mots-clés : pandémiehémagglutininesneuraminidasesOMS (Organisation Mondiale de la Santé) - recommandations de l'OMS pour la grippe H1N1 - sujets à risques – CDC (Centers For Disease Control And Prevention, Atlanta, Géorgie, USA) – immunisation antérieure – mesures d’hygiène élémentaires – climat – grippe aviaire

(les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. les grandes pandémies

2. le vaccin de la grippe A (H1N1)

3. retour sur la grippe A

 

 

 

 

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Mise à jour : 28 février 2023

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                                  cellules cancéreuses attaquées par le système immunitaire

     

 

 

     L’année 2005 est l’année la plus récente pour laquelle nous possédons des données pratiquement complètes et, cette année-là, il y a eu en France 537 300 décès, un des chiffres les plus bas d’Europe (chiffre à rapprocher des 807 400 enfants nés cette même année). C’est assez bien mais pas encore suffisant.

     On sait aussi que depuis (presque) toujours, les deux plus grandes causes de mortalité dans notre pays sont les maladies cardiovasculaires et les cancers (cancers au pluriel tant il en existe de formes différentes). Or c’est en 1989 que, pour la première fois, la mortalité par cancer a dépassé celle des maladies cardiovasculaires. A cela plusieurs raisons :


   • les maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents cérébrovasculaires, etc.) sont de mieux en mieux et de plus en plus tôt prises en charge ;


       • l’incidence des cancers a fortement augmenté ces dernières années : pour 2005, on estime à 320 000 le nombre des nouveaux cas de cancer (180 000 chez les hommes et 140 000 chez les femmes, soit, en 25 ans, une augmentation de + 93% chez les hommes et de + 84 % chez les femmes). Il faut, bien sûr, rapporter ces chiffres à l’augmentation de la démographie et au vieillissement de la population mais, une fois la pondération faite, on arrive quand même au chiffre de + 52% chez l’homme et + 55% chez la femme.

     Je parle ici d’incidence (c'est-à-dire la survenue de cas nouveaux) et non de mortalité : cette dernière, si elle a aussi augmenté, a été comparativement moindre puisque les personnes décédées d’un cancer en 2005 sont au nombre de 146 000 ce qui ne traduit une augmentation « que » de 13% depuis 1980. On peut en déduire que les cancers sont mieux pris en charge par la médecine moderne (dépistage systématique et plus précoce, meilleurs traitements, etc.) et il faut s’en réjouir sans, évidemment, relâcher les efforts entrepris.


     Puisque les cancers restent une des grandes causes de santé publique, je souhaite revenir sur ce qu’est réellement cette maladie, étant entendu qu’il n’est pas de mon propos de détailler les différents cancers (et encore moins leurs prises en charge) mais d’essayer d’en comprendre les mécanismes.
 

 


la cellule


     Tout part évidemment des cellules qui composent nos tissus : c’est à cette échelle invisible que tout se joue.

 


          • la cellule normale


     La cellule est – nous l’avons déjà mentionné – la brique constitutive de tout être vivant. Elle se divise en deux parties : d’une part, limité par une membrane extérieure, le cytoplasme où se déroulent toutes les activités physicochimiques qui lui permettent de vivre et, d’autre part, un noyau qui contient le matériel génétique, l’ADN, qui lui permet de se répliquer.

  
     A l’échelon macroscopique qui est le nôtre, cette transformation permanente de milliards de cellules n’est guère apparente (sauf sur le très long terme). Chaque jour, par exemple, nous voyons notre peau qui nous semble toujours la même et nous supposons qu’il en va de même de tous nos organes. Pourtant notre peau change continuellement sous nos yeux qui ne le voient pas : ses couches superficielles sont certes des cellules mortes mais correspondant à un renouvellement complet des cellules cutanées en un peu moins d’un mois. Il en va de même – plus ou moins rapidement, plus ou moins lentement – de tous nos organes ; par exemple, les cellules de la paroi intestinale se renouvèlent en 10 à 25 jours, nos globules rouges ne vivent que quatre mois, les cellules du foie environ un an, etc.

  
     Qui dit renouvellement dit reproduction, en principe à l’identique, et c’est le rôle de l’ADN cellulaire de permettre cela. Au fur et à mesure de ces millions de processus de renouvellement, les erreurs ou mutations s’accumulent d’où un vieillissement de l’ensemble de l’organisme avec l’arrivée progressive et inéluctable de cellules – et donc d’organes – moins performantes, plus fragiles. Il s’agit là d’un phénomène naturel obligatoire qui, à terme, conduit à la disparition des individus que nous sommes.

 
     Dans certains cas néanmoins, les dysfonctionnements cellulaires peuvent aboutir à la formation de cellules atypiques, monstrueuses, dont la prolifération anarchique met en danger l’ensemble de l’organisme : c’est le cancer.

 


          • la cellule cancéreuse


     C’est une cellule devenue folle et qui, ayant perdu la faculté de se détruire comme toute cellule normale, vit éternellement. De ce fait, les cellules cancéreuses continuent à se multiplier au sein d’un organe où leurs compagnes ordinaires meurent (afin de se renouveler) pour constituer une tumeur qui va progressivement remplacer le tissu normal de l’organe. Ces cellules anormales se transforment petit à petit en éléments qui ont de moins en moins de rapport avec ceux d’origine et on parlera de cellules plus ou moins différenciées selon que l’on arrive ou non à reconnaître les tissus dont elles sont issues. A terme, on aboutit à des cellules « monstrueuses », à la taille fortement augmentée et au noyau démesuré, parfois bourré de chromosomes modifiés et siège d’une intense activité métabolique.

 

     Au début, toutefois, il ne se passe rien et ces formations nouvelles vivent au sein du tissu normal sans en modifier la fonction. On estime qu’il faut environ 100 000 cellules cancéreuses pour commencer à parler de tumeur maligne. De ce fait, il s’écoule un certain temps (on dit parfois qu’il faut environ 8 ans pour passer d’une première cellule cancéreuse à une tumeur macroscopiquement visible mais cela est bien sûr variable selon les types de cancers) et on comprend donc bien que c’est à ce stade de début, qu’il faut intervenir : après, c’est plus compliqué (mais nullement désespéré !). A un stade de plus, la tumeur – si on la laisse prospérer – envoie, par voie sanguine ou lymphatique, des colonies à distance, les métastases, qui sont autant de foyers nouveaux à combattre.

 
     Que se passe-t-il donc pour que de telles cellules modifiées apparaissent ?
     Dans le noyau de la cellule, les chromosomes sont formés de structures plus petites, les gènes, qui déterminent la fonction de la cellule et, à un échelon plus grand, des organes. Parfois, des mutations surviennent au sein d’un gène ou bien certains d’entre eux peuvent être « oubliés » lors de la réplication cellulaire. Normalement, la cellule possède des procédures de réparation qui lui permettent de corriger l’anomalie et c’est bien ce qui se passe le plus souvent. De temps à autre, malheureusement, ces mécanismes de réparation sont insuffisants et la cellule meurt ou, au contraire, devient immortelle, et susceptible de se reproduire à l’infini : c’est la cellule cancéreuse.

 
     Précisons d’emblée qu’une seule mutation ne peut conduire à l’apparition d’un cancer : c’est l’accumulation au fil du temps de mutations nombreuses, multiples, variées, qui aboutit au processus tumoral (la tumeur représentant l’ensemble des cellules anormales). On comprend dès lors que plus le temps passe, plus l’organisme vieillit et plus il y a de chances de voir apparaître un tel phénomène.

 


          • Gènes et oncogènes


     Normalement existent des gènes appelés proto-oncogènes qui stimulent la division cellulaire mais, sous certaines conditions, ils peuvent se retrouver sous une forme anormale : on appelle alors oncogènes ces gènes modifiés intervenant dans la constitution d’un cancer. Il en existe d’autres, les anti-oncogènes qui agissent en sens inverse (ce sont les gènes réparateurs auxquels je faisais précédemment allusion en parlant des mécanismes de réparation naturels de la cellule). L’activation des premiers sous l’effet d’agents plus ou moins extérieurs (sur lesquels nous reviendrons) ou l’inactivation des anti-oncogènes réparateurs conduisent donc à l’apparition d’un cancer.

 
     Le cancer (ici au singulier puisque j’évoque le mécanisme général de sa formation) est par conséquent une maladie génétique somatique, c'est-à-dire des tissus : c’est la dérégulation de la formation harmonieuse des cellules qui le provoque. Quelles sont les causes de cette dérégulation ?

 

 


Les agents favorisants


     Ils sont en réalité multiples et, en dépit de la masse d’informations que nous possédons sur le phénomène, sans doute ne sont-ils pas tous encore connus. Essayons d’en énumérer les principaux.

 


     • Certains cancers sont totalement héréditaires : c’est, par exemple, le cas du rétinoblastome, une tumeur extrêmement grave touchant les yeux et généralement diagnostiquée avant l’âge de deux ans ; ici, le malade est porteur de deux allèles (voir glossaire) pathologiques du gène RB1.

 


       • Le plus souvent, il s’agit d’un simple environnement génétique


     La personne est susceptible de développer un type particulier de cancer car il existe une notion de terrain : dans sa famille, des membres plus ou moins proches ont présenté des cancers particuliers et le fait de le savoir permet d’instaurer une surveillance plus attentive chez cette personne « à risque ». C’est, par exemple, souvent le cas des cancers du sein ou du colon. Les recherches récentes en génétique s’efforcent de découvrir quels sont les gènes dont sont porteuses ces personnes et qui les prédisposent ainsi.

 
     Au-delà des ces facteurs purement génétiques, il existe évidemment de nombreux facteurs externes éventuellement responsables de la survenue de cancers mais on soupçonne que la génétique n’est jamais totalement absente : certains individus seraient moins protégés contre l’exposition à l’un ou l’autre de ces facteurs de risque.

 


          • L’hygiène de vie


     C’est un élément fondamental de la lutte contre le cancer parce que, à vrai dire, c’est un des rares sur lesquels l’individu peut directement agir : l’alcool, le tabac, les drogues multiples et variées, une alimentation trop riche en graisses, notamment saturées, et pauvre en fibres, etc. sont des facteurs connus. Je disais précédemment qu’il existait une prédilection de terrain, certainement génétique, qui fait que tel individu sera particulièrement exposé en cas d’abus d’un de ces agents alors que d’autres y seront beaucoup moins sensibles. Certaines recherches actuelles travaillent sur ces notions de sensibilité personnelle et il sera peut-être un jour possible de prévoir les conséquences de tel ou tel abus. Pour l’heure, rien n’est sûr et il semble évidemment préférable d’être raisonnable…

 
     Il convient également d’ajouter que la juxtaposition de plusieurs de ces facteurs de risques ne fait pas que les additionner mais élève ces risques à grande échelle. On sait par exemple les ravages que peut causer l’association alcool-tabac qui multiplie les risques de cancer de la bouche, du pharynx, de l’œsophage ou de la vessie. En pareil cas, 1 + 1 = 3 (voire plus !).

 


          • L’environnement mutagène

   
     Les facteurs cancérogènes évoqués plus haut dans l’hygiène de vie (goudrons et gaz du tabac, alcool, etc.) se retrouvent également dans ce que l’on désigne du terme général d’environnement. La liste en est longue : radiations (naturelles ou non), substances cancérigènes contenues dans certains aliments ou certaines substances chimiques (produits que notre société dissémine dans la nature, émissions de gaz divers tels que ceux de certains moteurs, voire cosmétiques ou médicaments, etc.). Citons également les rayons ultraviolets qui, depuis la mode récente du « bronzage » ont fait exploser les statistiques des cancers de la peau, du nickel sur les cancers des sinus du visage, de l’amiante dans les mésothéliomes (voir glossaire) et, d’une manière plus générale, toutes les expositions, professionnelles ou non, à des produits toxiques dont certains commencent seulement à être soupçonnés. On pourrait presque dire que c’est l’envers des bienfaits de notre civilisation industrielle et c’est la raison pour laquelle il reste impératif d’en explorer tous les dangers.
 

 

     La médecine moderne comprend de mieux en mieux le cancer qui garde pourtant encore dans nos consciences une connotation terriblement péjorative. J’imagine volontiers que, les progrès de la médecine s’accélérant (et la survie des malades se banalisant), nous finirons par adopter une attitude plus objective vis-à-vis de cette maladie qui deviendra (presque ?) comme les autres. J’en veux pour preuve la terreur qu’inspiraient il y a quelques décennies la tuberculose ou la poliomyélite, terreur qu’on a heureusement fini par relativiser jusqu’à parfois même en oublier que ces affections sont encore dangereuses.
 

     Enfin, pour terminer mon propos, je souhaiterais faire deux remarques :

 

          1. le cancer n’est pas une maladie nouvelle : comme je le précisais au début de ce texte, il est certes en augmentation relative pour les raisons que j’ai évoquées mais il existe depuis toujours ; c’est ainsi qu’on a pu l’identifier sur des momies égyptiennes, c’est-à dire il y a plus de 3000 ans ; rappelons-nous aussi que le mot cancer vient du grec carcinos et qu’il fut pour la première fois utilisé par Hippocrate parce qu’il croyait que cette maladie ressemblait à un crabe.
 
          2. la progression des guérisons du cancer n’est pas uniquement une vue de l’esprit et un moyen de rassurer les malades : je me souviens très précisément de ces femmes atteintes d’un cancer du sein que, dans les années 70, en tant qu’interne d’un service hospitalier, j’allais visiter chaque matin ; ces femmes étaient – pour une raison que je n’ai jamais comprise – regroupées dans une aile du bâtiment que, à mi-voix, on appelait « l’antichambre de la mort », tant l’espoir de survie y était réduit. Aujourd’hui, la quasi-totalité de ces malheureuses malades serait sauvée. Mieux : elles auraient toutes repris une vie absolument normale moyennant une surveillance discrète une fois par an ! N’est-ce pas là un progrès fantastique en l’espace de quelques années ?

 

 

 

 

Glossaire (in Wikipedia France)

 

      * allèle : on appelle allèles les différentes versions d'un même gène. Chaque allèle se différencie par une ou plusieurs différences de la séquence de nucléotides (ADN ou ARN). Ces différences apparaissent par mutation au cours de l'histoire de l'espèce, ou par recombinaison génétique. Tous les allèles d'un gène occupent le même locus (emplacement) sur un même chromosome.

 

      * mésothéliome : c'est une forme rare et virulente de cancer des surfaces mésothéliales qui affecte le revêtement des poumons (la plèvre), de la cavité abdominale (le péritoine) ou l'enveloppe du cœur (le péricarde). Le mésothéliome pulmonaire est causé par l'exposition à des fibres minérales (comme l’amiante, ou l'érionite).

  

 

Images

 

   1.  cellules cancéreuses attaquées par le système immunitaire (sources :  www.alternative-cancer.net/)

   2. schéma d'une cellule normale (sources : www.chimie-sup.fr)

   3. colonie de cellules cancéreuses (sources : www.lefigaro.fr)

   4. facteurs de risques liés au cancer (sources : vincent.keunen.net/)

   5. crabe centolla (sources : www.astrosurf.com)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

 

Brêve : le cancer est-il une maladie héréditaire ?

 

   Le lien entre hérédité et cancer était pressenti depuis longtemps. Ce n'est qu'en 1986 qu'un premier gène de prédisposition au cancer a été identifié, le gène RBI. Une mutation constitutionnelle du gène BRCA1, portée par un seul allèle, est associée à un risque très élevé (90%) de rétinoblastome dans les premiers mois de la vie. Depuis, grâce au clonage positionnel, une quarantaine de gènes de prédisposition ont été identifiés. Cela étant, on ne peut pas dire que le cancer est une maladie héréditaire. Ce que l'on peut dire, c'est que dans un certain nombre de cas, pas les plus nombreux, il y a une mutation génétique qui augmente le risque de développer un cancer. On sait par exemple que 45% des femmes présentant une altération du gène BRCA1 développeront un cancer du sein avant l'âge de 50 ans. Comme dans la population générale, ce risque a augmenté chez les femmes mutées au cours des dernières décénnies : il est deux fois plus élevé chez les femmes nées après 1940 par rapport à celui des femmes nées avant 1940.

Pr Dominique Stoppa-Lyonnet

chef du service de génétique oncologique à l'Institut Curie (Paris)

professeur à l'université René-Descartes (Paris-V)

(in Médecins, bulletin d'information de l'Ordre des Médecins, mars-avril 2009, n°4)

 

  

 

Mots-clés : cancer - mortalité en 2005 - cytoplasme - noyau cellulaire - mutations - métastases - proto-oncogène - oncogène - anti-oncogène - hygiène de vie - environnement mutagène

 (les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

 

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Mise à jour : 1er mars 2023

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                               hippocrate-2.jpg

                     

le serment d’Hippocrate





 

    Il y a quelques mois, en abordant le délicat problème de l’homéopathie, j’avais évoqué le nombre incroyable de techniques et/ou approches thérapeutiques non officielles existantes, celles que l’on range souvent dans le catalogue extensible des médecines parallèles (autrement appelées « médecines douces »). Il est temps aujourd’hui de revenir sur l’utilisation de ces méthodes plutôt mal connues.

 
   Précisons d’emblée que le recours à des pratiques médicales non éprouvées n’est pas un évènement marginal : la Direction Générale de la Santé estime qu’entre
30 et 50% de la population de notre pays ont recours de manière régulière à ce type de pratique. Il s’agit là d’un réel phénomène de mode qui, le plus souvent et heureusement, vient compléter la médecine officielle. Toutefois, hélas, ce n’est pas toujours le cas et c’est là que le bât blesse : promettre, par exemple, la guérison d’un cancer par un travail psychologique isolé destiné à  « prendre en charge – et donc éradiquer – le processus tumoral par un rééquilibrage des fonctions naturelles » tient, au mieux, du charlatanisme et, plus probablement, de la non assistance à personne en danger (au minimum)… Mais revenons d’abord un instant sur ce que l’on appelle la santé.

 

 

 

 

 évolution de la notion de santé

 

    

Selon l’OMS, la santé « renvoie à un état de total bien-être physique, social et mental de l’individu » ce qui, effectivement, est loin de la formulation ancienne qui se résumait à une absence de maladie. Le problème est que tout ce qui n’est pas maladie ou infirmité échappe le plus souvent aux professionnels de santé et aux structures de soins. On comprend dès lors mieux la possibilité d’activités médicales exotiques dans ce domaine plus imprécis et l’irruption de thérapeutes autoproclamés, voire de gourous plus ou moins bien intentionnés.  La notion de santé (on disait jadis bonne santé) variant selon les latitudes et les personnes, de nombreuses « techniques » prétendent la conserver ou la recouvrer : on estime qu’il existe plus de trois cent méthodes différentes, la quasi-totalité d’entre elles échappant à toute tentative d’évaluation quelque peu crédible.  Comme toujours, il existe bien des nuances qui juxtaposent l’acceptable et le pire : puisque de nouvelles « approches » apparaissent constamment – l’imagination de ces nouveaux thérapeutes n’ayant d’égale que la crédulité de leurs victimes  –  il est bien difficile de tenir une liste à jour. Essayons néanmoins d’y voir plus clair.

 

 

 

 

réalité des médecines parallèles

 


     Les médecines parallèles, aujourd’hui, se vendent bien et on peut les classer en deux groupes différents selon qu’elles sont pratiquées par des professionnels de santé ou de simples amateurs. Il est bien entendu impossible de les énumérer toutes (d’autant qu’elles varient d’un pays à l’autre) et pour celles que l’on citera on trouvera un bref résumé en fin de sujet. Je tiens d’ailleurs à préciser que les techniques rapportées ci-après ont été choisies au hasard parmi des centaines de postulants :  elles ne sont donc citées qu’à titre d’exemples…

 

*
médecines parallèles pratiquées par des professionnels de santé

 
     Bien qu’elles ne soient en aucune façon enseignées par les facultés de médecine, elles sont pratiquées par des personnes qui ont reçu une formation médicale, le plus souvent des médecins mais pas forcément. On trouve dans cette catégorie
l’homéopathie à propos de laquelle j’ai déjà eu l’occasion d’écrire un sujet (voir l’article : l’homéopathie), l’acupuncture, l’auriculothérapie, l’ostéopathie, la naturopathie, la réflexologie, l’iridologie et bien d’autres encore.  On les pratique au vu et au sus de tout le monde, certaines d’entre elles étant même remboursées par la Sécurité sociale.  De nombreux médecins signalent les pratiquer sur leurs plaques professionnelles, à l’entrée de leurs cabinets, et leur prise en charge par le corps médical ne cesse de croître (environ 10% des médecins inscrits à l’Ordre des Médecins, un chiffre variable selon les départements, avouent y recourir).  On ne sait pas faire aujourd’hui la part de ce qui revient à l’impact thérapeutique réel de ces techniques et de ce qui résulte d’un simple effet placebo mais leur évaluation a été confiée à l’INSERM par la Direction générale de la santé.  Ce que l’on peut en revanche affirmer, c’est qu’elles sont généralement mises en œuvre par des professionnels avertis qui ne manqueront théoriquement pas de s’en remettre à des approches plus codifiées en cas de nécessité…

 

*
médecines parallèles pratiquées par des amateurs

 

On entend par « amateur » toute personne n’ayant pas suivi de cursus médical spécifique. Ces « médecines » peuvent relever de traditions historiques, d’une approche ethnique ou culturelle, de la simple idéologie et, pour un nombre conséquent d’entre elles, du pur charlatanisme.  C’est dans ce groupe forcément hétérogène que l’on trouve l’anthroposophie, la biothérapie gazeuse, l’urinothérapie, la kinésiologie, la médecine ayurvédique, la chromothérapie, la cristallographie, la gemmothérapie, etc. (voir descriptif sommaire en fin de sujet).  Quand ces médecines parallèles sont exécutées en sus de la médecine officielle, le risque n’est pas bien grand (encore que..)  mais il en va tout autrement lorsque – comme c’est souvent les cas – elles prétendent  agir seules : en pareil cas, attention, danger !  Même lorsque la médecine officielle a épuisé toutes ses possibilités, elles restent éminemment nuisibles : j’ai en mémoire nombre de cas de malheureux qui ont dispersé leurs dernières forces dans des voies sans issue ayant rendu leurs derniers jours particulièrement pénibles…

 

 

 

 

médecines parallèles et dérives sectaires

 


     Il est parfois bien difficile de faire la part de ce qui est illégal et de ce qui ne l’est pas. La frontière, ici, entre prescriptions tolérables (et parfois même utiles) et charlatanisme est ténue : tout dépend de l’utilisation qui est faite. C’est la raison pour laquelle les Pouvoirs publics s’intéressent de près à la question, aidés en cela par la Miviludes (Mission Interministérielle de VIgilance et de Lutte contre les DErives Sectaires). Le représentant de l’Ordre des médecins au sein du conseil d’orientation de la Miviludes, Daniel Grunwald, avoue toute la difficulté à faire passer un message clair : « Les médecines dites douces ne sont pas, en elles-mêmes, dangereuses, affirme-t-il, et peuvent même être utiles dans certains cas… et, dans d’autres cas, devenir franchement dangereuses. Il n’y a pas d’un côté, le licite, de l’autre, l’illicite. Tout dépend de l’utilisation qui en est faite… » Dans un cadre précis, elles peuvent se révéler intéressantes, ajoute-t-il, « par exemple, pour des troubles fonctionnels isolés, ou bien à titre symptomatique, lors d’affections reconnues. Il faut, bien sûr, que les produits prescrits, s’ils ne sont pas scientifiquement éprouvés, soient garantis sans risques iatrogènes (voir glossaire), sans contraintes anormales, notamment financières, et que les patients soient dûment informés et consentants. Enfin et surtout, ces thérapeutiques ne doivent en aucune façon remplacer les conseils et prescriptions adaptés qui découlent des données actuelles de la science ! » (sources : Bulletin national de l’Ordre des médecins, N°4, avril 2008).

 

 

 

 

médecines parallèles, loi et déontologie

 


   Il existe des similitudes entre le travail de déstructuration mentale organisé par les sectes et les adeptes inconditionnels de certaines médecines parallèles.  C’est le cas quand, par exemple, les tenants d’une « médecine exotique » refusent de permettre la moindre discussion sur la technique retenue qu’ils jugent incritiquable.  Leur croyance relève alors de la foi et si, d’aventure, on se risque à avancer qu’aucune évaluation objective de la théorie en cause n’a été faite, qu’il est impossible d’affirmer sereinement non seulement le bien-fondé mais la réalité des résultats obtenus, ils se récrient qu’il s’agit « d’un complot de la médecine officielle dont le seul but est de pérenniser ses revenus et d’asseoir son autorité. » Que faire face à une telle incompréhension ?  Avant tout, il convient de chercher à convaincre la personne, de la façon la plus paisible et la plus dépassionnée possible, non de forcément renoncer à son approche mais de réfléchir ; il faut la persuader de se renseigner auprès de malades ayant eu recours à la technique - et singulièrement ceux parfois nombreux qui ont été rejetés par les adeptes de la soi-disant thérapie – afin de connaître leur sentiment. Si cela est possible, il faut essayer de faire apparaître les réelles motivations du « thérapeute » qui, généralement, n’ont rien de médical mais relèvent le plus souvent, ici d’une idéologie partisane, là d’un évident bénéfice financier. Il est important que la personne comprenne qu’on ne la juge pas, qu’on ne souhaite certainement pas la faire se renier, qu’on ne cherche soi-même aucun bénéfice personnel et, surtout, qu’on n’intervient que parce que qu’on la croit en danger. Enfin, si tous ces efforts demeurent infructueux, il est indispensable de lui faire savoir qu’il sera toujours temps de faire machine arrière et qu’on l’aidera alors du mieux qu’on le pourra et sans arrière-pensée : en pareil cas, l’orgueil des uns et des autres n’a aucune place.

 

Pour les fauteurs de trouble et autres gourous en mal de renommée, la réponse est plus facile car le côté affectif et douloureux est presque toujours absent : il suffit de s’en tenir à la Loi qui doit être identique pour tous avec, dans le cas plus particulier des médecins, un renvoi à leur code de déontologie, dont je rappellerai pour conclure quelques uns des principaux articles se rapportant à ce sujet :

 

. article 30 : « Est interdite toute facilité accordée à quiconque se livre à l’exercice illégal de la médecine. »

 

. article 39 : « Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique du charlatanisme est interdite. »

 

. article 21 : «  Il est interdit aux médecins, sauf dérogations accordées dans les conditions prévues par la loi, de distribuer à des fins lucratives des remèdes, appareils ou produits présentés comme ayant un intérêt pour la santé. Il leur est interdit de délivrer des médicaments non autorisés. »

 

. article 32 : « Dès lors qu’il a accepté de répondre à une demande,  le médecin s’engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science (…). »

 

(Sources : Bulletin national de l’Ordre des Médecins)

 

 

Voici donc pour les médecins mais pour tous il y a évidemment la loi que nul n’est censé ignorer et à laquelle force doit rester.
 

 

 

Nota : un cas particulier, le refus de transfusion sanguine

 


   On sait que les témoins de Jéhovah refusent la moindre transfusion sanguine.  La loi  du 4 mars 2002 est très explicite sur ce sujet : elle affirme que « aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne… » même si elle ajoute que « si la volonté de la personne de refuser ou d’interrompre un traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d’accepter les soins indispensables. » (Sources : Bulletin national de l’Ordre des médecins)

 

Que faire donc si la personne refuse les soins ? Le médecin ne risque-t-il pas d’être poursuivi sur un autre plan juridique, celui de la non-assistance à personne en danger ? Il arrive alors que, considérant qu’il s’agit de la mise en cause à cours terme d’un pronostic vital, le médecin passe outre. La jurisprudence lui donne souvent raison : aucune violation du droit au refus de soin ne pourra lui être opposé (même exprimé par le patient ou sa famille) pour peu qu’il ait accompli un « acte indispensable à la survie du malade et proportionnel à son état ».  Douloureux cas de conscience qu’il est bien difficile de gérer…

 

Ajoutons que, dans le cas des mineurs, le médecin doit prendre les décisions qu’il juge nécessaire à la santé du mineur, même contre l’avis des parents.
 

 

 

 

Glossaire

 

risque iatrogène :  une maladie, un état, un effet secondaire, etc... sont iatrogènes lorsqu'ils sont occasionnés par le traitement médical  En grec le mot signifie littéralement "provoqué par le médecin" (iatros : médecin ; génès : qui est engendré), ou par d'autres professionnels de la santé, par exemple par un pharmacien. (in Wikipedia France)

 

 

 

 

Annexe : descriptif rapide des techniques évoquées


(les notions brièvement décrites ci-après – et forcément rudimentaires – sont tirées de l’encyclopédie en ligne Wikipédia France. Pour en savoir plus sur les différents sujets, se rendre sur le site de Wikipédia qui donne certaines explications et les liens nécessaires.)

 

 

* acupuncture : l'acupuncture ou acuponcture (du latin : acus, "aiguille" et pungere "piquer") dont la caractéristique la plus représentative est son traitement par implantation d'aiguilles, constitue l'une des composantes de la médecine traditionnelle chinoise. L'acupuncture traditionnelle est un art thérapeutique qui élabore son raisonnement diagnostique et thérapeutique sur une vision énergétique taoïste de l'Homme et de l'univers : l'Homme, microcosme, organisé à l'image du Macrocosme universel, s'en trouve donc soumis aux mêmes règles, qui devront inspirer son mode de vie, et serviront de trame à l'élaboration de l'acte médical. L'efficacité de l'acupuncture fait toujours débat au sein de la communauté scientifique.

 

* auriculothérapie : l'auriculothérapie, ou acupuncture auriculaire, est une pratique de médecine non-conventionnelle se voulant diagnostique et thérapeutique mise au point dans les années 1950 par le Dr Paul Nogier, médecin généraliste lyonnais. Elle repose sur l'hypothèse qu'il existerait une correspondance entre l'oreille externe et les différents organes du corps, ou somatotopie. Il serait alors possible dans certains cas de soigner ces différents organes en piquant le pavillon de l'oreille à l'aide d'aiguilles stériles.

 

* ostéopathie : l'ostéopathie est une médecine non conventionnelle créée par Andrew Taylor STILL (1828-1917), essentiellement basée sur des techniques manuelles, et repose sur quatre concepts :

a. L'unité : celle du corps (toutes les parties sont reliées, par la vascularisation, le  système nerveux et le tissu conjonctif), mais aussi de l'être humain dans sa globalité, rassemblant ses aspects physique, émotionnel, mental, intellectuel, spirituel.

b. L'interrelation entre la structure et la fonction : un organe ne pourrait fonctionner correctement que si sa configuration tridimensionnelle est conforme à celle d'origine, et inversement.

c. La capacité d'autoguérison : le corps humain disposerait de toutes les capacités d'adaptation et de défense nécessaires. Les ostéopathes fondent leur réflexion sur les conditions qui ont mis ces moyens en défaut, et tentent de lever l'obstacle.

d. "Le rôle de l'artère est absolu" : toute structure somatique non atteinte d'une lésion organique est capable de fonctionner normalement, pour peu que sa vascularisation soit correcte - et que l'alimentation ait fourni des nutriments qualitativement et quantitativement suffisants.

 

* naturopathie :  la naturopathie est une médecine non conventionnelle visant à « rééquilibrer » le fonctionnement de l'organisme par des moyens « naturels » : alimentation, hygiène de vie, phytothérapie, massages, exercices, etc., et psychologie pour la « naturopathie rénovée » qui place le désordre psycho-émotionnel en tête de liste des déséquilibres physiologiques qui en découlent.

 

* réflexologie : la réflexologie est une discipline médicale non conventionnelle de type massage. Elle repose sur le postulat infondé scientifiquement selon lequel chaque organe, glande partie du corps ou fonction physiologique correspondrait à une zone ou un point sur les mains, les pieds ou les oreilles. Un toucher spécifique appliqué sur ces zones permettrait ainsi de localiser les tensions et de rétablir l'équilibre du corps. Pour ses praticiens, la réflexologie libérerait les facultés d'auto-guérison de l'organisme et permettrait de soulager divers troubles sans traitement médicamenteux... Cette technique manuelle se place dans une approche énergétique et globale du corps. Elle s'apparente au shiatsu ou à l'acupuncture.

 

* iridologie : techniques de diagnostic et de prévention, l’iridologie est fondée sur l’examen minutieux de l’iris pour évaluer la constitution de l’individu et déterminer ses prédispositions à la maladie.

 

* anthroposophie : la médecine anthroposophique est une forme de médecine non conventionnelle pratiquée à partir des années 1920. Selon les théories de l'anthroposophie, il faut, dans la démarche thérapeutique, tenir compte, notamment, des trois composantes de l'être humain : corps, âme et esprit et des relations entre l'homme et l'univers.  Pour cela elle utilise des médicaments issus des règnes minéral, végétal et animal et des dynamisations de type homéopathique mais aussi des remèdes à concentrations plus élevées qui s'apparentent à de la phytothérapie. Bien que recourant à des dilutions homéopathiques pour certains médicaments, la médecine anthroposophique est spécifique et bien distincte de l'homéopathie. En général, en médecine anthroposophique, on utilise des dilutions décimales. Cette médecine fait également appel à des thérapeutiques artistiques et à des soins externes (massages, enveloppements...).

 

* biothérapie gazeuse :  présentée comme une médecine de terrain dérivée de l'homéopathie, la biothérapie gazeuse procède par injection de gaz dilués et dynamisés. Crée par le Docteur Fix, elle est censée notamment agir sur les allergies et sur les rhumatismes, principalement dans le syndrome du canal carpien et dans les arthroses du genou. Elle reste à ce jour totalement non évaluée.

 

* urinothérapie : elle est également appelée Amaroli qui est le nom donné en Inde à la pratique qui consiste à boire une partie de son urine pour entretenir sa santé ou se soigner. En Occident elle est appelée urinothérapie, ou auto-urine thérapie.  Cette technique, non évaluée, a de nombreux adeptes en Asie (Japon), en Europe (surtout Allemagne et Pays-Bas) et aux USA. 

 

* kinésiologie : la kinésiologie est l'étude des mouvements humains.  Enseignée dans plus de 100 pays (il existe des diplômes spécifiques au Canada), elle se divise en un grand nombre de techniques dont certaines à buts thérapeutique ou diagnostique (kinésiologie harmonique, kinésiologie hypersens, édukinésiologie, kinésiologie spécialisée). Son évaluation reste à faire.

 

* médecine ayurvédique : l'Ayurveda ou « médecine ayurvédique » est une médecine indienne qui puise ses sources dans les textes sacrés des Veda (environ - 3 900 ans av. J.-C. à - 1500 ans av. J.-C.) et dont les principes sont ceux de ce qu'on appelle aujourd'hui la « médecine naturelle », ce qui signifie qu'ils respectent les lois de la Nature. En l'occurrence il s'agit d'une approche dite holistique de la culture védique qui constitue les prémices de l'hindouisme. L'utilisation du mot Veda, qui signifie Connaissance, indique l'importance de l'Ayurveda en Inde. L'Ayurveda propose un bien-être durable dans la vie, tant individuelle que familiale et sociale. Elle est censée replacer l'homme dans sa dimension à la fois physique et spirituelle.

 

chromothérapie : la chromothérapie ou thérapie des couleurs est une médecine alternative. Elle est utilisée pour équilibrer l’énergie personnelle, sur un plan physique, mental, émotionnel ou spirituel.

La méthode standard de diagnostic utilisée en chromothérapie a été développée par le Dr Max Luscher au début du vingtième siècle. La chromothérapie remonte aux temps les plus anciens, probablement aux origines de la médecine ayurvédique (voir plus haut). La tradition indienne associe les couleurs aux chacras. On trouve aussi des traces de l’utilisation thérapeutique des couleurs dans la civilisation chinoise antique. La médecine traditionnelle chinoise associe une couleur à chaque organe.

La chromothérapie utilise les couleurs sur différents supports : pierres et gemmes, bougies, prismes, vêtements ou verres teintés, par exemple. Les couleurs ayant un effet à la fois positif et négatif, la chromothérapie fonctionne selon des règles très subtiles.

Son évaluation scientifique n’a jamais été faite.

 

* cristallothérapie : d’après ses promoteurs, la lithothérapie ou cristallothérapie utiliserait l’énergie des pierres pour réharmoniser les chakras et les corps subtils et rétablir l’équilibre du corps, de l'âme et de l'esprit. Elle aiderait sur le plan physique, psychologique et spirituel par la libération de certains blocages émotionnels et par les prises de conscience qu’elle permettrait.  Il s’agit d’une discipline non conventionnelle qui n’a jamais pu être évaluée scientifiquement.

 

* gemmothérapie :  La gemmothérapie est une médecine non conventionnelle fondée par le docteur Pol Henry, elle utilise des tissus embryonnaires végétaux en croissance tel que jeunes-pousses, bourgeons, radicelles, préparés par macération dans un mélange d'eau, de glycérine et d'alcool pour obtenir un extrait que l'on nomme « macérat glycériné ».

 

 

 

 

Mots-clés : santé - médecines parallèles - médecines douces - médecines alternatives - Direction Générale de la santé - INSERM - Miviludes - code de déontologie médicale - transfusion sanguine - Témoins de Jéhovah

 (les mots en blanc renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

 

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Mise à jour : 25 février 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine



     Voici la suite de l'article consacré aux différents commentaires concernant des sujets de médecine et de biologie. Je vous en souhaite bonne lecture, tout en vous rappelant que vos réactions aux idées développées ici sont toujours les bienvenues.
 




                                                      i

                                                                       

(image : www.enviro2b.com/)

 

 

Article : l’âme

 

 Sujet : "l'âme", énergie vitale ? 

 

Le 9 août 2007 (par medecin)

 

      L'âme pour moi, c'est l'énergie vitale du corps...  On sait en effet que certaines médecines asiatiques utilisent des techniques qui mettent en exergue cette énergie.  Par ailleurs,  je me souviens de ces moines asiatiques qui peuvent concentrer l'énergie qu'ils ont dans une partie de leur corps et d'autres qui peuvent se faire transpercer sans rien sentir...  Ca m'a toujours intrigué...
     Par ailleurs, je pense qu'âme et conscience sont souvent confondues, certains évoquent même l'âme comme une sorte de substance qui est diffuse dans notre corps...  C'est pourquoi je la définirais comme l'énergie interne.  En ce qui concerne la conscience,  je suis quelqu'un qui pense qu'elle est liée aux neurones !  La conscience, c'est les neurones !  Les preuves sur lesquelles je me base  ?  Les états végétatifs chroniques suite à un coma métabolique qui ont détruit la plupart de leurs neurones  : on voit aisément que les malades ne peuvent plus être conscients ;  on met des électrodes sur leur peau et on se rend compte qu'il n'y a plus de réaction lorsqu'ils voient quelqu'un de familier.  Par ailleurs,  le problème est qu'on ne sera jamais prouvé cela car on ne saura jamais se mettre à la place de quelqu'un pour savoir si il est conscient.  Comme dirait Thomas Nagel,  on a beau étudier les neurones d'une chauve-souris,  on ne saura jamais ce que cela fait d'être une chauve-souris.

 

 Réponse (par cépheides)

 

     L'énergie vitale...  Un peu à la manière de "l'élan vital" de Bergson,  j'imagine. Tu ne nous dis pas si tu penses que cette énergie vitale est totalement liée au corps  (il s'agit alors d'une composante matérielle encore inidentifiée)  ou bien si elle subsiste après la mort  (et, là, on se retrouve face à une définition de l'âme).  Concernant les bonzes asiatiques, il est vrai que certains arrivent à contrôler  (au moins en partie)  leurs corps  :  par exemple, on dit que certains peuvent ralentir volontairement leur rythme cardiaque.  Je pense qu'il s'agit là de l'intervention du Système Nerveux Central  ( sous le contrôle volontaire du cerveau)  sur le système nerveux autonome  (les intrications de ces deux systèmes nerveux sont finalement assez peu connues).  En pareil cas,  on a certainement affaire à la désafférentation de certains circuits nerveux expliquant,  par exemple,  la résistance à la douleur.  C'est probablement ce qui permet aux  "marcheurs sur le feu"  de la Réunion ou de Polynésie,  sous l'emprise d'une forte émotion,  de ne pas sembler souffrir de leur exercice,  ni même d'en avoir de gros stigmates physiques.
     D'une manière plus générale,  dans les comas,  il existe certainement une séparation plus ou moins complète entre le cerveau et les nerfs périphériques expliquant le coma vigile,  le coma profond,  etc.  Je suis bien d'accord avec toi :  la conscience,  ce sont les neurones dont l'entrelacement des milliards de synapses  (et le passage de l'influx nerveux dans des circuits dédiés)  permet l'accès aux données stockées,  puis leur utilisation de manière plus ou moins consciente.

 

 

Sujet : cerveau, esprit, âme, conscience…

 

Le 19 février 2008 (par didi)

 

     On a aussi tendance a dire que l'âme est un synonyme de morale dans le sens où seulement les hommes font la distinction du bien et du mal.  Mais quand on regarde l'animal on a l'impression qu'il agit comme par devoir ;  par exemple un chien ne va pas jusqu'à se poser des questions consciemment mais il va quand même obéir à une sorte de mécanique du devoir  (pour un chien bien dressé on lui dit assis, il s'assoit, mieux encore, le maître n'est pas chez lui et le chien, qui est resté à la maison tout seul, sent que bien qu'il ait l'envie de faire ses besoins il doit attendre le retour du maître).  Ainsi ce que l'homme appelle bien ou mal ne serait en fait qu'une réponse à un ordre que l'on reçoit.  Pourtant d'où viennent les ordres que se donnent les hommes ?  Ces ordres viennent du fait que nous avons une conscience et que nous arrivons à nous détacher d'une nature complètement animale pour pouvoir exercer notre jugement.  Mais ce jugement peut être à son tour déterminé par la mémoire, etc.  Dans ce cas la conscience n'est que réactions, en d'autres termes elle est animale.  Mais le progrès de l'homme est le résultat de consciences qui étaient intriguées de choses qu'elles ne comprenaient pas et qu'elles voulaient s'expliquer et expliquer aux autres :  c'est la naissance de disciplines telles que la philosophie ou les sciences.  Mais reposons la question,  pourquoi une âme ?  Je commencerai par dire que toute action animale et raisonnée est le fruit de ce que l'on pourrait appeler des postulats d'idées  (pour agir on postule une idée, un but)  mais aussi de postulats psychiques,  postulats mémoriels, etc.  Ce qui veut dire que l'homme réagit toujours à quelque chose,  d'ailleurs  " la conscience est toujours conscience de quelque chose ".  Et c'est là où l'on voit que l'homme peut atteindre une dimension plus grande en postulant sa liberté.  Car ce n'est que en se disant libre qu'il peut déterminer ce qui lui semble bon.  Comment axer sa liberté d'une bonne manière ?  Par la morale peut-être ?  Ainsi l'homme n'a plus besoins de preuves scientifiques puisque la morale n'est pas scientifique.  La croyance en l'âme et en une morale transcendantale semble justifiée.  Je voudrais finir en citant un paragraphe d'une œuvre de John C. Eccles (prix Nobel de médecine)  " Evolution du cerveau et création de la conscience" :  " Les problèmes liés à l'unicité ressentie par chaque  " moi "  ont été négligés par la philosophie contemporaine.  On peut supposer que cela est dû au matérialisme ambiant qui ne veut pas voir les problèmes fondamentaux que pose l'expérience spirituelle.  Je me concentrerai sur l'événement le plus extraordinaire dans le champ de notre expérience,  à savoir l'avènement de chacun de nous en tant qu'être autoconscient unique.  C'est un miracle à tout jamais au-delà des possibilités d'explication de la science ."  On pourrait rajouter cette phrase de David Lack tiré du livre " Evolutionary Theory and Christian Belief " (1961) : " La science n'a pas pu expliquer la moralité, la vérité, la beauté, la responsabilité individuelle ou la conscience de soi...  Autrement dit une partie de l'expérience humaine échappe à la science. "

 

Réponse (par cepheides)

 

     Bonjour Didi et merci pour ta longue et intéressante intervention.  Dans la première partie de ce que tu expliques  (le chien qui apprend à différer ses besoins),  il me semble que tu fais allusion à ce que les éthologues appellent le conditionnement,  conditionnement qui existe également chez l'Homme  :  je pense,  par exemple,  au conditionnement social  (entre autres)  qui nous permet de nous insérer convenablement dans une société,  et donc d'être « supportable » par les autres  (l'inverse étant,  bien entendu,  tout aussi vrai). Sais-tu qu'il s'agit là d'un item extrêmement fort  :  dans la maladie d'Alzheimer,  lorsque le sujet a tout perdu et cela jusqu'à son identité propre,  il lui reste encore des automatismes sociaux qui lui permettent de répondre à des sollicitations d'ordre social du type  « Comment allez-vous »  et il répond « très bien et vous »  alors qu'il est par ailleurs incapable de verbaliser la moindre de ses actions...  Ce que tu évoques ensuite relève de l'esprit  -  et donc de l'intelligence  -  humain qui nous permet effectivement d'entrevoir autre chose que la seule action immédiate,  l'animalité si tu préfères.  C'est ainsi que cette accession à la conscience nous sert à nous situer dans le monde,  à nous permettre d'abstraire, de penser, de raisonner.  Jusqu'à quel niveau existe-t-il ici une  « liberté »  ?  C'est ce dont discutent les philosophes depuis des siècles.  Nous sommes toutefois loin de la notion d'âme qui,  dans le sujet du blog et je l'ai bien précisé,  ne saurait se confondre avec l'esprit,  la conscience,  etc.  J'évoquais plutôt l'âme en tant qu'élément survivant à l'homme  -  et donc extérieur à lui  -  comme on le décline dans les religions.  Croire que  « quelque chose » d'immatériel nous représentant puisse survivre à la disparition de la matière qui nous compose (y compris à notre cerveau et à son fonctionnement) relève certainement de la foi  :  nous sommes alors loin de la biologie et de l'observation du vivant telle qu'elle nous est accessible...

 

 

Article : étoiles doubles et systèmes multiples

 

Sujet : nature de la science en général et de la médecine en particulier 

 

Nota : cette série de commentaires a été publiée en annexe de l’article d’astronomie citée en référence mais elle concerne effectivement la médecine : on trouvera des compléments en commentaires de l’article cité car une saisie in extenso aurait été trop longue

 

.Le 20 mars 2008 (par Baudouin Labrique)

 

     Vous dites « la Science n'a pas d'a priori ».  Incroyable une telle assertion du moins pour ce qui concerne la science dans sa partie matérialiste et rationaliste et tournée vers la passé alors que fleurissent à profusion des avances déterminantes de scientifiques innovants qui,  en respect des découvertes incontestées à ce jour de la Physique Quantique,  intègrent  (enfin)  matière et immatière (et donc psychisme).  Voici ce qu'écrivait,  en effet,  feu le Pr Paul Feyerabend,  professeur de philosophie des Sciences à Berkeley :  « L'idée que la science peut,  et doit,  être organisée selon des règles fixes et universelles est à la fois utopique et pernicieuse.  Elle est utopique car elle implique une conception trop simple des aptitudes de l'homme et des circonstances qui encouragent,  ou causent,  leur développement.  Et elle est pernicieuse en ce que la tentative d'imposer de telles règles ne peut manquer de n'augmenter nos qualifications professionnelles qu'aux dépens de notre humanité. En outre, une telle idée est préjudiciable à la science car elle néglige les conditions physiques et historiques complexes qui influencent en réalité le changement scientifique.  Elle rend notre science moins facilement adaptable et plus dogmatique  :  chaque règle méthodologique étant associée à des hypothèses cosmologiques,  l'usage de l'une nous fait considérer la justesse des autres comme allant de soi. »   « Le falsificationisme naïf » tient ainsi pour acquis que les lois de la nature sont manifestes,  et non pas cachées sous des perturbations d'une ampleur considérable ;  l'empirisme,  que l'expérience des sens est un miroir du monde plus fidèle que la pensée pure ;  le rationalisme,  enfin,  que les artifices de la raison donnent de meilleurs résultats que le libre jeu des émotions ». «  La science est beaucoup plus proche du mythe qu'une philosophie scientifique n'est prête à l'admettre.  C'est une des nombreuses formes de pensée qui ont été développées par l'homme, mais pas forcément la meilleure (...) » . « La science [matérialiste et rationaliste]  est la plus récente,  la plus agressive et la plus dogmatique des institutions religieuses. » Pr Paul Feyerabend.

 

      « La connaissance isolée, obtenue par un groupe de spécialistes dans un champ étroit n’a en soit aucune valeur,  mais seulement si elle est associée,  synthétisée avec les autres connaissances.  Son apport varie selon sa contribution a la question ».  (« Qui sommes nous ? » de Erwin Schrödinger, un des pères de la Mécanique Quantique).
     Au vu des échecs de la science médicale,  il faut résolument et d'une manière responsable se poser les bonnes questions comme celles que se pose Jean-Jacques Crèvecoeur :  « Pourquoi la médecine est-elle dans une impasse  ?  Au début des années 1980,  mes conversations privées avec des collègues chercheurs dans le domaine de la médecine et de la biologie m’avaient déjà mis la puce à l’oreille.  « En médecine, nous sommes dans une impasse. Nous le savons depuis quelques années, et nous ne savons pas dans quel sens orienter nos recherches. »  Ces propos concernaient l’ensemble de la recherche médicale,  et pas un seul petit secteur isolé,  malheureusement.  Ces confidences  « off record »,  personne n’osait les faire en public,  ni dans les congrès scientifiques,  de peur de se voir immédiatement privé des subventions indispensables pour poursuivre les travaux du laboratoire. »  « Le langage de la guérison  :  histoire d’une révolution scientifique dans le domaine de la médecine ».  « Les «épidémies » ne frappent que des gens ou des animaux fragilisés et s’arrêtent spontanément sans la moindre intervention médicale. D’autant mieux, d’ailleurs, qu’il n’y a pas d’intervention médicale.  Les autorités,  conseillées par des «experts »  (ces savants de l’ignorance selon la revue Marianne)  continuent à nous imposer les vaccinations   acte anti-scientifique s’il en est   faisant preuve de l’inculture et de l’irresponsabilité du corps médical qui,  depuis Pasteur,  répète sans jamais les remettre en question des dogmes éculés,  depuis longtemps rejetés par nos voisins européens par le danger qu’ils représentent  ! » Pr Jacqueline BOUSQUET (Plus de détails concernant le rôle réel et pas intrinsèquement négatif des microbes).  « les méthodes orthodoxes basées sur les doctrines classiques de l'épidémiologie,  l'immunologie,  la chimiothérapie ne suffisent pas pour traiter les maladies endogènes.  Il est besoin de développer des procédés pour rétablir un équilibre entre l'hôte et le parasite. » 
Sarah Bosely, The Guardian, 3 mai 2000. 
On a beau jeu alors de détourner l'attention sur des approches non conventionnelles ce qui est renforcé par les médias asservis à la pensée dominante.  Je défie quiconque de pouvoir faire une liste dépassant la centaine de personnes qui en un an seraient avérées être décédées à cause des traitements non conventionnels  !  En revanche,  il est dès lors important de se (re)poser la question  « Où sont les [vrais] charlatans ? »  comme le fait le site « Innovation-Santé »...  et comme déjà mentionné,  résolument se pencher sur les raisons pour lesquelles les traitements médicaux constituent la 2ème cause de mortalité...  Sinon c'est (encore) se tromper de cible.  Du côté des pratiques conventionnelles,  il y a donc des dérives iatrogènes et mortifères sans commune mesure à tout ce qui pourrait être reproché dans le chef de la pratique non conventionnelle de la santé dont la psychothérapie et qui est diabolisée et dénoncée  tendancieusement comme générant des dérives de type sectaire.
     Saint Augustin disait déjà que  « Les miracles ne violent pas les lois de la nature, mais le PEU que nous en savons ».  Grâce à la psychobiologie doublée d'une psychothérapie efficace,  des milliers de patients se guérissent ; cependant de telles guérisons faisant désordre dans le paysage médiatique asservi à la pensée unique lobbyisée,  elles n'y ont donc pas mérité une juste diffusion et la mauvaise foi prévalant fait dire à certains qu'il faut trouver dans une erreur de diagnostic  (!)  la survenance de prétendues  (à leurs yeux) guérisons,  mais en fait c'est parce qu'elles échappent à leur entendement matérialiste et rationaliste,  voire contrarient leurs intérêts financiers (moindre recours à des médications)  !
     « Celui qui base ou croit baser sa conduite  -  interne ou externe, de sentiment ou d'action  -  sur un dogme ou un principe théorique qu'il estime indiscutable, court le risque de devenir un fanatique. »  (Miguel de Unamuno / 1864-1936 / Le sentiment tragique de la vie).

 

 

 

 

 

Réponse (par cepheides)

     Je vous remercie de votre longue et très intéressante intervention qui demande plusieurs réponses d'ordre différent.  Tout d'abord  - et je le maintiens -  je pense que la Science n'a pas d'a priori ou,  du moins,  ne devrait pas en avoir pour peu qu'elle soit menée par des chercheurs honnêtes.  En effet,  c'est un des rares domaines de l'activité humaine où il est possible de se corriger en fonction des éléments nouveaux amenés par l'observation ou l'expérimentation.  On le voit tout au long de l'Histoire  :  des hypothèses sont abandonnées,  des théories sont revues,  corrigées,  transformées au fur et à mesure de l'avancée de nos connaissances.  En science,  il n'y a pas de certitude qui ne puisse être remise en question.  Le réexamen des données est constant ce qui permet d'avancer avec quelque vraisemblance de résultat...  C'est précisément en cela que la Science est à l'opposé d'une attitude religieuse fondée sur des dogmes inamovibles.  En science,  jamais d'affirmations gratuites et "tombées du ciel" mais le plus souvent des probabilités  !  Il n'en reste pas moins que depuis que l'Homme se penche sur son environnement,  il existe  -  heureusement  -  quelques certitudes  :  la Terre n'est pas plate,  le Soleil est une étoile banale comme les autres,  les galaxies sont effectivement extérieures à la Voie lactée, etc.  Qu'il reste énormément d'inconnu n'est nié par personne et c'est précisément cette approche qui nous permet de ne jamais considérer comme définitifs une observation, un résultat,  si évidents soient-ils.  La méthode expérimentale de Claude Bernard reste encore le meilleur moyen explicatif de notre univers...
    Vous nous dîtes ensuite que « la médecine est dans une impasse ».  Le médecin que je suis,  confronté chaque jour aux malades et à la maladie,  ne peut que s'insurger contre une telle affirmation.  Peut-on raisonnablement avancer que l'on soigne moins bien aujourd'hui qu'il y a,  disons,  une centaine d'années  ?  Ce serait une absurdité et les statistiques de longévité accrue de nos contemporains sont là pour nous le dire.  Alors, évidemment,  affirmer qu'il reste bien des éléments de pathologie hors de notre portée est évident ;  c'est même un truisme.  Quoi qu'il en soit,  persévérer dans la connaissance des mécanismes intimes des affections  -  et leur traitement  -  est à l'évidence le seul chemin.  Je me souviens,  par exemple,  lorsque j'ai débuté il y a quelques décennies,  du drame quasi automatique que représentaient les cancers du sein  :  porter le diagnostic il y a quarante ans,  c'était expliquer à la malade qu'elle était perdue.  Aujourd'hui,  heureusement,  80% de ces cancers sont guéris par la médecine et ce,  avec de moins en moins de séquelles.  Il s'agit là d'un exemple parmi des milliers d'autres...  On trouvera toujours ici et là de bonnes âmes pour expliquer que cela ne va pas assez vite ou qu'on se fourvoie de temps à autre mais l'essentiel reste que la médecine a formidablement progressé,  qu'elle continue de le faire et que c'est tant mieux pour le bien de tous.
     Quant aux vaccinations "acte antiscientifique",  je pense que c'est faire peu de cas des avancées considérables que cette technique a permises  :  la variole n'est-elle pas éradiquée aujourd'hui,  comme nombre de maladies du genre  ?  (je repense aux "épidémies" de polio qui terrorisaient tant ma mère lorsque j'étais enfant).  La vaccination antigrippale ne permet-elle pas chaque année d'épargner bien des vies,  notamment chez les plus fragiles  ?  Je suis d'ailleurs frappé par le fait que les opposants aux vaccinations relèvent toujours d'une approche non scientifique,  qu'elles sont souvent le fait de gens qui raisonnent en fonction de leurs  « certitudes »  personnelles sans jamais s'en référer aux chiffres et cette attitude là,  oui,  c'est vrai,  elle est antiscientifique  :  n'inversons pas les rôles  !  Ailleurs,  certaines sectes s'opposent à toute transfusion sanguine au nom d'un obscurantisme jamais remis en cause  :  qui est antiscientifique ici  ?  Et il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres.
     Enfin,  vous citez la psychobiologie,  terre encore bien mal déchiffrée  :  il est vraisemblable que certains malades sont améliorés par des thérapies peu conventionnelles mais la médecine  « traditionnelle »  ne remet pas en cause ces résultats.  Elle se contente de prendre acte en sachant que,  tôt ou tard,  l'explication physicochimique sous jacente sera décryptée...  sans compter la considérable importance de l'effet placebo,  si difficile à évaluer.
Vous comprenez donc que je ne partage pas vraiment votre approche mais,  et c'est pour cela que je pense ce blog utile,  je suis heureux que nous puissions ainsi débattre de tels sujets.  Vous serez toujours le bienvenu ici  :  aux lecteurs de se faire une idée...
P. S.  :  en relisant attentivement votre intervention,  je m'aperçois que vous opposez matière et psychisme  (que vous appelez immatière)  ce qui m'avait échappé  !  Évidemment,  nous ne risquons pas de nous comprendre puisque je suis quant à moi persuadé que tout est matière  (pensée, mémoire, etc.)  et que je ne crois définitivement pas à l'âme.  Je suis persuadé que ce que l'on appelle psychisme est en fait schémas et connexions neuronales baignant dans des catécholamines cérébrales,  le tout étant modulé tant par l'hérédité que par l'apprentissage  (culturel ou autre).  C'est la raison pour laquelle,  un jour ou l'autre,  je pense que la science arrivera à très bien explorer  (et surtout expliquer le fonctionnement,  donc réparer si besoin)  nos pauvres enveloppes corporelles d'animaux dits supérieurs.

 

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Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine



     Pour le trentième article du blog, il me paraît judicieux de revenir sur les commentaires les plus intéressants parus au fil des jours.  Au delà de la simple information, quelquefois passé inaperçue,  ils pourront peut-être permettre d'approfondir certaines idées... Aujourd'hui : médecine et biologie.

Bonne lecture.

 

 

 

 

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                     (photo : www.comitesectorieltextile.qc.ca)



 

Article : l’homéopathie


 

Sujet : balnéothérapie

 

Le 19 février 2008 (par plume)

     Je ne suis pas d'accord avec toi quand tu mets la balnéothérapie dans les médecines douces... Je suis kiné, et la balnéothérapie est une méthode de rééducation très efficace, et je ne la classifierais pas de "médecine douce", surtout avec la définition des médecines douces que tu donnes. D'autre part, et dans un contexte très personnel, mon père est lui aussi médecin, et... paraplégique... Il a eu droit à un long séjour à Garches, puis à de très nombreuses séances de kiné, dont la plupart en piscine. C'est grâce à ces séances qu'il a pu marcher (avec cannes) durant de très nombreuses années... Maintenant, avec l'âge, c'est sûr que c'est fauteuil.... Mais il a eu son accident à 31 ans, et il a marché pendant plus de 40 ans... Alors, la balnéo, sensée soigner? Je dis oui !!! Guérir, non, mais soigner, oui !! Et d'ailleurs, la médecine traditionnelle guérit-elle tout ? Est ce que tu ne ferais pas l'amalgame entre thalassothérapie et balnéothérapie ???

 

Réponse (par cepheides)

     Loin de moi l'idée de prétendre que la balnéothérapie n'est pas susceptible d'améliorer l'état de certains malades ! Je pense que, comme toujours, lorsqu'on veut situer un problème, on est forcément réducteur et c'est sans doute ce que j'ai été dans l'introduction de mon sujet. Ce que je voulais dire, c'est que certaines techniques sont parfois utilisées à contre-emploi : la balnéothérapie est l'une d'entre elles. Quand la bonne indication est posée (le cas de ton père, par exemple), la méthode est très utile, voire même indispensable. En revanche, j'ai été confronté à certains cas où elle était illusoire : je pense à l'un de mes malades que l'on avait convaincu d'abandonner la chimiothérapie pour son cancer du colon afin de la remplacer par diverses approches, dont la balnéothérapie. Il s'agit en pareil cas d'un abus manifeste qui ne remet pas en cause l'intérêt de la méthode mais la qualité de la prescription. L'homéopathie - dont je critique dans cet article l'absence de preuves thérapeutiques tangibles - peut avoir son intérêt dans certaines situations (effet placébo) et il m'arrive de la conseiller à quelques uns de mes patients. La balnéothérapie, elle, a plus qu'un effet placébo puisqu'elle permet la rééducation de certaines pathologies, j'en suis bien d'accord. D'où la nécessité d'une bonne indication. Cela dit, je comprends qu'une confusion puisse se faire et je me propose de préciser mon texte en ajoutant "toutes à risque quand elles sont utilisées hors de leurs possibilités". Quant à la médecine dite traditionnelle, on sait bien que nombre d'affections sont hors d'atteinte pour elle mais il s'agit là d'un autre problème.

 

Réponse (par plume)

     Vu sous cet angle, je suis d'accord... C'est vrai qu'il y a des dérives... Et c'est vrai aussi que des charlatans proposent des méthodes qui entraînent ces dérives, voire même le décès de patients... Il y a encore eu, il y a peu, un reportage sur un magnétiseur ou je ne sais quoi qui a incité une dame atteinte d'un cancer de ne suivre que ses séances, en abandonnant tout traitement...  Elle en est décédée... Mais ça n'empêche pas les gens d'aller le voir, et même d'y retourner... Et ce mec ne peut pas être poursuivi.... Grrrr !!!! Mais ceci est un autre débat, effectivement...  Nous, on a les esthéticiennes qui font des massages...  Sachant que le massage n'est pas toujours indiqué... Excuse mon coup de gueule... Je suis comme ça... Un peu impulsive... Mais là, ça a touché un point sensible...

 

Sujet : intérêt de l’homéopathie

 

Le 15 février 2008 (par amazinghorse21)

     Que dire de plus , sinon que pour mon cas perso,  j'ai été souvent soigné par des traitements homéopathiques sur des cas grippaux,  et l'efficacité s'est révélée rapide. Je pense que le cas du patient sain (qui ne fume pas, ne boit pas et a une vie bien réglée )  permet à ce type de médecine de réussir. Même si les doses infinitésimales semblent être obsolètes aux yeux de praticiens classiques,  chaque organisme est différent et la réaction favorable à ces granules, semble être une preuve que la médecine ne doit pas uniquement se diriger sur du traitement médicamenteux standard …

 

Réponse (par cepheides)

     Comme je l'ai signalé dans le sujet, le problème de l'homéopathie est son évaluation qui semble difficile. Pour ma part, j'ai déjà expliqué dans un post précédent qu'il m'arrivait de recommander cette méthode à certains de mes patients (je suis médecin) à la condition que le cas visé ne soit pas trop grave : ce qui compte avant tout, c'est que les malades soient satisfaits et certains le sont indéniablement. Il n'empêche que l'on n'arrive pas à savoir comment fonctionne cette approche thérapeutique, ce qui est ennuyeux à une époque où tous les médicaments sont hypercontrôlés tant du point de vue de leur mode d'action que de celui de leurs éventuels effets secondaires. Peut-être arriverons-nous un jour à satisfaire tous les intervenants en proposant une évaluation fiable et acceptée par tous...

 

Article : cellules souches

Sujet : clonage humain

 

le 14 novembre 2007 (par carême-prenant)

     Intéressant et surtout porteur d'interrogations. Je lisais l'autre jour les résultats d'un sondage organisé par un site (l'Internaute) qui avait demandé à ses lecteurs s'ils étaient effrayés par le clonage de l'être humain et j'ai été surpris : près de 50% des gens disaient que ça ferait avancer la science et près de 20% d'autres qu'ils n'étaient pas du tout hostile au clonage humain. Si je calcule bien, cela fait près de 70% des gens qui pensent que le recours au clonage se défend si on en tire bénéfice.  Bon, je sais qu'il s'agit d'un sondage "gadget" qui n'a pas la rigueur des professionnels mais quand même sur près de 3000 votants.  Alors, peut-être est-ce le moment de dépoussiérer nos conceptions éthiques, surtout à un moment où,  dans le monde occidental,  les religions reculent enfin  (parce qu'on ne me fera pas croire que les Évangélistes et consorts...). Qu'en pensez-vous ?


Réponse (par cepheides) 

     Je pense comme vous qu'il est peut-être possible  (en tout cas dans le monde occidental)  de dépasser les interdits religieux et/ou philosophiques sur les questions touchant à l'avenir de l'Homme.  Il est vrai que tout ce qui concerne la fécondation in vitro et la recherche génétique a pour certains de nos contemporains des "relents de soufre" et il faudra bien expliquer les avantages pour la médecine  (et donc pour l'humanité)  à poursuivre et amplifier les travaux dans ce domaine.  Mais, de la même manière qu'il ne faut certainement pas sacrifier l'avenir de notre planète aux intérêts particuliers de certains  (je pense aux problèmes énergétiques),  il ne faut pas non plus permettre n'importe quoi dans le domaine des cellules-souches et du clonage  (je pense d'ailleurs plus aux intérêts mercantiles de certaines sociétés de recherche qu'aux risques réels de dérapage).  Il existe certainement un consensus dans la communauté scientifique sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire  :  le problème est que les intérêts politiques des uns et des autres sont trop souvent présents en première ligne.  Pour résumer  :  avoir l'esprit ouvert mais rester vigilant !

 

Sujet : ravages potentiels de la grippe aviaire « modifiée »

 

Le 8 mars 2008 (par Henri L.)

     J'aimerais savoir si on a une estimation du nombre de victimes que pourrait entraîner une épidémie par la grippe aviaire "modifiée" pour l'homme.  J'imagine que, puisque un plan d'action semble entrepris par les pouvoirs publics  (c'est ce que vous nous dîtes),  ces chiffres ont dû être étudiés...

 

Réponse (par cepheides)
     Difficile de répondre à votre question car le nombre potentiel des victimes dépend de la virulence de la souche responsable.  En tout état de cause,  il risque d'être élevé,  un peu comme pour la grippe espagnole de 1918,  l'augmentation considérable des mouvements de population actuels étant un facteur aggravant. Pour la France seule,  on estime généralement que,  avant qu'un vaccin efficace ne soit disponible,  des millions de personnes seraient touchées dont environ 300 000 pourraient mourir de l'épidémie.  Il ne s'agit que d'une estimation,  plutôt basse qui plus est.  En fait, ce serait un véritable cataclysme  (qu'on se souvienne de l'émoi causé par la surmortalité due à la canicule de 2003 qui ne touchait qu'une seule tranche d'âge).  Les mesures d'isolement prévues seraient  (j'emploie le conditionnel car on ne sait pas grand chose)  à la hauteur de l'événement  :  arrêt des transports en commun,  fermeture de tous les lieux publics comme cinémas,  restaurants voire écoles,  grandes surfaces d'alimentation,  etc.  Espérons que nous ne seront pas obligés d'en venir la !

 

 

Sujet : menace du choléra

 

Le 10 mars 2008 (par carême-prenant)

     Tu ne nous parles jamais du choléra qui reste présent dans une partie du monde.   N'est-ce pas aussi une menace ?

 

Réponse (par cepheides)

     Le choléra est certainement encore une menace,  surtout dans le tiers-monde, mais il s'agit d'une affection à souches bactériennes  (le vibrion cholérique)  contre lesquelles,  comme je le précise dans l'article,  nous sommes relativement mieux armés.  Il existe d'ailleurs toute une panoplie de bactéries susceptibles d'entraîner des épidémies,  surtout en milieu défavorisé,  mais en dresser une liste plus ou moins exhaustive n'apporte rien de plus.  Le problème vient certainement des virus contre lesquels nous ne possédons pas vraiment de molécules immédiatement efficaces  (le vaccin, oui, mais il faut le faire)  et on découvre de nouveaux virus presque chaque jour...

  


Sujet : origine humaine des nouvelles pandémies virales ?
 

Le 11 mars 2008 (par serge)

     Bien souvent,  l'ayant vu dans des fictions,  on se pose la question de savoir si les virus nouveaux ne sont pas issus de recherches laborantines;  et si quelquefois ils ne seraient pas répandus afin de déstabiliser le monde. Les lobbies pharmaceutiques auraient alors un intérêt financier inévitable.
Je vois actuellement le problème avec la vaccination des bovins de ma région qui sont sujets à la maladie de la langue bleue. Ca va rapporter un sacré capital à ceux qui fabriquent les doses.

 

Réponse (par cepheides)

     Pour ma part  (j'ai travaillé plus de 15 ans dans l'industrie pharmaceutique),  je ne crois pas que les labos aient intérêt à provoquer des maladies qui se révéleraient vite incontrôlables  :  ce domaine est particulièrement surveillé par les Pouvoirs publics et,  de plus,  les centres de recherche des labos s'occupent de trouver de nouveaux médicaments ce qui est une toute autre affaire.  Peut-on imaginer qu'une souche étudiée dans un centre de recherche  (de l'industrie ou non)  puisse "s'échapper" ?  Le risque zéro n'existant pas,  c'est toujours possible mais très peu vraisemblable  :  il faut voir les précautions prises pour les études en ce domaine, études d'ailleurs fortement encadrées.  A mon sens, le risque est à peu près le même que celui de voir le cœur d'une centrale nucléaire entrer en fusion,  c'est à dire voisin de zéro (en tout cas, dans les pays développés).

     Quant à la thèse de la "conspiration" avec diffusion d'un virus pour détruire telle ou telle structure ennemie,  je n'y crois pas du tout  :  les éventuels apprentis sorciers savent bien que le retour de flamme serait pour eux  (il y a ici une dissuasion identique à celle du feu nucléaire).  Un groupe terroriste fanatique ?  Il en aurait peut-être l'envie mais certainement pas les moyens.  Je pense que cette thèse provient des premiers temps du SIDA où on avait accusé je ne sais quelle officine secrète américaine  (CIA ? NSA ?)  de l'avoir fabriqué,  peut-être par accident,  mais on sait aujourd'hui qu'il s'agissait d'une désinformation émanant du KGB de l'époque.  Je crois, quant à moi, que la Nature a suffisamment de ressources en ce domaine sans avoir besoin de notre aide...

 

 

Sujet : précautions à prendre dans le cas d'épidémie de grippe "modifiée" ?


Le 13 mars 2008 (par didi)

     Je vais poser une question très délicate mais quelles mesures devrait-on prendre si le nombre de personnes infectées par des virus,  qui se propagent très facilement (tel que la peste pulmonaire),  dépassait la possibilités de quarantaine ?

 

Réponse (par cepheides)

     Votre question est effectivement délicate car j'ai bien peur qu'il n' y ait pas vraiment de parade en l'absence de vaccin...  à moins de décider de vivre dans l'isolement le plus total, sans contact aucun avec les autres...  La maladie se transmettant par voie aérienne,  les premiers gestes à faire sont  1. de se laver les mains le plus souvent possible,  surtout après contact avec les autres,  et  2. de porter un masque en permanence.  Seulement voilà  :  on ne peut pas porter un masque tout le temps chez soi  (de plus, il faut en changer souvent)  et il suffit qu'un membre de la famille....  Dès les premiers symptômes  - à moins que ce ne soit initié par les autorités en cas de localisation épidémique -  il faut se protéger  (?)  en prenant les antiviraux de type Tamiflu auxquels je fais allusion dans l'article.  L'isolement des porteurs n'est possible que dans un premier temps,  quand l'épidémie est encore sous contrôle  :  cela ne fait que reculer l'échéance mais c'est déjà ça de gagner dans l'attente du vaccin !  Ensuite,  les mesures d'éviction ne peuvent que comprendre les lieux à risque comme les transports en commun,  les lieux de réunion et,  d'une manière générale,  tous les endroits où les foules se réunissent et il y en a beaucoup !  On prétend que le "plan rouge" du gouvernement comprend la fermeture des écoles,  des lieux de loisirs,  des restaurants,  des grandes surfaces,  etc.  Bref,  une certaine sécurité au dépens d'un quasi arrêt de la vie économique.  Est-ce vraiment réalisable ?  J'ajoute que,  en haut lieu,  la menace est prise avec suffisamment de sérieux pour que,  par exemple,  en tant que médecin,  on m'ait demandé de cotiser pour une caisse spéciale destinée à venir en aide...  aux familles de médecins morts de l'épidémie en soignant les gens  :  ce n'est pas rassurant !  Avant le vaccin,  l'épidémie risque de faire plusieurs centaines de milliers de morts rien qu'en France et des dizaines de millions sur l'ensemble du globe  :  pourvu que la maladie ne se déclare pas !



Sujet : transmission des infections par l'eau
 

Le 14 mars 2008 (par O.D.)

     Il semble que l'eau comme agent transmissible soit oublié, tant pour la transmission passée ou actuelle des germes.  Il y a quelques milliers d'années les civilisations se sont installées près des grands fleuves comme l'Indus ou le Nil.  Il est évident que tout germe dans l'eau en amont était transmis en aval.
Aujourd'hui on distingue deux sortes de pays,  ceux comme le notre où on peut boire l'eau du robinet et ceux où ce n'est pas possible. Dans cette deuxième catégorie,  quand l'eau est rare,  il y a un véritable bouillon de culture. Il y a lieu de rappeler que les germes se reproduisent beaucoup plus rapidement que les animaux avec donc des possibilités plus grandes ou plus rapides d'évolution et donc de mutations,  ce qui explique l'apparition de maladies nouvelles.
    Il faut en outre signaler que en contrepartie de l'apparition de maladies nouvelles certaines ont disparu,  comme la variole grâce aux efforts de vaccination et de prophylaxie.

 

Réponse (par cepheides)

     Vos remarques sont tout à fait pertinentes.  J'ai expliqué que le point de départ de ces pathologies infectieuses étaient probablement des zoonoses mais il va de soi que l'eau est un excellent vecteur de transmission d'où les épidémies qui s'ensuivent,  avec ou sans mutations.  Vous faites bien de rappeler que certaines maladies comme la variole ont été totalement éradiquées  :  le problème ici est la diffusion  - et l'impact -  d'une nouvelle infection virale AVANT que n'existe un vaccin.  Une fois le virus responsable identifié et qu'un vaccin efficace est disponible,  le problème est complètement différent et relativement sous contrôle  (à moins que le virus ne mute comme le VIH ce qui, ici, est peu probable).  Notre problème, ce sont les 3 à 6 mois avant le vaccin...
 



(suite des commentaires sur la médecine et la biologie dans l'article suivant) 

 

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Publié dans : #médecine

 

  

" le vautour", médecin de la peste

 

(Cet article a été écrit avant la pandémie du coronavirus de 2019)

 

 « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant tout armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous, ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. Ils seront méconnus, confondus avec des maladies déjà existantes et ce n’est qu’après une longue période de tâtonnements que l’on dégagera le nouveau type pathologique du tableau des affections déjà classées. » disait prohétiquement en 1933 Charles Nicolle, prix Nobel de médecine.



     Les grandes épidémies peuvent-elles donc revenir et, comme par le passé, menacer l’Humanité ? Voilà une bien angoissante question à laquelle il serait plus qu’urgent de répondre. 

     Rappelons tout d’abord qu’une
épidémie est la propagation d’une maladie infectieuse à l’ensemble de la population de telle façon que son incidence (sa fréquence de survenue) augmente par rapport à la normale qui n’est représentée que par quelques cas épars (on parle alors de cas sporadiques).

     Lorsque cette épidémie s’étend à l’ensemble d’une population sur un ou plusieurs continents, voire même à l’ensemble du globe, on utilise le mot pandémie. Dans le passé, certaines pandémies ont causé énormément de dégâts, mettant parfois en péril des communautés entières. Dans la deuxième partie du XXème siècle, s’appuyant sur la médecine moderne – et ses approches thérapeutiques – on a pensé que les pandémies étaient du domaine de l’Histoire : erreur profonde comme en témoigne, par exemple, la propagation du SIDA à l’ensemble de la planète. On peut donc d’ores et déjà répondre à la question citée en préambule : les grandes épidémies mondiales ne sont pas de retour pour la bonne raison qu’elles ne sont jamais parties… et, oui, c’est vrai, elles peuvent menacer l’équilibre de nos sociétés.

 


au tout début
   

 

     L’Histoire nous enseigne que bien des affections humaines proviennent de maladies animales (appelées zoonoses) et que leur adaptation à l’espèce humaine s’est faite progressivement, au fil des siècles de contact avec les porteurs. Pour cela il a fallu que le germe responsable, essentiellement des virus, se soit adapté en franchissant un obstacle considérable à sa propagation : la barrière interspécifique. Une fois celle-ci franchie, le germe a évolué jusqu’à permettre sa transmission d’un humain à l’autre par voie respiratoire ou sexuelle. Et c’est là qu’il a commencé à poser problème… Une chose, néanmoins, est sûre : ce sont les transformations de son milieu par l’Homme lui-même qui a permis ce phénomène. 


     En effet, dans les temps préhistoriques, les humains ne vivaient qu’en groupes peu importants, de quelques dizaines à quelques centaines d’individus, éparpillés qui plus est sur de vastes étendues, prix à payer pour que le gibier soit accessible. Les épidémies ne pouvaient donc être que familiales ou d’origine animale (affections transmises lors de la chasse).

     Tout change avec la révolution agricole il y a environ 10 000 ans. Les hommes sont alors « fixés » et en contact permanent avec leurs animaux domestiques qui peuvent plus facilement transmettre les zoonoses. Il faut ajouter à cela que les populations, en raison de la meilleure stabilité des ressources alimentaires, se développent progressivement. Un autre élément est à prendre en compte : la facilitation des communications (routes, caravanes, transports maritimes) et, par voie de conséquence, l’accroissement de la taille des cités. Bref, toutes les conditions sont présentes pour permettre une diffusion rapide et généralisée des épidémies. De fait, la grande peste noire de 1347 est là pour prouver les risques à présent encourus par les populations humaines.

 


la grande peste (ou mort noire) de 1347-1350

  

     Connue depuis l’antiquité (et notamment décrite par les Grecs), cette redoutable affection, provoquée par le bacille
yersinia pestis est propagée par le rat qui en est le vecteur principal. Elle est la conséquence de piqures par les puces des rats infectés, de morsures par l’animal malade lui-même voire de la consommation d’animaux atteints (les rongeurs « sauvages » comme les lapins ou les lièvres, et même, dans certains cas extrêmes, les rats, seule nourriture possible lors de longs sièges de villes).

     La mémoire historique retient notamment la « grande peste » de 1347 qui fit des  ravages si considérables que des siècles plus tard on en parlait encore avec crainte. Au XVIème siècle, le médecin Nicolas de Mancel en fit la description suivante : « Or donques la peste est une fièvre continue, aiguë et maligne, provenante d'une certaine corruption de l'air extérieur en un corps prédisposé : laquelle étant prise par contagion se rend par même moyen communicable & contagieuse : résidente aux trois parties nobles ; accompagnée de très mauvais & très dangereux accidents, & tendante de tout son pouvoir, à faire mourir l'homme, voire tout le genre humain. » Cette effroyable maladie se présente sous trois formes, d’ailleurs parfois intriquées : 

     *
la peste bubonique qui est un état infectieux extrême avec présence d’adénopathies - tuméfactions ganglionnaires – appelées à l’époque bubons et aboutissant à la mort en une semaine dans un état de cachexie (voir glossaire) complète. Toutefois, 30% environ des malades survivent, acquérant ainsi une certaine immunité, 

     * la peste
septicémique, complication de l’état précédent lors de l’effondrement du système immunitaire du malade 

    * et la peste
pulmonaire, plus rare mais la plus redoutable puisque la plus contagieuse : chaque expectoration (pus, crachats, postillons) du malade contient le germe. 

     Il faut bien sûr se rappeler que, à cette époque, cette maladie se transmet sans que les hommes ne comprennent comment (on est encore bien loin du siècle pasteurien) si ce n’est qu’il vaut mieux éviter les malades qu’on abandonne très volontiers à la providence divine (d’ailleurs, bien des gens de l’époque pensent qu’il s’agit là d’une malédiction de Dieu). Les armes employées par les quelques soignants sont dérisoires : la prière, le bûcher pour les « hérétiques », la mise à mort de certaines minorités comme les lépreux ou les Juifs accusés de propager la maladie, la
phytothérapie (médecine par les plantes) et l’ingestion de substances animales (bave de crapaud ou d’escargot, venin de vipère, etc.), tout cela avec le succès qu’on imagine…

     Les gens terrorisés se calfeutrent donc chez eux et, le plus souvent, le seul contact qu’ils ont avec des autorités dépassées se fait le soir lorsque les tombereaux municipaux viennent ramasser les morts pour les enfouir subrepticement dans les fosses communes. La maladie s’étend sans que rien ne puisse vraiment l’arrêter et les conséquences de cette diffusion sont, outre les morts qui se comptent par centaines de milliers, le ralentissement de la vie économique, sociale, artistique jusqu’à ce que la peste disparaisse d’elle-même, faute de combattants en quelque sorte (mais elle rebondira deux siècles plus tard dans le Nouveau Monde provoquant l’effondrement démographique des populations indigènes). Aujourd’hui, une simple prise d’antibiotiques est suffisante… car yersinia pestis est une bactérie et non un virus. J’ajoute qu’il existe encore de nos jours quelques foyers épars de peste (Congo, Mozambique, Madagascar) mais cette maladie à déclaration obligatoire est assez facilement contenue. 

     Si j’ai quelque peu insisté sur la peste, c’est pour mieux faire comprendre les ravages d’une telle affection pour peu que les populations atteintes soient démunies face à elle. La
tuberculose, elle aussi, fit des ravages au siècle dernier, notamment dans les populations défavorisées ou les grandes métropoles industrielles. J’ai encore en mémoire toutes les formes de tuberculose (miliaire, Pott, coxalgie, tumeur blanche, etc.) que l’on nous décrivait abondamment en faculté de médecine - des pages de sémiologie aujourd’hui presque oubliées - mais, ici aussi, l’antibiothérapie a fait reculer la maladie jusqu’à presque l’éradiquer (je parle évidemment pour nos pays développés, la maladie restant plus que préoccupante dans le tiers-monde). Or, et c’est là tout notre problème, s’il est (relativement) facile de lutter contre ce type d’atteintes bactériennes, il n’en est pas de même vis à vis des virus, autres vecteurs (ô combien !) de pandémies…

 

 

 

les pandémies virales

 

  
     Les virus, on le sait, ne peuvent pas se traiter par des agents anti-infectieux comme les antibiotiques. Puisque l’on ne dispose pas de moyens directs, on cherche à prévenir le risque soit par des médications supposées ralentir l’affection ou stimuler le système immunitaire, soit par une
vaccination ciblée. Malheureusement, les médicaments ne sont finalement que modérément efficaces et les vaccins doivent être préparés à l’avance, une préparation qui, face à un virus inconnu, demande plusieurs mois (au moins) durant lesquels l’agent pathogène a quartier libre…

 

         
* les aléas de la vie moderne 

     Ce n’est un secret pour personne que, depuis quelques décennies, la communication du monde moderne s’est considérablement accélérée : je pense ici aux moyens de transports et d’échanges qui mettent pour chacun d’entre nous l’autre bout du monde à quelques heures d’avion (ce qui est évidemment également le cas des denrées et marchandises diverses). Même pour quelqu’un d’extrêmement sédentaire, les relations avec le monde extérieur se sont largement développées (lieux de loisirs, grandes surfaces alimentaires, centres commerciaux, réunions sportives, cinémas, etc.) : il est loin le temps où le Français moyen ne quittait son village qu’une seule fois dans sa vie, à l’occasion de son service militaire (pour les hommes !)… Automobiles, transports en commun : le monde bouge… et, avec lui, les germes en tous genres. On n’y peut rien : à moins de vouloir revenir des siècles en arrière, c’est comme ça ! Les virus aiment à se transmettre par contact direct d’un individu à l’autre et justement, des gens, on en rencontre toute la journée. Par exemple, une des épidémies les mieux connues est celle de la
grippe qui, chaque saison hivernale, refait parler d’elle.

 

         
* la grippe  

     Elle est la conséquence de l’infection de l’organisme par un virus (influenzae et/ou para-influenzae) qui entraîne – on l’a tous constaté un jour – fièvre, frissons, maux de tête et, d’une manière générale, un malaise intense qui nous confine au lit deux ou trois jours. La maladie, sauf cas exceptionnels, entraîne peu de conséquences pour peu que l’on n’appartienne pas aux tranches extrêmes de la population – enfants et personnes âgées – pour lesquelles, justement est mis au point chaque année un vaccin (pour nos régions de l’hémisphère nord, ces vaccins sont synthétisés durant la saison chaude… pendant que l’hémisphère sud se fait vacciner). Pas de mystère : les scientifiques savent à peu près comment va muter le virus et peuvent donc programmer l’immunisation.

     Pour ma part, au delà des deux âges extrêmes, le médecin que je suis ne saurait trop encourager tout le monde à se faire vacciner : c’est certainement le meilleur moyen de protéger doublement les personnes fragiles en empêchant directement la propagation de la maladie. En somme, si on s’en préoccupe suffisamment, la grippe ne devrait plus être un problème trop grave car, grâce à la vaccination, on est loin des cinquante millions de morts de la grippe espagnole H1N1 de 1918-1919… Oui mais pour les autres affections virales, ce n’est pas aussi simple.

     Pour conclure ce bref rappel sur les virus grippaux, il semble impossible de ne pas évoquer celui de la grippe A (H1N1) dont on parle tant en cette fin d'année 2009. Assez semblable dans ses effets à son cousin de la grippe habituelle (dite "saisonnière"), il ne se fait remarquer que parce que la population ne l'ayant encore jamais rencontré, cette dernière est actuellement sans défense contre lui mais aussi parce qu'il touche préférentiellement les personnes jeunes (moins de 30 ans), notamment celles qui sont fragilisées et les femmes enceintes. On trouvera plus d'informations sur cette nouvelle forme de pandémie grippale dans trois sujets qui lui sont exclusivement consacrés, à savoir : grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités, ainsi que : le vaccin de la grippe A (H1N1) et retour sur la grippe A.

 

       
 * les affections virales à (gros) problèmes 

     La plus grande épidémie actuelle est celle du SIDA et elle en passe de devenir au fil des ans la plus grande pandémie de tous les temps. La transmission, essentiellement sexuelle, lui permet d’évoluer assez lentement mais inexorablement. Le problème : le virus mute en permanence et rend très difficile la réalisation d’un vaccin actif (certains scientifiques pensent même qu’un vaccin est impossible mais je ne veux pas croire à une telle éventualité). Les trithérapies ont un peu amélioré le pronostic des malades mais, outre que ce traitement n’est pas curatif, il ne concerne pas les pays en voie de développement pour des raisons essentiellement économiques. 

     D’autres affections virales sont redoutables et plus ou moins bien connues :
l’encéphalopathie spongiforme bovine qui défraya, il y a quelques années, la chronique sous le nom de maladie de la vache folle avec ses redoutables retombées économiques ; le SRAS ou syndrome respiratoire aigu sévère, enrayé à présent semble-t-il (mais pour combien de temps ?); la maladie de Creutzfeld-Jacob qui, dernièrement encore, faisait parler d’elle dans les médias à propos de l’hormone de croissance ; le chikungunya, la dengue, la fièvre jaune, le virus Ébola, le virus du Nil occidental, l’encéphalite japonaise, etc. et combien de maladies encore inconnues parce que à l’état latent ou non encore reconnues par nos systèmes de dépistage, ces derniers n’étant véritablement efficaces (?) qu’en Europe et en Amérique du nord ? Et puis il y a la grippe aviaire…

 

         
* la grippe aviaire 

     Voilà une maladie virale qui demande à être discutée à part. Bien sûr, à première vue, il ne s’agit que d’une maladie touchant les oiseaux et, accessoirement, quelques humains ayant été trop en contact avec eux (les paysans asiatiques, par exemple, qui dorment à côté de leurs volailles). Ce serait une erreur très grave de ne pas prendre le risque au sérieux (et, de fait, les scientifiques sont très vigilants). Le virus en cause est le
H5N1 (la grippe espagnole était le H1N1) et ne touche en principe et comme on l’a déjà dit que les oiseaux, d’où son nom.

     Le virus ne peut donc pas passer la barrière interspécifique et se transmettre à l’homme. Bien. On est presque rassuré. Dans un premier temps. Car la grande peur des scientifiques du monde entier est que, à l’occasion d’une épidémie de grippe banale, il y ait mutation du virus en une sorte de « recombinaison » des deux virus : le nouveau virus pourrait alors avoir la virulence du H5N1 de la grippe aviaire et la contagiosité (pulmonaire) du virus de la grippe humaine puisqu’il pourrait alors passer cette fameuse barrière interspécifique. Ce serait une catastrophe. Bien sûr, un vaccin pourrait probablement être synthétisé mais, comme je le disais plus haut, il faut entre trois à six mois pour cela : le temps suffisant pour infecter des dizaines, voire des centaines de millions de personnes. Or, je le répète, la virulence du virus risque d’être maximale…

     Comme beaucoup de scientifiques nous disent : « il ne s’agit pas de savoir si le virus de la grippe aviaire va muter mais quand… », il est légitime d’être inquiet et de chercher à prendre un maximum de précautions. Quelles sont-elles ? Secret défense. On sait seulement que l’État – en tout cas en France – stocke des millions de boîtes d’un agent antiviral bien connu et des centaines de millions de masques. Il a par ailleurs été dressé une liste rouge des décisions à prendre en cas d’épidémie, notamment sur les fermetures de lieux publics, mais on n’en sait pas plus. Quoi qu’il en soit, il ne reste qu’à souhaiter (on en revient aux prières des pestiférés de 1347 !) que l’éventualité ne se présentera pas ou dans bien longtemps lorsque nous maitriserons mieux ce type d’affections.

  
     Les pandémies qu’il y a peu on croyait jetées aux oubliettes de l’histoire de la santé mondiale n’ont jamais été aussi présentes en raison de la structure même de nos sociétés. Rien ne plaît autant à ces maladies que le mouvement et le contact entre un maximum de gens en un minimum de temps : certaines peuvent alors se transmettre à la vitesse de l’éclair et causer d’abominables dégâts avant même que nous ayons eu le temps de réagir. C’est la raison pour laquelle il convient de garder ce danger potentiel dans un coin de notre cerveau. Peut-être rien ne se passera-t-il jamais mais si, par malheur, l’éventualité se concrétisait, il conviendrait de s’en remettre aux décisions des autorités sanitaires, seul moyen de limiter les dégâts car, en pareil cas, « jouer perso », c’est la mort assurée.

 

 

 

 

Glossaire

 
     *
cachexie : la cachexie est un affaiblissement profond de l’organisme (perte de poids, atrophie musculaire, etc.), lié à une dénutrition très importante. La cachexie n'est pas une maladie en elle-même, mais le symptôme d'une autre. Elle peut provenir d'une anorexie (même chez une personne dont la perte de poids n'est pas volontaire), d'un cancer (cachexie cancéreuse, produite par des substances secrétées par la tumeur), de maladies chroniques (BPCO, insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique, insuffisance rénale), voire de certaines maladies infectieuses (par exemple la tuberculose et le SIDA, ou certaines maladies auto-immunes). (in Wikipedia France)



Photos

1. Pour soigner la mort noire, le médecin était vêtu d'un uniforme supposé le protéger de la maladie "qui ne pouvait le voir". Porteur d'un masque, de gants et de lunettes, sa badine lui servait à soulever les vêtements et les membres du pestiféré. On le surnommait le "vautour" en raison de son masque à long bec.

(sources renaissance.mrugala.net/)

2. la grande peste, peinture anonyme du XVème siècle

(sources : microbiologie.spectrosciences.com/)

3. Il n'y a pas grand chose à faire contre la propagation de la grippe aviaire...

(sources : www.futura-sciences.com/)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

Mots-clés : Charles Nicolle - zoonose - barrière interspécifique - révolution agricole - grande peste noire - yercinia pestis - Nicolas de Mancel - peste bubonique - peste septicémique - peste pulmonaire - cachexie - tuberculose - vaccination - grippe commune - grippe espagnole H1N1 - SIDA - trithérapie - ESB ou maladie de la vache folle - maladie de Creutzfeld-Jacob - chikungunya - dengue - fièvre jaune - virus ebola - virus du Nil occidental - grippe aviaire H5N1

(les mots en bleu renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités

2. le vaccin de la grippe A (H1N1)

3. retour sur la grippe A

 

 

 

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Mise à jour : 21 février 2023

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