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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

Publié le par cepheides
Publié dans : #médecine

 

 

 grippe H1N1-2

 

 

 

 

La grippe A (H1N1), tant redoutée, est passée sans faire de gros dégâts ; en tout cas, pas autant qu’il l’avait été annoncé par les chroniqueurs du monde entier. Comment se fait-il que les scientifiques – et avec eux les politiques – aient tant tremblé face à une pandémie dont on sait aujourd’hui qu’elle fut bien banale ? Il est temps de revenir sur les circonstances de ce cafouillage et sur les leçons qu’il paraît légitime d’en tirer.

 

  

La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu

 

… et c’est tant mieux ! Pourtant, en relisant les contributions que j’ai, à l’époque, écrites sur ce blog et en réexaminant tous les conseils et H1N1-3.jpgprécautions qui y figurent, je retrouve entre les lignes toute l’angoisse alors affichée par les uns et les autres. On s’était donc lourdement trompé mais a-t-on eu tort de réagir de cette façon ? Aurait-on pu aborder la question avec plus de prudence, certains diront avec plus de sérénité ?

 

 

 Bilan d’une pandémie

 

Chaque année, la grippe dite saisonnière parcourt alternativement les deux hémisphères en entraînant son cortège de misère : 300 000 morts, voire 400 000 ! Un chiffre qui est loin d’être négligeable mais auquel on paraît s’être habitué puisque nul vent de panique ne parcourt les populations lorsque le virus arrive. Dans le même temps, la grippe A aura été responsable d’un peu moins de 20 000 décès. Il s’agit à l’évidence d’une mortalité trop élevée mais sans aucune mesure avec ce qui était craint… et surtout avec celle de la grippe habituelle. La menace avait-elle été surestimée ? Et, si oui, par qui et au profit de qui ? Ou bien, au contraire, s’est il passé quelque chose – une atténuation autant providentielle qu’inattendue de la létalité du virus en cause - et, dans ce cas, pourquoi ?

 

Revenons sur les chiffres alors annoncés (voir sujet : grippe A, inquiétudes et réalités). Voici ce qu’on pouvait lire dans la presse professionnelle à l’époque et que j’avais repris dans mon article d’août grippe-H1N1.jpg2009, il y a moins d’un an : « il faudrait s'attendre à une forte épidémie (de grippe A) qui, au plus fort de l'infection, pourrait provoquer 900 000 nouveaux cas par jour. En 82 jours, 45 à 50% de la population serait contaminée. Entre 18 et 20 millions de personnes tomberaient malades, soit 30 à 35% de la population française. 5 à 13% d'entre elle nécessiteraient une hospitalisation et 2 à 4 pour 1000 succomberaient à la maladie - soit un total de décès allant de 36 000 à 80 000. Tel est le scénario catastrophe qu'engendrerait la grippe A(H1N1) en France... si rien n'est fait pour limiter la propagation du virus ! ». Le moins que l’on puisse dire est que ce n’était guère engageant ! L’hypothèse qui sous-tendait ce cataclysme était que rien ne pourrait arrêter la diffusion du virus à l’ensemble de la population (dont on pensait qu’elle n’était pas protégée face à cet agent viral inconnu) et puisqu’il n’existe aucun traitement autre que symptomatique pour une maladie virale… Les pouvoirs publics – dans le monde entier – se sont basés sur ce scénario, appelé scénario de référence, pour asseoir les politiques respectives de santé face à la pandémie. C’était un choix compréhensible car le scénario était probable… sauf qu’il l’est devenu de moins en moins au fil du temps. Alors erreur des politiques ? Du monde scientifique (concerné) ? Collusion avec les laboratoires pharmaceutiques (les seuls vrais gagnants) ? Autre chose ?

 

 

Raisons d'une méprise générale  

 

 

Les chiffres le prouvent : le virus n’était pas aussi terrible qu’envisagé. A cela au moins deux raisons majeures :

 

 La protection de la population était finalement plus importante que prévue

Alors que l’on pensait l’immense majorité des malades potentiels sans défense, cela n’était pas vrai, on le sait à présent. Certes, on avait bien envisagé (avec moult réserves néanmoins) la protection naturelle des populations de tranches d’âge supérieures à cinquante ans en raison d’un éventuel contact avec des souches virales très proches lors d’épidémies antérieures (comme la grippe de Hong-Kong qui avait sévi dans les années soixante) ; on avait d’ailleurs remarqué (mais ceci explique-t-il cela ?) que le virus de la grippe A touchait surtout les sujets jeunes. Ces personnes plus âgées possédaient donc une certaine immunité mais les autres ? D’après les calculs, 70% de la population auraient dû être infectés mais ils ne furent, à l’arrivée, qu’à peine 10%... On soupçonne qu’une autre forme d’immunisation est ici en jeu : alors que l’immunisation première relève des anticorps acquis au contact antérieur du virus, il semble qu’on ait oublié le rôle en définitive très important d’un autre type d’immunisation, cellulaire celui-là, qui aurait été obtenu lors de contacts plus récents avec des virus ressemblant au virus H1N1. Tout ceci reste du domaine du conditionnel car il y a encore beaucoup de questions en suspens et nombre d’hypothèses à vérifier. En tout cas, s’il existe un premier mérite à cette pandémie, c’est de permettre aux scientifiques de « repenser l’affaire » avec un œil neuf.

 

 Le virus de la grippe A était moins mutagène qu’attendu

N’ayant encore jamais eu affaire à cet agent infectieux, les spécialistes du monde entier n’ont pu que se référer à ce qu’ils savaient des pandémies du passé. Or l’épidémie de grippe A a été une vraiegrippe-H1N1-5.jpg pandémie en ce sens qu’elle s’est très rapidement propagée à l’ensemble de la planète, grâce notamment aux moyens de communication modernes (une propagation bien plus rapide que lors de la pandémie des années 1920, dite de la grippe espagnole). Pourtant, son taux de mortalité n’a jamais été comparable car contrairement à ses prédécesseurs, le virus de la grippe A n’a jamais muté bien qu’il ait infecté des millions de sujets. L’OMS – dont le rôle fut majeur pour les prises de décision des politiques – ne reconnaît aucune erreur de stratégie et avance simplement que « nous avons eu de la chance » que ce virus n’ait jamais muté… Un moyen d’oublier d’éventuelles carences de gestion de crise ou part de vérité ?

 

 

 Le rôle des uns et des autres

 

Il est facile, une fois le danger (réel ou supposé) passé, de critiquer tel ou tel acteur des prises de décision. Essayons quand même d’y voir un peu plus clair.

 

 Les avis des scientifiques : ils furent ici primordiaux puisque c’est à partir d’eux que le reste des décideurs engagèrent leurs actions. Comme toujours, les scientifiques furent divisés. Une grande partie d’entre eux, face à l’inconnu comme on l’a dit plus haut, avancèrent une politique de précaution et il est juste de reconnaître que c’était leur rôle d’expliquer qu’on ne savait médicalement pas grand-chose et que dans le doute… A l’inverse, d’autres – minoritaires mais parfois de grand renom – s’insurgèrent en expliquant que les campagnes de vaccination massives qui grippe-H1N1-6.jpgallaient être entreprises coûteraient énormément d’argent pour un résultat difficile à évaluer compte-tenu du manque d’informations ; ils ajoutaient souvent que cet argent aurait pu être affecté à d’autres grandes causes de santé publique (comme, par exemple, la recherche sur le cancer ou les maladies tropicales). Personnellement – mais cela n’engage que moi – je doute que cet argent, s’il n’avait finalement pas été affecté aux vaccinations, aurait pu leur être attribué mais là n’est pas la question. Ces scientifiques minoritaires avaient raison… mais cela était impossible à savoir avec certitude avant l’extension de la pandémie !

 

 Les politiques : il est de bon ton de se gausser de leurs décisions le plus souvent vécues comme inappropriées. Il faut reconnaître toutefois que tous, à un degré ou à un autre, ont cherché à « ouvrir le parapluie » ; dans notre pays, ce fut peut-être un peu plus qu’ailleurs puisque la France commanda une quantité de vaccins qui auraient pu servir à un continent entier ! Personnellement, je peux comprendre une telle attitude dans une nation où, il n’y a pas si longtemps, une catastrophe dans le domaine de l’hématologie - sans oublier celle de la canicule de 2003 - défraya longtemps la chronique ! Aujourd’hui, on sait bien que ce luxe de précautions était superflu (commander de quoi faire une double vaccination à l’ensemble de la population !) mais que se serait-il passé dans le cas contraire (aucun vaccin face à un virus hautement pathogène) ? Ce qui est fâcheux, toutefois, c’est que, si d’aventure, une nouvelle pandémie menaçait, mortelle cette fois-ci comme, par exemple, avec la grippe aviaire, les pouvoirs publics seraient probablement bien moins crédibles et y regarderaient vraisemblablement à deux fois avant d’engager des dépenses de prévention importantes. Surtout si c’est durant une période de crise économique analogue à celle que nous traversons.

 

Les laboratoires pharmaceutiques : on les a beaucoup critiqués et même parfois accusés de jeter de l’huile sur le feu. Il est certain que ce sont les seuls à sortir gagnants de cette mésaventure : ils ont pu vendre de nombreux vaccins à des prix certainement intéressants. On leur a reproché d’avoir propagé de fausses nouvelles sur la dangerosité de la pandémie mais il s’agit là d’une pure calomnie : ils n’avaient nul besoin d’en rajouter face à l’inquiétude ambiante. Les laboratoires pharmaceutiques sont des entreprises commerciales et, à ce titre, il est parfaitement compréhensible qu’ils aient cherché à profiter de l’aubaine qui se présentait à eux. La méfiance affichée à leur égard par une certaine partie de la population rappelle celle qu’on observe parfois en cas de décès face aux entreprises de pompes funèbre, accusées de « profiter du malheur des gens » : il en faut bien pourtant !   En revanche, le taux de réactivité des professionnels des vaccins a été satisfaisant puisque, quelques semaines après les prises de décision, on pouvait déjà disposer des premières doses pour les « personnes à risque » puis pour l’ensemble de la population. Que cela ait été finalement inutile est une autre histoire…

 

 La population générale : comme toujours quand elle est confrontée à grippe-H1N1-4.jpgune période de crise, elle s’est décomposée en trois groupes ; il y a eu ceux qui, terrorisés par les effets d’annonce, se sont précipités dans les centres de vaccination où, parfois, il y eut des bousculades et de forts mécontentements ; d’autres n’ont voulu entendre parler de rien et n’auraient pour rien au monde accepté de se faire vacciner, la pandémie se serait-elle révélée redoutable. Et puis il y a eu la grande masse des gens pour lesquels il était urgent d’attendre et qui ont défini leur attitude en fonction de l’évolution des informations et du bouche à oreille…

 

 

Les leçons de la pandémie

 

  Il existe des points positifs… :

 

 la connaissance des pandémies virales à progressé, fut-ce au prix de certaines erreurs. Des certitudes scientifiques ont été battues en brèche comme, par exemple, la notion de dangerosité d’une souche virale à grande diffusion dont on pensait qu’il était pratiquement impossible que, à une telle échelle, il n’y ait pas à terme de redoutables mutations. En fait, le virus de la grippe H1N1 a bel et bien muté comme en attestent les observations faites chez de nombreux malades. Appelée D222G, cette mutation a donné à certains virus la capacité de s’attaquer directement au système respiratoire de ces patients, les conduisant le plus souvent à une issue fatale. Comme cette caractéristique rappelait certaines mutations virales décrites avec les souches responsables de la grippe espagnole de sinistre mémoire, on a un temps craint le pire : mais non, la souche mutée n’a jamais supplanté le virus de départ sans qu’on sache vraiment pourquoi (tout se passait comme si la mutation ne survenait qu’une fois la maladie déjà présente chez ces malheureux sujets). Il y a certainement là de quoi réfléchir et réviser nos certitudes…

 

  la réactivité des autorités concernées a été rapide et c’est même ce que beaucoup leur reprochent ; il n’empêche : en cas de pandémie véritablement dangereuse, il semble que l’information aurait été délivrée avec suffisamment de diligence. De même que la fabrication des vaccins par les industries concernées ;

 

 la crise aura au moins eu le mérite d’attirer l’attention de toute une population sur le risque infectieux inhérent à nos sociétés évoluées… même si cela est à double tranchant.

 

… mais il existe aussi des points négatifs :

 

 le premier d’entre eux est évidemment économique : beaucoup d’argent s’est évaporé en temps d’informations polémiques, en personnel réquisitionné et, bien sûr, en fabrication de matériel spécifique (masques, vaccins, etc.). La disproportion entre les moyens mis en œuvre et la menace réelle est flagrante ;

 

 il reste d’évidents problèmes d’organisation qui n’ont pas été résolus et, en période de pandémie grave, cela pourrait s’avérer coûteux en vies humaines : je pense, par exemple, au temps perdu parce qu’on n’a pas voulu introduire le corps médical « libéral » dans la structure de vaccination ; on ne peut pas non plus ne pas évoquer l’insuffisance des structures hospitalières qui aurait été un vrai problème en cas de pandémie sérieuse ;

 

  la population a été alertée relativement tôt mais, hélas, surinformée, souvent de façon contradictoire. A tel point que certaines personnes en sont arrivées à ne plus écouter les conseils diffusés par les médias puisque se sentant incapables de faire la part du vrai et du faux ! Plus inquiétant grippe-aviaire.jpgencore, la cacophonie qui a accompagné la politique d’information sur la pandémie, les polémiques sur le gaspillage financier et l’impression que, en définitive, la montagne a accouché d’une souris ce qui tend à prouver que personne ne sait rien sur rien, ont conduit un grand nombre de nos concitoyens à remettre en cause la crédibilité des scientifiques et du système de santé dans son ensemble. Il s’agit là d’une attitude délétère - quoique explicable - qui risque de coûter très cher lors d’une nouvelle alerte sanitaire qui, elle, pourrait se révéler bien plus grave car, comme le dit l’adage : « Chat échaudé craint l’eau froide ».

 

 

Images

1. extension de la pandémie à début août 2009 (sources :   lorrain1.wordpress.com)   

2. (sources : fun.lapinbleu.org)

3. (sources : science.branchez-vous.com)

4. grippe espagnole (sources : 1N1-3 :  combattre-grippe-a.com) 

5. Marc Gentilini (sources : sites.radiofrance.fr)

6. (sources : pratique.fr) 

7. grippe aviaire (sources : grippeaviaire.blogspirit.com)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

Mots-clés : grippe saisonnière - grippe espagnole - anticorps - immunité cellulaire - Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - mutation D222G - grippe aviaire

(les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

Sujets apparentés sur le blog :

 

1. le vaccin de la grippe A (H1N1)

2. grippe A (H1N1), inquiétudes et réalités

3. les grandes pandémies

 

 

 

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mise à jour : 6 mars 2023

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