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Le blog de cepheides

Le blog de cepheides

articles de vulgarisation en astronomie et sur la théorie de l'Évolution

Résultat pour “notion d'espèce

Publié le par cepheides
Publié dans : #divers

 

 

           terre-nuit.jpg

 

     

     Afin de mieux se déplacer dans l’ensemble des articles de ce blog, il m’a été souvent demandé d’en dresser de temps à autre un sommaire récapitulatif. Puisqu’il existe à présent plus de 180 sujets abordés, un classement à la fois thématique et chronologique s’impose à nouveau. On trouvera donc ci-après, pour chaque sujet ainsi regroupé, un bref descriptif et, bien sûr, un lien direct vers le texte concerné. Il sera également précisé la discipline scientifique lui servant de support. Je ne saurais également trop conseiller au lecteur de consulter les commentaires en annexe de chacun des articles, certains étant en fait de réels prolongements au texte principal.

 

Signification des lettres :

 A = astronomie ; B = biologie ; C = cosmologie ; D = divers ; Et = éthologie ; Ev = Évolution ; M = médecine ; Pa = paléontologie ; Ph = physique

 

 

 

Sommaire simplifié 

 

A. la matière

 

B. l'Univers

les débuts de l'Univers

l'Univers lointain

l'Univers proche

 

C. la Vie sur Terre

apparition et contexte

l'Évolution

place de l'Homme

 

D. résistance de la Vie

 

E. l'avenir

 

F. brèves d'astronomie

 

G. chroniques du vivant

  

 

 

 

 SOMMAIRE GÉNÉRAL

 

 

 A. la matière

 

  

1. les constituants de la matière (Ph) : au fait, la matière, c’est quoi, au juste ?

 

boson-higgs4juillet.jpg2. le boson de Higgs (Ph) : si longtemps recherché (et récemment découvert), il explique le modèle standard de la physique des particules

 

3. théorie de la relativité générale (Ph) : la théorie d’Einstein, à présent validée expérimentalement, permet de décrypter la structure de l’Univers macroscopique.

 

4. la mécanique quantique (Ph) : une physique déconcertante expliquant l’infiniment petit et qui n’a jamais été prise en défaut.

 

5. la théorie des cordes où l’Univers repensé (A) : une façon élégante de permettre l’unification de la physique quantique avec la relativité générale.

 

6. matière noire et énergie sombre (A) : quand on observe l’Univers, plus de 90% de la matière manquent à l’appel ; on appelle cette inconnue matière noire… parce qu’on ne sait pas ce qu’elle est !

 

7. les ondes gravitationnelles (A) : pour le centenaire de la parution de la théorie de la relativité générale, il manquait la preuve de l'existence des ondes gravitationnelles prévues par Einstein : c'est fait !

 

8. matière noire et théorie MOND (A) : et si c'était les lois de la physique newtonienne qui étaient à revoir ? 

 

 

B. L’univers

 

 

Les débuts de l’Univers

 

 

1. avant le Big bang (C) : y avait-il un « avant » et comment pouvait-il bien se présenter ?

 

2. Big bang et origine de l’Univers (C) : qu’est-ce que la théorie du Big bang ?

 

3. juste après le Big bang (C) : les tout premiers instants de l’Univers

 

fonds diffus cosmologique 24. fonds diffus cosmologique (A) : la découverte qui permit de valider la théorie du Big bang

 

5. les premières galaxies (A) : comment et quand se sont-elles formées ?

 

6. les étoiles primordiales (A) : les étoiles qui apportèrent les éléments lourds aux générations stellaires suivantes… et permirent l’apparition de la Vie

 

7. HD 140283, retour sur les étoiles primordiales (A) : l'histoire d'une très très ancienne étoile qui passe à notre portée et permet une observation plus précise des débuts de notre Univers

 

8. L'Univers, passé et avenir (C) : un condensé de la vie de notre univers avec un renvoi à des articles dédiés. Pour avoir une vue d'ensemble.

 

 

 

L’Univers lointain

 

 

1. distances et durées des âges géologiques (A) : il est si difficile d’imaginer ce que représentent un milliard d’années ou un million d’années-lumière ; on trouvera ici quelques comparaisons pour se faire une idée

 

2. l’expansion de l’Univers (A) : l’Univers est en expansion, certes, mais jusqu’où et jusqu’à quand ?

 

petit-nuage-de-Magellan.jpg3. céphéides (A) : une catégorie d’étoiles très spéciales qui permit de calculer les distances stellaires et galactiques

 

4. Edwin Hubble, le découvreur (A) : le premier à comprendre que des milliards de galaxies existent en dehors de la nôtre

 

5. les galaxies (A) : ces assemblages de milliards d’étoiles suivent des transformations évolutives à présent bien documentées

 

6. galaxies cannibales (A) : on sait à présent que les galaxies se forment en avalant leurs voisines plus petites

 

7. pulsars et quasars (A) : ces étranges objets du ciel ont livré une partie de leur mystère

 

8. trous noirs (A) : l’ultime aboutissement de la mort des étoiles supergéantes

 

9. le nom des étoiles (A) : quand et par qui les étoiles les plus proches de notre environnement ont-elles été baptisées ?

 

10. la couleur des étoiles (A) : pourquoi les étoiles ne sont-elles pas toutes de la même couleur ?

 

11. mort d’une étoile (A) : selon leur taille, les étoiles n’ont pas toutes le même destin

 

12. novas et supernovas (A) : à quel type d’étoiles rattacher ces « astres nouveaux » qui se mettent soudain à briller transitoirement de mille feux ?

 

13. étoiles doubles et systèmes multiples (A) : les étoiles solitaires comme notre Soleil sont-elles la règle dans l’Univers ?

 

14. amas globulaires et traînards bleus (A) : pourquoi de nouvelles étoiles apparaissent-elles dans des amas stellaires vieillis et réputés « stériles » ?

 

15. planètes extrasolaires (A) : combien y a-t-il de systèmes solaires identiques au nôtre ?

 

16. la saga des rayons cosmiques (A) : quel est le phénomène cataclysmique à l'origine de ces particules de haute énergie qui bombardent la Terre à chaque instant ? On aura mis 100 ans à le savoir avec une quasi-certitude... 

 

17; Sagittarius A, le trou noir central de notre galaxie (A) : chaque galaxie semble posséder en son centre un trou noir géant; la nôtre ne fait pas exception or, en ce moment, un événement qui s'est produit il y a 26 000 ans nous permet d'en savoir un peu plus sur ce monstre caché...

 

18. le télescope spatial Hubble (A) : bien qu'il ait observé tout l'univers, c'est dans le domaine du lointain que Hubble a véritablement permis une révolution des connaissances. On revient ici sur l'aventure de ce merveilleux petit outil.

 

19. la formation des planètes (A) : s'inspirant de l'observation du système solaire, les scientifiques pensaient avoir compris la génèse d'un système planétaire. L'étude récente des exoplanètes a montré qu'on était encore loin du but...

 

20. sursauts gamma (A) : quelle est leur nature ? Leur fréquence ? Que signifient-ils dans l'histoire du cosmos ? Sont-ils dangereux pour l'Homme ? Beaucoup de questions et, heureusement, des débuts de réponses...

 

21. vie extraterrestre (1) (A) : quelles conditions pour que la Vie existe sur une autre planète que la Terre ? Envisageons d'abord les facteurs limitants...

 

22. vie extraterrestre (2) (A) : ... avant d'aborder les conditions nécessaires et chercher à évaluer statistiquement la probabilité d'une telle éventualité

 

23. les étrangetés de l'Univers (A) : plusieurs anomalies fondamentales ne peuvent être expliquées par le modèle standard : faut-il remettre ce dernier en cause ?

 

24. les frontières de l'Univers (A) : avant de passer la main, une dernière mission a été dévolue au télescope spatial Hubble : l'études des champs célestes profonds. La mission se nomme Hubble Frontier Fields et, dès le début, elle est passionnante !

 

25. la Voie lactée (A) : on évoque souvent la Voie lactée, on la voit même par les belles nuits sans Lune mais la connait-on vraiment ? Peut-être est-ce le moment de faire le point sur notre monde...

 

26. promenade nébuleuse (A) : quelques très belles images de nébuleuses connues agrémentées de quelques commentaires sur des phénomènes moins connus...

 

27. étoiles géantes (A) : Y a-t-il plusieurs types d'étoiles géantes ? Quelle différences entre une géante rouge et une supergéante bleue ? On trouvera nombre de réponses dans l'article.

 

28. exolunes (A) : rien que dans notre galaxie, il y a environ 200 milliards d'étoiles et la plupart sont certainement entourées de cortèges de planètes... avec autant de lunes qui, justement, semblent l'endroit rêvé pour l'apparition d'une forme de vie.

 

29. naissance des étoiles (A) : Y a-t-il de nombreuses naissances stellaires dans l'univers et si oui, en connait-on tous les mécanismes ?

 

30. la galaxie d'Andromède M31 (A) : quelques nouvelles de notre grande voisine

 

31. des galaxies aux superamas (A) : comment est organisé l'Univers et quelle y est notre place ?

 

32. le mystère Bételgeuse (A) : l'importante et soudaine baisse de luminosité de la supergéante rouge Bételgeuse est-elle un signe précurseur de son explosion en supernova ? 

 

33. premières photos du télescope spatial James Webb (A) : il y aura un avant et un après suite à la mise en service de cet extraordinaire outil : en voici les preuves...

 

34. naissance de la Voie Lactée (A) : on en sait plus sur les premières années de notre galaxie... 

 

35. Où sont les extraterrestres ? (A) Vu l'immensité de l'univers, les civilisations développées devraient être nombreuses mais on ne trouve les traces d'aucune : pourquoi ? C'est le paradoxe de Fermi.

 

36. les étoiles Wolf-Rayet (A) : il s'agit d'un genre d'étoiles ayant longtemps posé problème aux scientifiques qui ne comprenaient pas ce qu'elles étaient. Grâce notamment au télescope spatial James Webb on en sait plus à leur sujet et c'est passionnant.

 

 

 

 

 L’Univers proche

 

 

1. astronomie et astrologie (A) : deux terminologies assez proches qu’il ne faut surtout pas confondre !

 

2. origine du système solaire (A) : quand et comment s’est formé notre système solaire ?

 

3. place du Soleil dans la Galaxie (A) : où se situe précisément notre étoile dans sa galaxie, la Voie lactée ?

 

4. la Terre, centre du Monde (A) : la Terre tourne autour d’une étoile banale, le Soleil, semblable à des milliards d’autres. Il aura fallu aux Hommes bien des polémiques pour accepter cette petite leçon d’humilité.

 

5. la mort du système solaire (A) : on sait exactement comment finira notre système solaire. Heureusement, ce n’est pas pour tout de suite.

 

6. l’énigme des taches solaires (A) : retardé dernièrement de plusieurs années, on comprend mal pourquoi le « cycle » des taches solaires s’est récemment révélé si irrégulier

 

7. météorites et autres bolides (A) : quels sont les objets susceptibles de s’écraser sur notre planète et peut-on prévoir un éventuel danger à venir ?

 

8. les canaux martiens, histoire d’une illusion collective (A) : ils voulaient tant croire à l’existence des Martiens… mais ce n’était qu’un phantasme

 

9. l’énigme de la formation de la Lune (A) : difficile d’expliquer la formation de notre satellite, pourtant si indispensable à la Vie sur Terre. Est-elle une exception ?

 saturne-o

10. les anneaux de Saturne (A) : une des merveilles de la Nature qui a passionné nombre de scientifiques durant des siècles

 

11. les sondes spatiales Voyager (A) : une extraordinaire aventure, riche en informations mutiples, et qui est loin d'être terminée

 

12. L'étoile du berger (A) : Vénus, la planète soeur, voire la jumelle de la Terre mais totalement impropre à la Vie tant ses conditions de surface sont infernales... Pourquoi des évolutions si différentes alors qu'au départ tout rapprochait ces deux planètes ?

 

13. La ceinture de Kuiper et ses mystères (A) : au delà de Pluton commence une zone étrange peuplée de multiples objets de toutes tailles et de tous genres. Nos sondes spatiales commencent à explorer cet univers primordial.

 

14. Curiosity, un étranger sur la planète Mars (A) : voilà à présent cinq ans que la petite machine parcourt le sol de Mars en envoyant sur Terre une foule d'infos. Retour sur cette mission et la longévité exceptionnelle du robot.

 

15. Le Soleil, une étoile ordinaire (A) : et si on parlait un peu de notre propre étoile ?

 

16. Neptune et Uranus, planètes de glaces (A) : dans le système solaire, on connaissait l'opposition entre planètes telluriques et géantes gazeuses mais voici que, pour ces dernières, les scientifiques distinguent deux catégories. Qu'en est-il exactement ?

 

17. Europe et Titan, des terres de vie ? (A) : avant de pouvoir trouver des signes de vie autour d'étoiles plus ou moins lointaines, reste l'exploration du système solaire dont deux (voire trois) planètes sont des candidates sérieuses...

 

 

 

aisse

 

la vie sur la Terre

 

 

apparition et contexte

 

 

1. l’origine de la Vie sur la Terre (B) : grâce à l’américain Stanley Miller, on sait maintenant que la Vie peut naître de quelques éléments simples

 

2. pour une définition de la Vie (D) : à propos, qu’est-ce que la matière vivante ?

 

3. le hasard au centre de la Vie (B) : et si, comme pour la physique quantique, le hasard était également au centre des phénomènes biologiques ?

 

4. la mort est-elle indispensable ? (Ev) : l’Évolution aurait pu sélectionner un autre devenir pour les êtres vivants que leur mort biologique...

 

5. la querelle sur l’âge de la Terre (Ph) : Quel est l’âge de la Terre ? 5000 ans ? Un million d’années ? Plus ? Cette question fut le centre d’un âpre débat il n’y a pas si longtemps

 

Pangaea_continents.svg.png6. la dérive des continents ou tectonique des plaques (Ph) : Wegener fut un précurseur en expliquant que la couche superficielle de la Terre se remodèle sans cesse mais si lentement que nous ne pouvons le percevoir

 

7. indifférence de la Nature (Et) : la Nature se moque bien des conventions humaines. Ce qui compte pour elle, c’est la survie du plus apte dans un environnement indifférent aux souffrances des uns et des autres

 

8. les extinctions de masse (Ev) : à au moins cinq reprises, la Vie faillit totalement disparaître de la surface de notre planète. Une raison certaine pour ne pas provoquer une sixième extinction par nos agissements inconsidérés

 

9. l’empire des dinosaures (Ev) : qui étaient-ils et pourquoi les grands sauriens dominèrent-ils la terre durant si longtemps ?

 

10. la disparition des dinosaures (Ev) : retour sur la dernière extinction de masse… qui permit l’émergence des mammifères, et donc de l’Homme

 

11. placentaires et marsupiaux, successeurs des dinosaures (Ev) : pourquoi les mammifères placentaires ont-ils presque partout supplanté leurs cousins marsupiaux ?

 

12. Vie animale et colonisation humaine (Et) : l'explosion des activités humaines sur un territoire limité, notre planète, ne peut que se faire au détriment des autres êtres vivants. Certains arrivent à s'adapter mais la plupart sont directement menacés. Comment faire pour préserver cette biodiversité ?

 

13. la grande extinction du Permien (Ev) : des cinq grandes extinctions de masse que rencontra la Vie sur Terre, celle du Permien fut la plus terrible. On s'efforce d'en décrypter les causes et les conséquences…

 

14. la Terre boule de neige (Ph) : une phase précoce de la vie de la Terre qui, si elle avait duré, aurait interdit l'apparition de la Vie sur la planète

 

15. Dinosaures : approche chronologique (Ev) : Retour sur la saga des dinosaures pour mieux comprendre comment cela s'est passé

 

 

 

l’Évolution

 

 

1. les mécanismes de l’Évolution (Ev) : Darwin a bouleversé notre connaissance du monde des vivants grâce à la découverte des lois de l’Évolution. En voici l’essentiel résumé dans ce texte

 

2. le schiste de Burgess (Ev) : revisitée par les paléontologues modernes, l’étude des animaux des origines, notamment ceux du schiste de Burgess, nous explique ce que nous sommes

 

3. la théorie des équilibres ponctués (Ev) : Gould et Eldredge complètent avec leur théorie d’une Évolution discontinue l’approche darwinienne classique

 

4. l’Évolution est-elle irréversible ? (Ev) : l’Évolution transforme les espèces au fil des millions d’années mais un retour en arrière est-il possible ? Pourrait-on voir renaître des animaux aujourd’hui disparus ?

 

5. la notion d’espèce (B) : il est facile de différencier un chien et un chat mais quels sont réellement les critères objectifs qui permettent de relier un être vivant à une espèce précise ?

 

6. le rythme de l’évolution des espèces (Ev) : les espèces qui peuplent notre planète se transforment au fil du temps mais pas toutes de la même manière et à la même vitesse. Quelles en sont les raisons ?

 

7. l’œil, organe-phare de l’Évolution (Ev) : les créationnistes en avaient fait leur cheval de bataille antidarwinien. Contresens total : l’œil est, au contraire, un organe qui vient renforcer la théorie de l’Évolution

 

8. évolution de l’Évolution (Ev) : la science de l’Évolution démontre ici – s’il en était besoin – qu’elle n’est certainement pas quelque chose de figé

 

9. reproduction sexuée et sélection naturelle (Ev) : la reproduction sexuée semble contredire la théorie de l’Évolution mais, en y regardant de plus près, on se rend compte que c’est tout le contraire

 

10. comportements animaux et Évolution (Ev) : parfois, l’Évolution semble emprunter des chemins difficiles à comprendre mais il y a toujours une explication

 

11. le mimétisme, une stratégie d’adaptation (Ev) : quel meilleur moyen d’économiser tempsmimetisme-turbot.jpg et énergie que de simplement copier son voisin mieux équipé pour tromper les prédateurs ?

 

12. parasitisme et Évolution (Ev) : autre forme d’adaptation, le parasitisme est répandu dans tous les milieux et pour pratiquement toutes les espèces

 

13. insectes sociaux et comportements altruistes (Et) : contrairement à ce que l’on pourrait croire, dans la Nature, l’altruisme débouche toujours sur un bénéfice secondaire. De ce fait, l’altruisme « réel » n’existe pas.

 

14. domestication et Évolution (Ev) : la domestication, elle aussi, est une forme d’évolution. Dans cet article, on cherche à comprendre comment elle se déroula et quels en furent les acteurs

 

15. l’inné et l’acquis chez l’animal (Ev) : quelle est la part des comportements innés (génétique) et acquis (apprentissage individuel) chez les animaux ? Un autre texte (cf. plus bas) pose la même question à propos de l’Homme.

 

16. intelligence animale (1) (Ev) : dans ce texte, on passe succinctement en revue les différentes croyances philosophico-scientifiques sur l’intelligence animale, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, avant d’aborder son évaluation (article suivant)

 

17. intelligence animale (2) (Ev) : les animaux peuvent-ils faire preuve d’une intelligence réelle et comment évaluer cette dernière ?

 

18. Évolution et créationnisme (Ev) : les créationnistes sont-ils autre chose que des ennemis de la Science ?

 

19. Intelligent Design (Ev) : la tentative des créationnistes pour « scientifiser » leurs opinions battues en brèche par l’avancée des sciences. Raté !

 

20. réponses aux créationnistes (Ev) : quelques contre-arguments à opposer aux créationnistes… si l’on a du temps à perdre !

 

21. science et créationnisme (Ev) : les créationnistes tentent « d’expliquer » le Monde en partant d’un apriori. Depuis Galilée et Descartes, on sait qu’il s’agit là d’une démarche antiscientifique…

 

22. l'affaire Lyssenko (B) : pour des raisons essentiellement idéologiques, Lyssenko fit perdre quarante ans à la génétique russe. Un parfait exemple de pseudo-science !

 

23. l'explosion cambrienne (Ev) : durant des milliards d'années, la Vie resta rudimentaire et, d'un coup, au Cambrien, en quelques millions d'années, apparurent toutes les formes d'animaux. Bien plus encore qu'aujourd'hui puisque la plupart de ces espèces sont à présent éteintes. Pourquoi une telle biodiversité en si peu de temps ?

 

24. la tentation du gigantisme (Ev) : il existe bien des façons de se préserver des prédateurs et donc de survivre. Au mésozoïque (ou ère secondaire), des dinosaures jouèrent la carte du gigantisme et cela leur a bien réussi puisqu'ils règnèrent près de 130 millions d'années !

 

25. l'ensauvagement ou la domestication à l'envers (Et) : plusieurs milliers d'années pour domestiquer les espèces animales qui le permettent mais à peine quelques générations pour que celles-ci retournent à l'état sauvage. L'empreinte de l'Homme est moins pregnante que l'on croit !

 

26. la nuit du chasseur (ou la prédation nocturne) (Ev) : la prédation est le moteur de la Vie : c'est elle qui fait évoluer les espèces. La nuit, elle tout aussi présente mais revêt parfois des caractères suprenants...

 

27. le voyage du Beagle et ses conséquences (Ev) : retour sur l'historique du voyage qui permit à Darwin d'imaginer ses lois sur l'Évolution et la sélection naturelle et sur les années de combat qui suivirent.

 

28. spéciations et évolution des espèces (Ev) : plus de 20 millions d'espèces pour des milliards de milliards d'individus... issus de quelques cellules indifférenciées il y a 3 milliards d'années : comment cela a-t-il été possible ?

 

29. intelligence animale collective (Ev) : comment expliquer que, chez certaines espèces animales, alors que chaque individu a des ressources cognitives limitées, le groupe dont il fait partie est capable de réaliser des actions parfois stupéfiantes d'intelligence ?

 

30. la sélection naturelle (Ev) : pilier de la théorie de l'Évolution, elle est souvent, volontairement ou non, mal comprise. Retour sur les fondamentaux.

 

31. retour sur la théorie de l'Évolution (Ev) : et si on résumait un peu tout ce qui a été écrit sur le sujet depuis le début ? On signalera les articles plus spécialisés au fur et à mesure du texte.

 

32. des dinosaures de jadis aux oiseaux d'aujourd'hui (Ev) : on a longtemps cru que l'archéoptéryx, fossile volant découvert au début du XXème siècle, était l'ancêtre des oiseaux. La vérité est bien plus incroyable : les oiseaux sont issus des théropodes carnivores comme le vélociraptor !

 

33. l'instinct animal (Ev) : comment met-on en évidence une réponse instinctive en éthologie ? Quelle est la part de l'apprentissage ?

 

34. les insectes géants du carbonifère (Ev) : Il y a très longtemps, en cette période de l'ère primaire appelée carbonifère, bien avant les dinosaures, c'étaient les insectes qui régnaient en maîtres et certains d'entre eux avaient atteint des tailles inimaginables. Comment peut-on expliquer ce soudain gigantisme, puis sa disparition ?

 

35. hasard, contingence et nécessité (Ev) : l'évolution des espèces se fait-elle au hasard des transformations du milieu dans lequel elles se trouvent ?

 

36. le parasitisme spécialisé du coucou (Et) : le coucou, animal bien connu de nos contrées, a développé au fil du temps un parasitisme très élaboré, parfait exemple de ce à quoi peut conduire l'Évolution.

 

 

 

place de l’Homme

 

 

1. le propre de l’Homme (Ev) : l’Homme, animal parmi d’autres, est-il si différent des autres êtres vivants ? Une différence de degré, certainement, mais pas de nature

 

2. la bipédie, condition de l’intelligence ? (Ev) : la bipédie n’a pas libéré la main comme on le croyait jadis. Est-elle néanmoins indispensable à l’épanouissement de l’intelligence ?

 

3. le dernier ancêtre commun (Ev) : et s’il n’existait tout simplement pas ?

 

4. East Side Story, la trop belle histoire (Ev) : on pensait, avec Yves Coppens, avoir trouvé la terre d’origine de l’Homme. On se trompait.

 

neandertal-hommel.jpg5. Néandertal et Sapiens, une quête de la spiritualité (Ev) : Néandertal était un homo à part entière, aussi intelligent que Sapiens. Pourquoi a-t-il disparu si totalement ?

 

6. les humains du paléolithique (Ev) : trois espèces d’hommes vivaient simultanément sur notre globe il y a seulement quelques milliers d’années. Une seule a survécu : la plus agressive ?

 

7. l’inné et l’acquis chez l’Homme (Ev) : en dépit de son relatif gros cerveau, l’Homme est un animal comme les autres ; a-t-il encore une part importante de caractères innés en lui ou s’est-il définitivement « civilisé » ?

 

8. la machination de Piltdown (Pa) : la Science, elle aussi, a ses faux prophètes et ses mystificateurs. Retour sur un raté emblématique.

 

9. l’âme (D) : pure spéculation d’essence religieuse ou existence réelle ?

 

10. la néoténie (Ev) : c'est la persistance de caractères infantiles à l'âge adulte et cette faculté très spéciale, particulièrement présente chez l'Homme, est une des clés de son succès adaptatif.

 

11. l'apparition de la conscience (Ev) : la conscience humaine est-elle apparue brutalement ou progressivement ? Chez un seul préhumain ? Plusieurs ? Directement chez homo sapiens ? Les réponses sont connues et rappelées dans ce texte...

 

12. du nouveau dans la généalogie de l'Homme avec Homo naledi (Ev) : nouvel homo ou nouvel australopithèque ? La découverte de fossiles dans la grotte de Naledi montre combien la lignée ayant conduit à Sapiens est foisonnante.

 

13. le mythe du chaînon manquant (Ev) : les créationnistes avancent toujours cet argument "d'absence de formes intermédiaires" mais c'est que ces "maillons manquants" n'existent que dans leur imagination !

 

14. les sentiments des animaux (Et) : les animaux eux aussi ont des sentiments et, par rapport à l'Homme, il ne s'agit pas d'une différence de nature mais de degré.

 

 

résistance de la Vie

 

 

1. l’agression (Et) : elle n’est pas ce que l’on croit, à savoir un comportement archaïque, mais, pour la Nature au contraire, un moyen de régulation des populations d’êtres vivants

 

2. cellules-souches (M) : incroyable espoir de guérison pour des millions d’êtres ou cauchemar eugénique ?

 

3. les mécanismes du cancer (M) : quels mécanismes sont susceptibles de faire apparaître les cellules cancéreuses ?

 

4. la notion de mort chez les animaux (Et) : on évoque le suicide de certains animaux mais ont-ils la notion de leur propre fin ?

 

predateur-requin_blanc.jpg5. superprédateurs et chaîne alimentaire (Ev) : sans les superprédateurs, pas de chaîne alimentaire harmonieuse d’où la nécessité de ne pas faire disparaître ces animaux de façon inconsidérée

 

6. les grandes pandémies (M) : une pandémie est-elle un facteur de régulation naturel ? Dans tous les cas, méfions-nous car nous ne sommes pas à l’abri de tels cataclysmes

 

7. grippe H1N1, inquiétudes et réalités (M) : l’épidémie était inquiétante car inconnue. Si elle revenait, faudrait-il à nouveau s’alarmer ?

 

8. le vaccin de la grippe H1N1 (M) : l’épidémie de grippe A fut la première du genre ; fallait-il se faire vacciner et quels sont les sujets les plus à risque ?

 

9. Retour sur la grippe H1N1 (M) : l’épidémie n’a pas été aussi redoutable qu’attendue ; quelles sont les leçons à retenir pour l’avenir ?

 

10. médecines parallèles et dérives sectaires (M) : entre médecines alternatives et charlatanisme, où se situe la limite ?

 

11. l’homéopathie (M) : discipline géniale et injustement décriée ou simple effet placebo ?

 

12. la mémoire (M) : tout être vivant a besoin de mémoire pour survivre mais la méoire, au fond, c'est quoi ?

 

13. Homo sapiens et la violence (Ev) : et si la violence faisait partie de l'Homme et que, plus encore, elle soit indispensable à sa survie ?

 

 

 

 

L’avenir

 

 

1. la paléontologie du futur (Pa) : comment prévenir nos lointains descendants des dangers enfouis ici ou là que nous leur laissons en héritage ?

 

2. vie extraterrestre (1) (A) : une vie, même fort différente de la nôtre, est-elle possible hors de la Terre ?

 

                          exoplanète

 

3. vie extraterrestre (2) (A) : et si, avec Asimov, on cherchait à calculer la probabilité d’une telle éventualité ?

 

4. SETI, une quête des extraterrestres (A) : SETI est une formidable expérience d’étude d’une éventuelle vie extraterrestre… jusqu’à présent sans résultats

 

5. ressusciter les dinosaures (Ev) : un rêve pas si fou que ça !

 

 

 

 

BRÈVES D'ASTRONOMIE

 

Ciel lointain

 

* voir dans le passé

* nombre des étoiles dans le ciel

* pulsars et quasars

* paradoxe de la nuit noire

* nouvelle étoile dans le ciel

* combien d’étoiles mortes dans le ciel ?

* formation des planètes

 

 

Ciel lointain (2)

 

* étoiles errantes

* galaxies cannibales

* mobilité des étoiles atour du système solaire

* supernova

* lentille gravitationnelle

* l’erreur du laboratoire de Parkes

* fausse nova

 

 

Ciel lointain (3)

 

* systèmes planétaires multiples

* l’exoplanète Kepler452b

* delta Cephei, la première céphéide

* la plus ancienne galaxie

* Zeta Ophuichi, une étoile en fuite

* quatre quasars

* l’étrange étoile KIC 8462852

* étoiles cannibales

 

 

Ciel lointain (4)

 

* Bételgeuse vue de près

* système à trou noir V404 Cygni

* la plus brillante des supernovas

* 2MASS J2126 planète errante en apparence

* nébuleuse de la Carène

* une naine blanche destructrice

 

 

Ciel lointain (5) : galaxies

 

* le quintette de Stephan

* galaxie étrange (galaxie du Condor)

* la galaxie dans Eridan et sa supernova

* encore plus de galaxies

* une galaxie bien étrange (NGC 660)

* Centaurus A, galaxie à noyau actif

* galaxies reliées (SDSS J1531 3414)

* la plus lointaine du Groupe Local (galaxie WLM)

 

 

Ciel lointain (6)

 

* l'amas globulaire Oméga du Centaure

* Êta Carinae, la bombe à retardement

* la nébuleuse de l'oeil du chat

* la mort du système solaire

* les céphéides, des phares dans l'espace

* pouponnière d'étoiles et vent stellaire

* les piliers de la création

 

 

Ciel lointain (7)

 

* la galaxie dans Eridan et sa supernova

* encore plus de galaxies !

* quasars disparus

* supernova dans la poussière galactique

* mort de Palomar 13

* voir l'invisible

* l'Hexagone d'Hiver

* place du Soleil dans la Galaxie

 

 

Ciel lointain (8)

 

* l'amas des Pléiades

* la nébuleuse de la tête de cheval bleu

* les dentelles du Cygne

* la couleur des étoiles

* l'avenir (lointain) du Soleil

* la supernova de Tycho Brahe

* une galaxie bien étrange

 

 

Ciel lointain (9)

 

la matière noire, cette inconnue 

bulle céleste

le grand vide de l'espace

M7, l'amas de Ptolémée

la galaxie du Marsouin

la plus lointaine galaxie du groupe local

faire du neuf avec du vieux

la nébuleuse de l'Esquimau

étoiles géantes volatiles bleues

 

 

Ciel lointain (10)

 

copie conforme (NGC 891)

la croix d'Einstein

la rose de Caroline (NGC 7789)

galaxies pouponnières (NGC 4038 et 4039)

la galaxie du Triangle M 33

l'anneau de Fomalhaut

interactions galactiques (NGC 5560, 5566 et 5569)

M 83, la galaxie aux mille pierres précieuses

une rose dans le ciel (Arp 273)

 

 

Ciel lointain (11)

 

mort d'une galaxie (NGC 1277)

l'étoile la plus lointaine observée

la galaxie du Chas de l'Aiguille (NGC 247)

ridelles galactiques (NGC 474)

les colères de Proxima du Centaure

la galaxie de la Roue de Chariot (ESO 350-40)

la beauté de la nébuleuse Trifide (M 20)

bizarreries planétaires

 

 

Ciel lointain (12)

 

vestiges galactiques

galaxie à noyau polaire

HH 24, naissance d'une étoile

étoiles et nébuleuses de poussière

les trous noirs des galaxies en fusion

la nébuleuse d'Orion, pépinière d'étoiles

galaxie spirale cotonneuse NGC 4414 et matière noire

RS Puppi, vraie céphéide dans la Voie lactée

amas globulaire 47 Tucanae NGC 104

des fantômes dans l'espace

 

 

ciel lointain (13)

 

NGC 55, galaxie irrégulière

les nuages de Magellan

l'œil de la nébuleuse

R Leponis, l'étoile-vampire

la galaxie du Hamburger

la nébuleuse de l'Ange Céleste

rémanent fantomatique

l'amas globulaire M22 et ses deux compagnon

galaxie poussiéreuse

nébuleuse du Cocon

 

 

ciel lointain (14)

 

galaxie masquée (IC 342)

galaxie du Sculpteur (NGC 253)

Eta Carinae dans toute sa splendeur

NGC 1512, galaxie atypique

nébuleuse du Crabe

le casque de Thor (NGC 2359)

une étrange spirale

le Crabe Austral

le triplet du Lion

la galaxie du Têtard et sa longue traîne

 

 

nébuleuses, bulles spatiales et galaxies lointaines

 

la nébuleuse du Crayon

l'amas stellaire Trumpler 14

RS Puppi, un phare dans l'espace

la galaxie du Sombrero

lentilles gravitationnelles

les étoiles les plus brillantes

la superbulle Henize 70

Sharpless 397, étoile de Wolf-Rayet

rémanent de supernova G 292.0-1.8

les jumelles siamoises (NGC 4564-67-68)

la galaxie aux mille rubis (M83, la Roue de Feu)

 

 

planètes, nébuleuses et galaxies

 

les tourbillons de Jupiter

regards lointains sur la Terre

le sourire du chat de Cheshire (lentilles gravitationnelles)

la danseuse espagnole (NGC 1566)

l'oeil de Sauron (nébuleuse du Sablier)

nuit sur Pluton

transit Mercure-Soleil

les cratères de la Lune

une sœur de la Voie lactée (NGC 4321/M100)

traces dans le ciel (galaxie de l'Écharde)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BRÈVES DE PALÉONTOLOGIE / ÉVOLUTION

 

          

Chroniques du vivant 1

 

* espèces en voie de disparition

* intelligence des corvidés

* l’homme de Néandertal, cet inconnu

* un poisson vieux de 420 millions d’années

* les couleurs du monde sous-marin

* crocodiles futés

* l’animal le plus âgé jamais découvert

 

 

 

Chroniques du vivant (2)

 

* le braconnage des éléphants ne faiblit pas

* mémoire des animaux

* la plus ancienne des Américaines

* la déforestation, une plaie moderne

* la sixième extinction de masse

* les sentiments des animaux

* l’outil n’est pas le propre de l’Homme

* prédation nocturne

 

 

 

Chroniques du vivant (3)

 

* lueur d'espoir pour le corail

* l'ennemi n'est pas toujours celui qu'on croit

* une araignée héroïque

* le plus vieux meurtre du monde

* un imitateur doué

* éthologie : la politique de l'infanticide

* oiseau faussaire

 

 

 

 

 

 

Crédits photos :

 

1. la Terre la nuit, vue de l'espace ( sources : gizmodo.fr)

2. boson de Higgs (sources : slate.fr)

3. fonds diffus cosmologique (sources : astronomie.skyrock.com)

4. le petit nuage de Magellan (sources : cieletespace.fr)

5. les anneaux de Saturne (sources : ascensionplanetaire.com)

6. la Pangée (sources : fr.wikipedia.org/wiki/Pangée)

7. mimétisme : un turbot (sources : ecosociosystemes.fr)

8. Neandertal (sources : lekinorama.com)

9. superprédateur : le grand requin blanc (sources : dinosoria.com)

10. vue d'artiste d'une exoplanète (sources : morbius.unblog.fr)

(pour en lire les légendes, passer le curseur de la souris sur les illustrations)

 

 

 

 

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Mise à jour : 22 avril 2024

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Publié le par cepheides
Publié dans : #biologie, #Évolution

 

 

        

 

  

 

 

 

     Depuis qu’ils ont une conscience, rien n’a plus préoccupé les Hommes que l’explication du début de la Vie sur notre planète et donc la révélation de leur propre origine. Les religions ont cherché des réponses, variables selon les latitudes, mais il s’agissait alors plus d’un acte de foi que d’une approche scientifique rationnelle. La science a également longtemps hésité et s’il lui est encore impossible de trancher de façon définitive, elle a permis de tracer quelques pistes : voyons cela de plus près.

 

 

 


Des interrogations historiques

 


     L’explication de l’origine de la vie sur Terre occupe les esprits depuis toujours, en tout cas depuis plus de 2500 ans. Au début et en l’absence de toute étude scientifique crédible, hors de portée des savants de l’époque, la majorité des philosophes de l’antiquité proposèrent la notion de « génération spontanée » : Aristote, par exemple, imaginait que les êtres vivants, notamment les espèces dites « inférieures », sont la résultante d’une coagulation de terre et d’eau sous l’influence de la chaleur, celle du soleil notamment. Il pensait que « des forces » en sont responsables mais sans en expliquer ni l’origine, ni la nature. Cette notion de force sera secondairement reprise, notamment en Occident, par l’Eglise qui y verra un « élan vital », c'est-à-dire un principe d’inspiration divine qui, seul, peut transformer de la matière inanimée en êtres vivants. Durant des siècles on en restera là et il faudra attendre les travaux de Pasteur pour réfuter définitivement cette notion d’une création à partir de rien.

  
      Il faut dire que, quelques années auparavant, Darwin avait jeté un véritable pavé dans la mare avec sa théorie de l’évolution qui stipulait que tous les êtres vivants proviennent d’un ancêtre unique et ce grâce à la sélection naturelle, une théorie clairement mécaniciste guidée par la nécessité et, en fin de compte, par le hasard. Dès lors, les premières idées cohérentes sur l’origine de la Vie purent commencer à voir le jour.

  
     L’anglais John Haldane (1892-1964), ayant remarqué qu’un mélange d’eau, de gaz carbonique et d’ammoniac placé dans un milieu riche en rayons ultraviolets produit de la matière organique, propose alors une « soupe primitive prébiotique ». Pour lui, les radiations ultraviolettes provenant du Soleil (ou de décharges électriques des volcans ou de la foudre) cassent les molécules simples de l’atmosphère primitive et permettent ainsi la libération de radicaux qui se combinent rapidement pour former des molécules plus complexes et plus lourdes.

  
     Le russe Alexandre Oparine (1894-1980) lui emboîte le pas quelques années plus tard en expliquant que l’agrégation de molécules en molécules de plus en plus complexes finit par aboutir à une structure susceptible de se fermer par une membrane devenant ainsi une espèce de cellule primitive. En somme, on a affaire à une complexification progressive, la sélection naturelle se chargeant de conserver les structures les plus stables.

  
    Il faudra néanmoins attendre 1953 - et sa fameuse expérience - pour que l’américain Stanley Miller permette une avancée conceptuelle véritable.

 
 

 

 
L’expérience de Stanley Miller

 

  
     Dans les années 50, Stanley Miller (1930-2007) est un jeune étudiant qui prépare sa thèse de doctorat. Le scientifique s’intéresse à l’origine de la Vie sur Terre et aux conditions dont on supposait qu’elles prévalaient sur notre planète à son tout début. Il cherche donc à recréer ces conditions en construisant un dispositif comprenant deux grands ballons réunis par des tubulures de verre. Dans le premier, il met de l’eau chauffée sensée représentée l’océan primitif et dans le second un mélange de vapeur d’eau et de gaz parcouru par des décharges électriques (l’atmosphère primitive).

 

     Surprise : après environ une semaine, 2% du carbone du premier ballon ont été transformés en acides aminés qui, on le sait, sont les constituants indispensables à la matière vivante… Troublant ! D’autant que, cette même année 1953, Watson et Crick décrivent la structure en double hélice de l’ADN qui permet de comprendre enfin la transmission de l’information génétique. L’expérience de Miller est évidemment répétée par de nombreux scientifiques et l’un d’entre eux, en 1961, aboutit à la synthèse d’adénine, une des quatre bases constituant l’ADN !

  
     On ne peut évidemment s’empêcher de repenser à la théorie de Darwin pour qui le point de départ aurait pu être « un marais d’eau chaude contenant des sels d’ammoniac et de phosphore ayant conduit à la formation des premières molécules organiques grâce à l’action conjuguée de chaleur et d’électricité ». Si l’on ajoute à cela que c’est à peu près à cette époque qu’on commence à décrire des roches très anciennes ayant une origine biologique, les stromatolithes, on comprend qu’on puisse tenter d’imaginer sérieusement le cheminement de la Vie.

 

 

 

 

Les différentes étapes

 


     La Terre, comme l’ensemble du système solaire, s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années mais, au tout début, elle était impropre à l’apparition de la Vie : nous sommes encore dans un système instable avec des agrégations de roches (ayant conduit à la formation des planètes) et donc la présence de beaucoup d’objets errants. Notre planète est alors bombardée sans discontinuer par une foule de météorites plus ou moins grosses et le siège d’une importante activité sismique et volcanique : il faudra attendre 500 millions d’années pour que la situation se stabilise. Nous savons par ailleurs (les fameux stromatolithes déjà évoqués) qu’une vie rudimentaire était déjà présente vers – 3,5 milliards d’années. On peut donc en déduire que c’est un peu avant cette période que la Vie est apparue, finalement assez tôt dans l’histoire de notre globe.

 

 
          • La Terre d’origine, vers – 4 milliards d’années


     Les précipitations de météorites se sont raréfiées et les volcans quelque peu calmés. L’atmosphère de cette époque est composée principalement de méthane, donc irrespirable, mais elle est riche en eau et en hydrogène. La température de surface a diminué et le jeune Soleil brille moins qu’aujourd’hui, ses rayons étant filtrés par une atmosphère lourde et pesante. Toutefois, un élément fondamental est présent, le carbone, dont les quatre liaisons atomiques en font un candidat irremplaçable pour la formation de molécules susceptibles de donner des êtres vivants. Les océans sont par ailleurs un endroit idéal pour la solubilisation des molécules et l’apparition des premières briques chimiques du vivant, les acides aminés (voir plus haut l’expérience de Miller).

 

 
          •
Les acides aminés


     Ce sont eux qui sont le fondement de toutes les protéines existant sur notre planète. Associés à certaines molécules comme des acides gras (qui ont la particularité de former des gouttes, puis des vésicules), ils peuvent conduire tout naturellement à la formation de véritables protocellules (cellules primitives) sous certaines conditions de chaleur et de pression, peut-être à proximité de ces fameux « fumeurs noirs » encore présents au fond de nos océans et dont on sait qu’ils favorisent grandement la synthèse biochimique. Mais exister une fois ne suffit pas : pour survivre, un être vivant doit se dupliquer en transmettant à ses descendants les informations – son adaptation au milieu – qui lui ont permis d’exister. Il faut donc qu’apparaisse aussi une certaine forme de codage.

 

 
          • Apparition de la duplication : le monde de l’ARN


     La majorité des scientifiques d’aujourd’hui pensent que le codage primitif des premières protocellules est passé par l’ARN, plus simple que l’ADN (qui compose le code génétique du vivant actuel). Plus simple - et pouvant donc permettre les premiers échanges codés entre les structures qui deviendront de vraies cellules - mais également moins stable car il ne comprend qu’un seul filament, forcément fragile. Atout toutefois primordial : ce filament peut se répliquer par simple contact. A l’inverse, ce n’est pas le cas de l’ADN, composé de deux filaments collés l’un à l’autre (la double hélice), qui est infiniment plus stable mais incapable de se répliquer seul puisqu’il faut « l’ouvrir, le lire et copier l’information génétique ». L’association des deux types d’acides nucléiques conduit à ce que l’on sait de nos jours de la transmission génétique : le « code du vivant » est stocké dans l’ADN qui varie très peu et est lu par des ARN (« messagers », « de transfert », etc.) qui permettent la transformation de l’information en molécules très précises, toujours les mêmes.

 

 
          • Le monde de l’ADN et l’arbre de l’évolution


     Du fait de cette association ADN/ARN, une information génétique invariable (moins les inévitables « mutations », voir le sujet les mécanismes de l'évolution) peut se transmettre et permettre l’organisation d’un être vivant qui sait se reproduire. Ensuite, l’Evolution n’a plus qu’à se faire – avec le temps, beaucoup de temps – vers une complexification progressive, le tout sous l’emprise de la sélection naturelle, un mécanisme automatique… On peut résumer cette avancée de la façon suivante :

 

 
* entre – 4 et – 3 milliards d’années : apparition des cellules procaryotes (c'est-à-dire sans noyau) où l’information génétique encore rudimentaire est emmagasinée dans une simple enveloppe lipidique qui contient les enzymes nécessaires au fonctionnement cellulaire ;

 

 
* entre – 3 et – 1,5 milliards d’années : apparition des cellules eucaryotes qui comprennent non seulement une enveloppe externe séparant la cellule de son milieu mais également une deuxième enveloppe, interne et constituant le noyau, qui protège l’information génétique du cytoplasme où se font les réactions cellulaires ;

 

 
 * entre – 2 et – 1 milliard d’années : certaines cellules accueillent des organites, c'est-à-dire de petites structures spécialisées (comme les mitochondries) dont on pense aujourd’hui qu’elles sont issues d’une association (une symbiose) entre les cellules eucaryotes et des bactéries archaïques ;

 

 
* vers – 1 milliard d’années : des cellules, toutes semblables, s’organisent pour former des structures plus grandes et plus complexes sous forme de filaments organiques ;

 

 
* vers – 500 millions d’années : apparition des tissus qui, peu à peu, comprennent des cellules de plus en plus spécialisées. On aboutit alors à la formation d’organismes pluricellulaires. La suite est connue… Précisons quand même que, si la vie est apparue relativement tôt dans l'histoire de la Terre, il aura fallu attendre plus de 3 milliards d'années pour voir exploser la biodiversité !

 
 

 

 
Le point de départ

 

 
     • L’atmosphère


     J’ai déjà longuement évoqué l’expérience de Miller qui orientait l’apparition de la Vie vers un point de départ atmosphérique. Malheureusement, on sait à présent que l’atmosphère primitive n’était probablement pas celle que le scientifique avait retenue : l’atmosphère primitive était plus composée de dioxyde de carbone et d’azote que de méthane et d’ammoniac. Or le mélange azote/dioxyde de carbone est moins propice à la formation des acides aminés. Pour compenser cette relative limitation, il faut ajouter la présence d’une assez grande quantité d’hydrogène ce qui est finalement loin d’être impossible : comme on le verra, ce dernier aurait pu se former autour des sources hydrothermales. Une autre objection souvent avancée est la durée : pour que ces mécanismes s’enclenchent, il est nécessaire que cette atmosphère un peu particulière reste stable sur une plutôt longue période. Combien de temps ? Cela reste encore à déterminer. Quoi qu’il en soit, l’apparition de la Vie sur Terre à partir d’une atmosphère plus ou moins enrichie en hydrogène et parcourue de décharges électriques est assez bien acceptée par les scientifiques actuels. Ce mécanisme n’est bien sûr pas le seul retenu.

 

  
     • Les océans


     Dans un sujet précédent (voir sujet vie extraterrestre - 2), j’évoquais une des conditions semble-t-il indispensable à l’émergence du vivant : l’eau liquide. Dès lors, comment ne pas penser aux océans, présents très tôt sur notre planète ? A vrai dire, jusque dans les années 70, on voyait assez mal comment ceux-ci auraient pu intervenir (un échange de surface ?) mais, à cette époque, pour la première fois, sont décrites les sources hydrothermales profondes, les « fumeurs noirs ». Riches en ressources minérales, ces fumeurs sont également une importante source d’énergie provenant des entrailles de la Terre et on peut imaginer assez facilement que ce soit dans leur environnement qu’apparurent les premiers acides aminés : certains scientifiques en sont convaincus.

 

  
     • Les solutions alternatives

 


     * la panspermie : formulée au début du 20ème siècle, cette hypothèse envisage l’apport de molécules organiques venues d’ailleurs que de la Terre, au moyen de certaines météorites qui, ainsi, pourraient faire transiter ces premières briques du vivant d’une planète à l’autre. Voire, pourquoi pas ?, de bien plus loin, d’au-delà du système solaire, en une sorte de gigantesque « pollinisation » de la Vie dans l’espace interstellaire… Tombée en désuétude depuis les années 1950 (Miller, toujours lui !), elle possède encore certains partisans mais notons au passage que la théorie ne fait que repousser le problème : il faut bien qu’il y ait eu quelque part un début…

 

 
     * les autres planètes : on sait que certaines météorites retrouvées sur le sol de notre planète sont d’origine extra-terrestre : quelques unes d’entre elles proviennent de la Lune mais il s’agit là de notre proche banlieue et d’un astre certainement stérile. En revanche, les météorites d’origine martienne témoignent de relations certaines entre les deux planètes : dès lors, pourquoi ne pas imaginer que… C’est tout l’enjeu de l’exploration de Mars, actuellement en cours, mais qui, jusqu’à présent, ne nous a pas révélé grand-chose et, de toute façon, là aussi on repousse le problème.

 
     Il existe dans le reste du système solaire des planètes – notamment certains satellites des géantes gazeuses – qui ont été proposées. Encelade, par exemple, un satellite de Saturne, sur lequel les scientifiques ont cru déceler des geysers d’eau liquide et quelques composés organiques, ou Titan, une autre lune de Saturne. Ailleurs, c’est Europe, satellite de Jupiter, qui est appelé à la rescousse car on soupçonne que cette planète recèle peut-être un océan d’eau salée… mais recouvert d’une couche de glace de 100 km d’épaisseur ! Bref, on cherche.

 

  

     Au bout du compte, quand on souhaite comprendre l’origine de la Vie, on s'aperçoit que la science actuelle suit des pistes sérieuses. Il est probable que l’apparition des premières cellules, puis leur réplication, a dû se faire – à certaines possibles nuances près – comme cela vient d’être sommairement décrit dans ce sujet. Il paraît par contre plus malaisé de savoir avec certitude si cette première manifestation de la Vie s’est effectivement faite sur Terre et si oui, dans quel milieu plus spécifique. Peut-être, d’ailleurs, cette certitude nous échappera-t-elle toujours mais une chose semble certaine à mes yeux : compte-tenu du nombre incroyable de planètes existant dans l’Univers (il y en a des milliards de milliards, dans notre Galaxie et ailleurs), il semble évident à tout homme de bonne foi comprenant les statistiques les plus élémentaires que cette « émergence » du vivant que l’on commence à peine à comprendre s’est forcément déjà produite ailleurs. Et se produira encore. C’est la raison qui le veut.
 

 

 
 

 Images

 
1. la création d’Adam, Michel Ange, chapelle Sixtine
(sources : : www.svt.ac-versailles.fr/)
2. Louis Pasteur (sources : fr.wikivisual.com)
3. expérience de Stanley Miller (sources : : planete-terre.tripod.com/)
4. la double hélice d'ADN (sources : www.ogm.gouv.qc.ca)

5. un "fumeur noir" (sources : www.ifremer.fr)

6. ciel lointain (sources : irfu.cea.fr)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

 Brêve : l'ARN peut s'aurorépliquer

 

     Des chercheurs de l'Institut Scripps Research en Californie ont réussi à répliquer de l'ARN sans l'aide de protéines. Ils ont associé deux ARN dont chacun assure la réplication de l'autre. Le système s'autoréplique ainsi indéfiniment à l'identique. Avec parfois des erreurs, sources de mutations et donc de diversité, comme avec l'ADN. Voilà qui renforce l'hypothèse que les prémisses de la vie reposent sur des ARN jouant tous les rôles nécessaires à la vie.

(Science & Vie, 1098, mars 2009)

  

 

 Mots-clés :  Aristote - génération spontanée - Pasteur - Darwin - John Haldane - Alexandre Oparine - Stanley Miller - ADN - double hélice - ARN - stromatolithes - fumeurs noirs - cellule procaryote - cellule eucaryote - mitochondrie - sources hydrothermales - panspermie

  (les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

 Sujets apparentés sur le blog :

 

1. les mécanismes de l'Evolution

2. Vie extraterrestre (2)

3. pour une définition de la Vie

4. le rythme de l'évolution des espèces

5. le hasard au centre de la Vie

6. origine du système solaire

 

 

 

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Mise à jour : 2 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #divers

Parues sur le fil Facebook du blog, voici quelques "brêves" supplémentaires

 

 

LE BRACONNAGE DES ÉLÉPHANTS D'AFRIQUE À SON PLUS HAUT NIVEAU

 

 

   Ces derniers mois, le massacre des éléphants d'Afrique a pris une ampleur sans précédent au point qu'on peut légitimement se demander s'il restera encore de ces animaux dans 20 ans ! De 1,2 million en 1980, les éléphants ne sont plus que 500 000 aujourd'hui et on prévoit que 20% de plus disparaitront encore dans les 10 ans.

   Pourquoi ce carnage alors que, depuis des années, les gouvernements locaux aidés par des associations puissantes promettent d'y mettre un terme ? D'abord parce que le cours de l'ivoire atteint des sommets inégalés tant la demande asiatique est importante (et les ressortissants de ces pays de plus en plus fortunés). Ensuite parce que des groupes terroristes se financent au passage (Soudan, Ouganda, Somalie, Congo). Enfin parce que les dirigeants du monde entier ont l'esprit ailleurs (crises diverses, conflits ici ou là, recherche de profits et compétitions commerciales, etc.). Bilan : 22 000 éléphants exécutés en 2013, leurs défenses sciées et leurs carcasses pourrissant dans la savane. Cela représente 2,5 fois plus de massacres qu'en 2000 ! Et l'année 2017, pour ce qu'on en sait, a été encore plus meurtrière...

   Du coup, les pays concernés par le braconnage (Kenya, Niger, Gabon, etc.), ceux concernés par le transit (Malaisie, Vietnam, Philippines, etc. ) et les principaux pays de consommation (Chine, Thaïlande, etc.) ont décidé d'unir leurs efforts pour lutter contre le fléau. Tuer un éléphant sera dorénavant considéré comme "un crime grave" et l'arsenal dissuasif sera renforcé ! On voudrait y croire...

   Cela me rappelle les grands prêtres égyptiens qui faisaient orner les tombes des pharaons de formules effrayantes et dissuasives, faisaient creuser de fausses galeries et de fausses chambres mortuaires pour tromper et perdre les voleurs, faisaient installer des pièges, des puits et des trous profonds, le tout dans une obscurité totale. Peine perdue : dès la plus haute antiquité, les tombes royales avaient été pillées tant l'appât du gain est un puissant stimulant... Je parie qu'il en sera de même des bonnes résolutions de protection des éléphants. En fait, il faudrait tirer à vue sur les braconniers mais, comme nous sommes des gens très civilisés, c'est totalement impossible. Je suis donc à peu près certain que mes petits-enfants ne connaîtront les éléphants que par les quelques exemplaires restant dans les zoos.

crédit image : blinmaignelay.bbfr.net

 

 

 

 

LES ANIMAUX ONT DE LA MÉMOIRE !

 



   Comme je le faisais remarquer dans le sujet traitant de l'intelligence animale, celle-ci ne peut exister que si elle s'appuie sur une bonne mémoire. Justement, les animaux ont en général une excellente mémoire : la preuve vient d'en être une nouvelle fois apportée par l'anecdote qui suit.

   Du temps de la guerre froide, la zone qui séparait la République tchèque et la République fédérale d'Allemagne de l'Ouest était truffée d'ouvrages de protection et de clôtures, le tout intensément électrifié afin de décourager les éventuels transfuges (mais aussi les attaques potentielles de part et d'autre). Cette situation date d'une quarantaine d'années et pourtant les cerfs vivant aujourd'hui dans cette contrée continuent d'éviter la zone frontalière : aucun de ces animaux n'a évidemment connu cette période pour eux lointaine puisque les cerfs ne vivent qu'une quinzaine d'années environ... Les relevés GPS effectués entre 2005 et 2011 sur plus de 100 cerfs répartis de part et d'autre de cette frontière sont catégoriques : la zone anciennement électrifiée est désertée par ces animaux. Il semble que ce soit les biches qui transmettent l'info à leurs petits qui, par la suite, conserveront ces habitudes d'évitement !

   Cela prouve une chose : non seulement les cerfs ont une bonne mémoire mais ils sont, de plus, capables de transmettre des informations acquises à leur descendance. Une indéniable forme d'intelligence...


pour en savoir plus sur l'intelligence animale : http://www.cepheides.fr/article-de-l-ethologie-l-intelligence-animale-1-113522902.html
image : claudinedu11200.centerblog.net

 

 

 

NAIA, LA PLUS ANCIENNE DES AMÉRICAINES
 


  

   Le crâne et le squelette quasi-complet d'une jeune femme d'environ quinze ans ont été retrouvés au fond d'une grotte totalement immergée du Mexique appelée le "trou noir" (Hoyo Negro). Les scientifiques ont étudié ces restes durant plus de 7 ans car, d'après la datation au Carbone 14, Naïa (c'est ainsi qu'ils l'ont nommée) vivait dans cette partie du Mexique, le Yucatan, il y a environ... 13000 ans ! Ce qui en fait actuellement le plus vieux fossile humain du continent américain. Depuis la découverte du squelette en 2007, on en sait un peu plus sur la jeune femme, qui est probablement tombée dans cette grotte, autrefois située au dessus du niveau de la mer, et s'y est brisé le bassin. Impossible pour elle alors de remonter, à moins évidemment qu'elle ne soit morte sur le coup...

   Après avoir étudié le squelette dans son endroit naturel, l'eau, les scientifiques ont reconstitué numériquement le squelette afin de comprendre ce qu'il s'était passé. Ils ont ensuite prélevé quelques brins d'ADN dans une dent (une molaire) ce qui a permis de mettre en évidence le profil génétique asiatique de Naïa. Comme l'anatomie de la jeune femme l'apparente sans hésitation aux autres fossiles paléoaméricains, on peut en induire que les premiers occupants des Amériques ont pénétré le nouveau monde par le détroit de Béring, en provenance directe de la Sibérie.


image : premiers Américains (sources : hebdomadaire Valeurs Actuelles)

 

 

LA DÉFORESTATION, ENCORE ET TOUJOURS
 

 


   Homo sapiens continue son œuvre de destruction des ressources naturelles de la Terre, notamment des forêts, pourtant proclamées "poumons de la planète" et abritant des milliers d'espèces souvent encore inconnues et qui disparaissent avec elles. Rien n'y fait : congrès, moratoires, traités internationaux, décrets, etc. se sont multipliés sans résultats; le pillage continue imperturbablement, parfois même, comme au Brésil, dans des zones en principe protégées par l'État ! Il faut dire que cela rapporte tellement d'argent...

   Cette année (2014), la palme du mauvais élève revient à l'Indonésie avec 840 000 ha de forêt vierge abattue, nouveau record de destruction de la forêt tropicale, souvent primaire d'ailleurs. Le Brésil qui n'a détruit "que 480 000 ha" devient presque fréquentable. Bilan global : en 2013, selon la FAO, c'est 13 millions d'ha qui sont partis en fumée, soit la surface de l'Angleterre... On peut le dire autrement : le déboisement correspond à plus de quarante terrains de football PAR MINUTE !

   Et pourquoi un tel massacre ? Eh bien, pour l'argent évidemment car au delà des surfaces converties en terrains agricoles, il y a le trafic des bois rares qui détruisent les forêts les plus anciennes et les plus riches et, en Indonésie et Malaisie, la culture du palmier à huile qui fait des ravages... alors que l'huile de palmiste, très riche en acides gras saturés, est fortement déconseillée par le corps médical !

   Les scientifiques nous le disent : cette déforestation contribue pour 20% du réchauffement climatique. Et nous, on nous demande d'éteindre l'électricité quand on quitte une pièce !


Image : déforestation à Bornéo
(sources : pleasehelpstopdeforestation.blogspot.fr/)

 

 

 

 

LA SIXIÈME EXTINCTION DE MASSE EST COMMENCÉE
 

un trilobite : après avoir dominé le monde durant 200 millions d'années, ces animaux disparurent au Permien, vers - 245 millions d'années, victimes de la troisième extinction de masse


 

   Dans le passé de notre planète, au cours de presque 500 millions d'années de présence de la vie organisée, il y a eu cinq extinctions de masse qui, chaque fois, ont failli faire disparaître toute vie sur Terre.

   Une nouvelle extinction massive est en marche si l'on en croit les chiffres avancés par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Qu'on en juge : les scientifiques ont suivi 10 380 populations d'animaux représentant 3 038 espèces de mammifères, reptiles, oiseaux, poissons et amphibiens.

   Le constat est sans appel : 76% de baisse de population pour les poissons (les plus touchés sont ceux vivant en eau douce) et 39% pour les animaux terrestres...

   Les causes ? La pêche intensive, la chasse (et le braconnage), la destruction des réserves naturelles (et donc des habitats), notamment par la déforestation sauvage et, bien sûr, le réchauffement climatique. Bref la présence de l'homme et de son esprit de lucre...

   Les cinq extinctions précédentes avaient mis des milliers, voire des centaines de milliers d'années pour aboutir à la destruction du Vivant mais, les hommes, eux, auront mis à peine 200 ans pour en arriver où nous en sommes ! Prodigieuse performance... Que voulez-vous, on n'arrête pas le progrès !


Pour en savoir plus sur les extinctions de masse précédentes : https://www.cepheides.fr/article-16856993.html
(crédits photo : Wikipedia)

 

 

LES ANIMAUX ONT-ILS DES SENTIMENTS ?
 

 


   Voilà une notion difficile à affirmer tant les comportements des animaux semblent liés à l'instinct et aux réflexes conditionnés. Pourtant certains scientifiques pensent que cela est possible pour certains animaux dits d'intelligence supérieure comme les grands primates... ou les éléphants.

   Voici une anecdote à verser au dossier. Nous sommes en 2013, à la réserve de Rongchengen, en Chine. Un jeune éléphanteau est mis en présence de sa mère peu après la mise-bas. Hélas, la mère ne veut pas reconnaître son enfant et elle le rejette violemment. L'éléphanteau essaye à plusieurs reprises de revenir vers elle mais rien n'y fait. Du coup, le bébé éléphant se met à l'écart pour pleurer durant cinq heures sans que rien ni personne ne puisse le "consoler" ! Pur hasard ?

   De le même façon, en Inde, un éléphant qui vivait des sévices insupportables depuis près de 50 ans s'est vu libérer par une organisation humanitaire (North London Charity Wildlife). Une fois mis à l'abri, alors qu'on lui enlevait ses chaînes, l'animal s'est mis à pleurer en silence durant de longues minutes... Hasard encore ?

   La différence entre les animaux et l'Homme (un primate supérieur) n'est pas une affaire de nature mais de degrés. Dès lors, puisque pourvus d'un système nerveux central et la possibilité d'innover, donc de réfléchir, pourquoi certains animaux évolués ne pourraient-ils pas être dotés de sentiments et d'émotions ? De la même façon, pourquoi ne pourraient-ils pas - même confusément - pressentir ce qu'est la mort ? Sur ce dernier point, on trouvera une réflexion sur le sujet ici :
cepheides.fr/article-de-l-ethologie-la-notion-de-mort-chez-les-animaux-61983648.html


(Crédit-photo : tvanouvelles.ca/)

 

 

L'OUTIL N'EST PAS LE PROPRE DE L'HOMME !

 

un chimpanzé et sa baguette "attrape-fourmis"



   J'ai récemment entendu sur une chaîne de télé un commentateur affirmer que ce qui différenciait les hommes des autres êtres vivants était leur faculté à fabriquer des outils... Quelle ignorance de la part de ceux qui croient nous informer !

   En effet, parmi les singes et grands primates, l'Homme n'est pas le seul à se servir d'outils. Par exemple, on a depuis longtemps observé des chimpanzés affûtant des pieux pour chasser ou fabriquant des sortes d'éponges pour boire et se laver ou bien encore, comme sur la photo ci-dessus, confectionnant de longues baguettes pour capturer les fourmis et autres insectes dans les anfractuosités inaccessibles à la main. Les gorilles, quant à eux, sont bien connus pour tester la profondeur d'une mare d'eau à l'aide d'un bâton tandis que les singes capucins constituent, à l'aide de deux pierres, enclume et marteau pour casser des noix... Les éléphants savent fabriquer des couvercles pour protéger leurs trous d'eau, etc.

   Et cette faculté à utiliser des outils n'est pas propre aux mammifères : certaines espèces de vautours se servent de pierres pointues pour percer les œufs tandis que la loutre de mer utilise des pierres pour casser les coquillages... tout comme la mouette rieuse chère à Gaston Lagaffe qui laisse tomber des objets lourds pour briser les coquillages de son futur repas...

   D'ailleurs, concernant les hominidés, n'en déplaise à notre journaliste mal renseigné, ce n'est pas homo sapiens (l'homme moderne) qui a "inventé" les outils : il y a plus de 2,5 millions d'années certains australopithèques affûtaient déjà des galets pour les rendre plus tranchants.

   Il faut savoir rester modeste ; certes, l'Homme a construit et utilise des outils extraordinairement plus complexes et plus performants (c'est ça qui est remarquable) mais, dans ce domaine, il n'a rien inventé ! On en saura un peu plus en se référant à deux articles du blog évoquant plus particulièrement ces sujets : "le propre de l'Homme" (
http://www.cepheides.fr/article-23002687.html) et "l'apparition de la conscience" (http://www.cepheides.fr/article-de-l-evolution-l-apparition-de-la-conscience-123701622.html).

Crédit-photo :  pratique.fr

 

 

PRÉDATION NOCTURNE

 


   La prédation a lieu toujours et partout ! Même dans les endroits les plus improbables et dans les conditions les plus bizarres. Tenez : prenez le cas du chaenophryne longiceps, un carnassier des grandes profondeurs océanes (- 3000 m) dont l'image figure ci-dessus.

   Là où sévit ce prédateur, le monde est dans une obscurité totale : le chaenophryne a la forme d'une boule d'un noir de jais mais il possède un leurre luminescent, à savoir une longue tige membraneuse située juste au dessus de sa redoutable mâchoire aux dents acérées. Les proies, elles, ne voient que cette lumière aveuglante et si attirante pour l'endroit qu'elles se jettent directement dans la gueule de leur pire ennemi...

   Le chaenophryne est un animal très très spécial et représente une singularité en éthologie. En effet, sa sexualité est des plus extraordinaires : le mâle, beaucoup plus petit que la femelle, passe son temps (quand il ne mange pas) à la chercher grâce à son odorat extrêmement développé et lorsqu'il la trouve, il la mord mais en libérant une enzyme qui dissout et sa bouche, et la partie mordue de la femelle. Les deux animaux fusionnent alors leur système sanguin et le mâle se met à mourir peu à peu en se résorbant dans la femelle ! D'abord ce sont les organes digestifs qui disparaissent puis le cerveau, les yeux et, en dernier, les organes reproducteurs, à savoir les testicules qui libèrent leur semence avant, eux aussi, de se dissoudre...

   L'Évolution donne parfois des solutions pour le moins inattendues mais ici, si cette étrange situation sexuelle perdure, c'est que l'espèce y a trouvé son avantage. La Vie, parfois, emprunte des cheminements bizarres !


D'autres exemples de prédation nocturne ici : www.cepheides.fr/article-de-l-evolution-la-nuit-du-chasseur-ou-la-predation-nocturne-122917415.html

Image ; dessin d'un chaenophryne longiceps (sources en.wikipedia.org)

 

 


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mise à jour 23 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #Évolution



Pour le trentième article du blog, il me paraît judicieux de revenir sur les commentaires les plus intéressants parus au fil des jours.  Au delà de la simple information, quelquefois passé inaperçue,  ils pourront peut-être permettre d'approfondir certaines idées... Aujourd'hui : la théorie de l’évolution.
Bonne lecture
.


 

Charles Darwin




 


Sujet
 : science et religion


4 septembre 2007 (par Didier R.)

     Je prends toujours un grand plaisir à te lire et à suivre ainsi le cours de tes idées. Cependant, je ne comprends pas bien pourquoi tu reprends ce vieux procès qui consiste à opposer religion et Science… Dans la bibliothèque de Platon, il y avait un rayon des ouvrages de "physique", en gros les sciences naturelles, et au dessus le rayon de ouvrages traitant de morale, de religion, de convictions diverses et en raison de son emplacement par rapport au premier on l'appelait la " méta, au dessus-donc, physique ".  Rien à voir l'un avec l'autre ; c'était il y a deux mille cinq cent ans…
     Je ne sais pas quelle est la part du hasard dans la marche de l'univers, pas plus que son origine ou sa fin, pas davantage le sens du temps, encore moins l'explication de notre existence, qui jusqu'à présent est la chose la plus compliquée qui soit… le cerveau humain… quand même…
     Il n'est pas dans mon propos de contester l'évolution mais enfin, comme beaucoup et toi aussi je suppose, on ne peut laisser la pensée s'arrêter à des certitudes au risque de la stériliser.
     Je ne sais pas si tu as lu cette polémique à propos du sphénoïde… Un chercheur français a cru pouvoir démontrer que les deux torsions qui caractérisent cet os sont issues d'un programme génétique bien antérieur à l'apparition de l'homme, ce qui pourrait signifier que la torsion aurait été prévue avant qu'elle ne se produise et que par conséquent le développement de l'encéphale eut été ainsi rendu possible… énorme polémique scientifique… les créationnistes avaient encore frappé ! Autre histoire, le flagelle… il parait que sa constitution et sa mécanique serait un défi aux lois de l'évolution....
     Un peu de science éloigne de Dieu, un peu plus y ramène, disait l'autre, c'est à dire je ne sais plus qui… Enfin, je citerai encore ce mot qui pour ma part, me convient infiniment dans son ambiguïté : " l'exact n'est pas le vrai…"… Pas très scientifique sans doute, ce bon Victor Hugo....

 

Réponse (par cepheides)

     Loin de moi l'idée de vouloir rouvrir un débat opposant science et religion ! Comme tu as pu le constater, les sujets du blog évoquant la religion sont rares et concernent toujours, non la Religion, mais certains de ses thuriféraires, c'est à dire ses fanatiques ou, pour parler plus moderne, ses intégristes. Je pense tout particulièrement à certains créationnistes extrémistes comme les évangélistes américains (mais il existe de tels individus dans toute religion). Pourquoi eux ? Parce qu'ils rejettent toutes les preuves, expériences, théories et hypothèses scientifiques qui ne cadrent pas avec leur approche absolutiste (Comment peut-on prétendre raisonnablement aujourd'hui que la Terre a 5 000 ans ou que "Adam et Ève furent les premiers humains" ?). Cela ne me gênerait pas outre mesure s'ils ne faisaient pression sur les autorités responsables pour invalider ou neutraliser la recherche scientifique (voir, par exemple, les efforts développés par les tenants du "dessein intelligent"). Il s'agit là pour moi d'un déni de réalité qu'il faut combattre parce que, oui, cette approche partisane est bel et bien de la censure. Heureusement, il existe d'autres croyants (ne les appelons-pas créationnistes même s'ils le sont car le terme est trop dévalué) qui, tel le Pape Jean-Paul II ont su comprendre que, par exemple, la théorie de l'Evolution était la seule explication un peu construite pour expliquer le monde dans lequel nous vivons.

     Tu me dis par ailleurs qu'il ne faut pas se laisser aller à des certitudes sous peine de stériliser la pensée scientifique : tout au long de ce blog, j'ai cherché, en effet, à expliquer que la science avançait par tâtonnements et par hypothèses momentanément acceptés tant qu'il n'a pas été découvert quelque chose de plus convaincant, qu'il ne fallait jamais se contenter de ce que l'on croyait sur le moment puisque le moment d'après pouvait tout invalider et que, au bout du compte, la grandeur de la Science était précisément de savoir se remettre constamment en cause, même sur des sujets considérés comme acquis. Il n'en reste pas moins qu'il existe quelques vérités scientifiques, comme le fait que la Terre tourne autour du Soleil et que ce dernier appartient à une galaxie bien précise : le contester - quel qu'en soit le motif - me semble être un retour en arrière et, surtout, une menace pour l'avenir.
     Concernant le point plus précis que tu soulèves sur le sphénoïde, il me semble que cela rappelle tout à fait la critique faite à Darwin sur l'origine de l'œil (Comment l'œil a-t-il pu s'élaborer progressivement au fil des âges géologiques si l'on n'a pas AU DEPART prévu sa fonction qui est de voir ? Darwin en son temps y a répondu brillamment et les évolutionnistes aujourd'hui ont pu valider ses affirmations à l'époque encore en partie théoriques). Cela me donne d'ailleurs l'idée de prévoir un sujet sur cette question, plus générale qu'il n'y paraît et qui pourrait s'inscrire dans un sujet de réponses circonstanciées aux délires créationnistes (tu sais, les intégristes de tout à l'heure, pas les croyants en général !). Mais, au delà du réel problème posé par ces gens, ce que je souhaite surtout, c'est qu'on discute de science...




 


Sujet
 : la sixième extinction


28 août 2007 (par Carême-Prenant)

     Alors, tu penses vraiment que la 6ème grande extinction, c'est pour maintenant ? Mais si c'était le seul moyen pour faire avancer l'humanité, je veux dire, que le progrès passe par la transformation de la planète ? Dans ce cas, tu penses pas que ça serait le prix à payer ? Moi, je me dis que à condition que la Terre reste habitable, il faut bien nourrir et faire prospérer les humains, alors...

 

Réponse (par cepheides)

     Je suis persuadé que la 6ème extinction de masse est en cours bien qu'elle ne ressemble pas aux autres : ici, nul phénomène physique comme une glaciation ou une météorite géante mais l'action néfaste d'un des êtres vivants peuplant la planète... Je veux bien que ce soit en partie inévitable mais il y a des limites qui, à mon sens, sont franchies. Je ne suis, en effet, pas persuadé que les actions entreprises par l'Humanité soient si indispensables. L'effet de serre prévisible par la consommation excessive des ressources fossiles (je pense - mais ce n'est qu'un exemple - aux centrales à charbon chinoises) pourrait être atténué... sauf que la recherche sans limite du profit ne va pas dans le bon sens. On peut, bien sûr, développer les énergies renouvelables (éoliennes mais elles dégradent l'environnement, le solaire, etc.) mais, là aussi, on atteindra assez vite des limites : c'est la raison pour laquelle je suis partisan du nucléaire, non polluant à condition qu'on résolve le problème du stockage des déchets radioactifs, ce qui doit être possible avec un peu de bonne volonté (et d'argent mais il y a urgence, non?). Bien au-delà, la destruction des océans, des nappes phréatiques, des endroits encore sauvages, des forêts primitives, etc. sont un non-sens : il faut réagir mais cela sous-entend de renoncer au profit... Alors, transformer a minima la Terre pour que tout le monde puisse y coexister honorablement, c'est d'accord, mais pas le saccage incontrôlé actuel. Faudra-t-il prendre des mesures d'exception et forcément coercitives ? J'espère que non mais...




Article : l’œil, organe-phare de l’évolution

 



Sujet : durée des âges géologiques

2 novembre 2007 (par Henri L.)

     Bien vue cette évolution naturelle de l'œil ! Et ce serait pareil pour tous les organes, du plus simple au plus compliqué... Cela peut parfois paraître difficile à saisir (la complexité de l'organe) que la solution la plus simple et de penser que "tout était prévu au départ" : erreur ! Des millions et des millions de petites solutions provisoires, certaines retenues comme avantageuses par l'Evolution, se sont succédées au fil de millions d'années pour aboutir à l'organe définitif (ou je devrais dire plutôt "organe achevé" car qui nous dit que c'est définitif puisque, au fond, le milieu peut certainement encore changer...). Ce que l'on n'arrive pas à concevoir, au fond, c'est la longueur du temps : tous ces millions d'années ! Alors que nous n'avons de civilisation que, disons, allez, au plus depuis 7000 ans. D'où cette image qui permet de mieux comprendre : si on compare la durée de la Terre (depuis sa naissance) à la tour Eiffel, eh bien, la Vie serait apparue quelque part entre le 2ème et le 3ème étage tandis que la présence de l'homme ne représenterait que l'épaisseur de la couche de peinture du parapet du 3ème étage. Ca donne à réfléchir, non ?

 

Réponse (par cepheides)

     Henri L., je partage absolument ton point de vue. Notre problème, c'est de concevoir l'immensité que représente les milliards d'années qui nous séparent de la naissance de notre planète. Je pense même que c'est impossible : la raison nous explique mais nos sens ne peuvent comprendre car notre vie est bien trop courte pour cela (c'est d'ailleurs le même problème pour l'espace que, pourtant, on croit voir). Du coup, les détracteurs de la théorie de l'évolution n'arrivent pas à comprendre comment - au fil du temps - des mutations sélectionnées peuvent arriver à produire ces machines si compliquées que sont les êtres vivants : ils en déduisent que "tout s'est fait d'un coup" ! Il suffit seulement de se rappeler que, à l'échelle de l'Humanité (c'est à dire rien en terme de durée), on ne peut pas percevoir... Parfois, je rencontre des gens qui croient que, finalement, les dinosaures, c'était juste avant les hommes (quand ce n'est pas en même temps !). Or, le premier hominidé vraiment préhumain, c'était il n'y a que 500 000 ou 600 000 ans et les derniers grands sauriens, il y a 65 millions d'années... En d'autres termes, la distance qui nous sépare d'eux est approximativement 130 fois plus importante que celle qui nous sépare d'homo erectus et des milliers de fois plus que celle nous séparant du "début" de l'Humanité. Mais ces chiffres veulent-ils dire quelque chose ? Alors, mieux vaut prendre des exemples concrets : le tien est excellent. On compare aussi la Terre à une année. Dans ce cas, la vie apparaît vers juillet (je cite de mémoire et je peux me tromper), les dinosaures disparaissent vers la fin octobre... et l'homme moderne surgit au cours des deux dernières minutes du 31 décembre de cette année-là. Effectivement, ça ne fait pas beaucoup et on comprend mieux pourquoi la sélection naturelle a eu le temps de garder certaines mutations, permettant ainsi la transformation progressive des espèces...




Article : Néandertal et sapiens, une quête de la spiritualité

 


Sujet
:
deux humanités différentes en même temps

 

9 octobre 2007 (par Henri L.)

     Si je comprends bien ce que vous expliquez, deux espèces d'homme différentes ont atteint à peu près en même temps une conscience spirituelle, c'est à dire une certaine humanité. Si c'est vrai (et je vous crois volontiers) cela signifie également que l'Homme que nous connaissons n'est pas l'élu comme le prétendent les religions. J'avais bien compris que Adam et Ève étaient une métaphore religieuse mais voilà à présent qu'il existe des individus différents de nous qui peuvent également prétendre avoir (ou plutôt avoir eu) une âme; du coup, ça devient compliqué pour les monothéismes, vous ne trouvez pas ?

 

Réponse (par cepheides)

     Il semble effectivement avéré que deux espèces d'homo non interféconds ont existé en même temps il y a quelques dizaines de milliers d'années. Ce qui est intéressant à remarquer est que ces deux espèces avaient atteint à peu près le même développement conceptuel et que si Néandertal avait survécu il aurait probablement suivi une évolution comparable à la nôtre. Alors oui : les religions (à savoir les grandes religions monothéistes) qui affirment que seul Sapiens était l'élu de Dieu ont un problème... Cela dit, pour reprendre votre considération sur "l'âme", je me permets de vous renvoyer à un sujet précédemment traité du blog dans lequel j'expliquais que je croyais assez peu à cette notion ambigüe jamais démontrée autrement que par des professions de foi mais cette opinion n'engage évidemment que moi.

 

Sujets a. la fonction crée-t-elle l'organe ?

            b. l’homme descend-il du singe ?

 

3 janvier 2008 (par defdef)

     Énigme sur l'évolution :
     D'après Darwin, la fonction crée l'organe (ou quelque chose comme ça).
     L'homme est apparu en Afrique. Il descend du singe. Le singe est un animal à fourrure. Apparu du côté de l'équateur, l'homme s'est peu à peu déplacé vers le nord, donc en zone de plus en plus froide, jusqu'à arriver en Europe. Or sa fourrure a disparu au lieu de se renforcer comme c'eût été logique. Pourquoi ? Je me pose cette question depuis des années et ne l'ai vu abordée dans aucun livre.

 

réponse (par cépheides)

     Non, justement, "la fonction ne crée pas l'organe". Il s'agit d'une conception de l'évolution attribuée à Lamarck et dont on sait aujourd'hui qu'elle n'est pas exacte. En réalité, les transformations d'un organe se font au hasard, par mutation le plus souvent, et toujours à partir d'un organe (ou d'un groupe de cellules) préexistant, souvent apparu pour d'autres raisons : si la transformation apporte au sujet un "avantage évolutif", il y a de grandes chances pour que la transformation devienne pérenne. J'aurai l'occasion de revenir sur ces mécanismes de l'évolution - qui sont souvent mal compris - dans un prochain sujet.
     Une deuxième erreur commune (qui existait déjà du temps de Darwin) est la croyance que l'homme "descend" du singe. Il n'en est rien : ils ont seulement un ancêtre en commun (on a longtemps cru vers 6-8 millions d'années mais les travaux récents datent plutôt cette séparation de - 13 millions d'années) et ce n'est pas du tout la même chose... Notre ancêtre Cro-Magnon était certainement plus velu que nous et on attribue la perte des attributs poilus de l'homme moderne au fait qu'il a su domestiquer le feu... et, par voie de conséquence, qu'il se soit paré de vêtements.... Au fil des milliers d'années, la disparition des poils a pu, sous certaines conditions, constituer un avantage évolutif.




Article : interlude (vingt fois sur métier…)

 


Sujet
:
obscurantisme antiscientifique

 

13 février 2008 (par SK18)

     Je suis d'accord avec vous qu'il ne faut pas laisser les obscurantistes jeter le discrédit sur des théories scientifiques éprouvées. La théorie de l'évolution est contestée par les religieux de tous bords parce qu'elle démontre de façon magistrale que cette évolution ne peut se faire qu'au hasard, les éléments évolutifs retenus dépendant exclusivement des conditions génétiques et environnementales du moment. Du coup, comme il n'y a plus de finalité, de "grand dessein" ou de volonté supérieure - appelez-le comme vous voulez - la théorie est forcément fausse puisque ces gens ne peuvent pas ne pas croire en une intelligence supérieure (qui les "sauvera" mais ceci est un autre problème). Lorsque les faits s'opposent à leurs croyances, ce sont les faits qui ont tort. Mais, comme l'a fort bien dit quelqu'un, "les faits sont têtus". J'en veux pour preuve la réhabilitation (partielle mais c'est mieux que rien) de Galilée par l'église catholique. L'intolérance et le refus de la Science si "elle n'est pas conforme" provient de nos jours des islamistes et des néoconservateurs protestants américains : combattons ces idées délétères pour le plus grand bien de tous !





Article : les mécanismes de l’évolution

 


Sujet
:
fréquence des mutations

 

2 mars 2008 (par adeline01200)

     Ton blog est très intéressant et permet de se poser quelques questions. J'aimerais, par exemple, savoir si on connaît la fréquence - et le rythme - des mutations dans une espèce donnée, comme, disons, la nôtre ? Est-ce perceptible à notre échelle ?

 

Réponse (par cepheides)

     Bien qu'il soit toujours possible de se trouver au moment précis où apparaît une mutation (encore faut-il savoir la reconnaître), leur fréquence est telle que cela reste peu vraisemblable pour l'homme : les Romains avaient exactement la même conformité physique et mentale que nous et, s'il existe des variations par rapport à la manière de se situer dans le monde ambiant, elles sont exclusivement culturelles (au sens large). En revanche, on trouve quelques variations avec les hommes du haut paléolithique ce qui démontre que des mutations peuvent effectivement apparaître mais à un rythme qui ne nous est guère perceptible.
     On peut, par contre, observer des mutations visibles dans d'autres espèces que ce soit, par exemple, en botanique où les boutures et croisements qui perdurent sont de ce type, ou plus près de nous, avec les différentes races de chiens dont certaines sont très récentes puisque datant de moins de deux siècles...





Article : disparition des grands sauriens

 


Sujet
: fréquence des chutes de météorites

 

9 février 2008 (par Henri L.)

     Concernant le sujet qui m'intéresse aujourd'hui, je m'étonne de votre remarque en dernière ligne", à savoir que "la prochaine, qui immanquablement aura lieu, inverse le processus." Vous pensez donc qu'il est possible que la chute d'une météorite géante puisse à nouveau se produire aujourd'hui ? Je pensais pour ma part, et comme vous le dîtes dans votre texte, que cela était rarissime...

 

Réponse (par cepheides)

     Il va de soi que la chute d'une météorite susceptible d'avoir une influence majeure sur l'équilibre de la Terre est une éventualité très rare. Il tombe chaque jour plusieurs tonnes de matière interstellaire sur la Terre mais ce sont avant tout de petites météorites de quelques grammes dont on peut voir la chute lorsque, échauffées par notre atmosphère, celles-ci prennent l'aspect d'étoiles filantes : toutefois, des projectiles plus conséquents - comme celui qui s'abattit sur la Sibérie au début du XXème siècle en ravageant plusieurs dizaines de km de forêt - sont plus fréquents qu'il n'y paraît, la plupart s'abimant d'ailleurs dans les océans. Nous raisonnons évidemment ici en termes de temps géologiques et donc peu perceptibles par l'Homme dont la présence réelle est très courte. Il n'empêche que la chute d'un corps céleste d'importance est statistiquement certaine durant les 4 milliards environ d'années qu'il reste à vivre à la Terre (si tout se passe bien). Le problème est qu'il est impossible de savoir quand un tel phénomène peut survenir. D'où la surveillance permanente effectuée par les scientifiques du monde entier...






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Publié le par cepheides
Publié dans : #Évolution

 

 

homo naledi, homo sapiens
homo naledi : des squelettes très complets

 

 

 

   C’est en Afrique, on le sait, que l’immense majorité des scientifiques situe l’apparition des lignées d’hominidés qui conduiront, des millions d’années plus tard, à homo sapiens, l’homme dit moderne. Deux territoires africains sont particulièrement célèbres en raison des découvertes qui y ont été faites : la vallée du rift, à l’est, où de nombreux australopithèques ont été mis au jour (voir le sujet : East Side Story, la trop belle histoire)

et l’Afrique du sud, notamment dans la région environnant Johannesburg où se trouve, à 50 km  au nord-ouest de la

the craddle of humanity
entrée du site : "le berceau de l'Humanité"

ville, un endroit baptisé « the cradle of humankind » (le berceau de l’humanité) tant les squelettes de préhumains y sont nombreux. C’est là qu’il y a un peu moins de deux ans (en novembre 2013) une intéressante découverte a été faite, une découverte qui pourrait rebattre les cartes de la généalogie humaine.

 

 

La découverte d’homo naledi

 

hominidés, homo naledi
Afrique du Sud : paysage typique des "sites à hominidés"

 

   Le site dit du « berceau de l’humanité », en Afrique du sud, est exploré depuis longtemps et on y a trouvé nombre de fossiles majeurs pour l’histoire de l’Homme. Il y a environ deux ans, l’attention du paléontologue sud-africain Lee Berger (de l’université de Witwatersrand) est attirée par deux de ses jeunes collègues sur l’existence d’une petite grotte très difficile d’accès baptisée « naledi » (naledi veut dire étoile en sesotho, une langue bantoue locale). Ils expliquent que la grotte est située à près de 30 m de profondeur et que, pour y accéder, il faut effectuer une reptation d’environ 100 m dans un tunnel seulement praticable par des individus très minces. En effet, eux-mêmes pourtant peu corpulents, ne purent progresser que de façon extraordinairement périlleuse, un bras collé le long du corps, l’autre lancé devant, avant d’aboutir à une paroi où ils découvrirent par hasard une fissure qui les mena jusque dans une cavité jonchée de débris osseux. Une exploration plus complète est mise en place. On décide de choisir des femmes paléontologues à la silhouette particulièrement fine tandis que le reste de l’équipe resté en surface suit et dirige les fouilles à l’aide d’un système vidéo. A l’issue de ce qui reste néanmoins une quasi-performance sportive, les scientifiques débouchent sur une cavité dans laquelle se trouvent, relativement bien ordonnés, environ 1500 débris de squelettes permettant de reconstituer des corps entiers de tous âges et des deux sexes : un véritable trésor d’archéologie préhistorique !

 

   Les chercheurs sont alors certains de deux choses :

 

1. il ne s’agit pas de morceaux de squelettes apportés par une quelconque voie d’eau, siphon ou rivière souterraine car, à l’exception d’une souris et de quelques oiseaux, il n’y a pas de débris autres que ceux de ces hominidés et, de plus, les squelettes sont bien en place ;

 

 2. ce n’est pas non plus le repaire d’un quelconque prédateur car il est situé trop profondément et surtout il ne présente aucune trace d’occupation animale ni de morsures sur les squelettes.

 

   Comme on n’a pas trouvé d’autre ouverture à cette grotte souterraine qui n’a de plus jamais été en contact direct avec la surface,  on en arrive à se demander s’il ne s’agirait pas d’une sorte de chambre funéraire ; jusqu’à présent toutefois, les plus anciennes sépultures ont été attribuées à Sapiens et à Néandertal et elles datent de moins de 100 000 ans : on a donc du mal à croire que des préhumains aient pu progresser dans l’obscurité, tout au de long de ce boyau resserré, pour venir déposer là les dépouilles d’une quinzaine d’individus de tous âges (il y a des vieillards et des bébés) dans une sorte de mission initiatique. L’étude des squelettes peut-elle en apprendre plus ?

 

 

Principales caractéristiques d’homo naledi

 

   Il faut tout d’abord rappeler la découverte, quelques années plus tôt, par ce même Lee Berger, dans une grotte située

homo naledi, Australopithecus sediba
australopithèque sediba

également en Afrique du sud, de deux squelettes fort bien conservés d’un hominidé qu’il aurait souhaité faire reconnaître comme appartenant au genre homo : la communauté scientifique décida finalement qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce d’australopithèque, aux caractéristiques probablement les plus proches du genre humain jamais découvertes, finalement appelée australopithecus sediba. Le scientifique voudrait-il rééditer cette démarche d’identification avec Naledi ?

 

   Il est également nécessaire de revenir sur une notion essentielle (d’ailleurs déjà traitée à plusieurs reprises sur ce blog, par exemple, avec le sujet : le dernier ancêtre commun) : longtemps, les scientifiques ont cherché « le maillon manquant » précurseur de l’Homme. Ils avaient en effet du mal à comprendre comment on pouvait exhumer nombre de fossiles de préhumains sans avoir jamais mis au jour celui de l’ancêtre direct de l’homme moderne. On sait aujourd’hui que ce précurseur d’homo sapiens n’a probablement jamais existé : l’homme moderne a hérité de caractéristiques diverses provenant de multiples préhumains ce qui en fait, comme beaucoup d’autres, une espèce « composite »… Nombre de ceux qui « donnèrent » à cet homme moderne certaines de ses caractéristiques arpentèrent durant longtemps et en même temps les steppes et savanes africaines avant de disparaître au profit de ce seul homo sapiens (que ce dernier soit responsable de ces disparitions est une autre histoire !). Très bien mais où se situe Naledi dans tout ça ?

 

   D’une taille d’environ 1m50 pour un poids moyen de 45 kg, Naledi présente certains caractères qui le rapprochent d’homo sapiens alors que d’autres font plutôt penser à un australopithèque ; en faveur du genre homo, les scientifiques font valoir :

 

* une main plutôt moderne évoquant une capacité probable à manier des outils mais aux doigts restant très incurvés soulignant une évidente facilité pour grimper aux arbres ;

 

* des pieds qu’il « paraît presque impossible de distinguer des

homo naledi, homo sapiens
homo naledi (museum de Londres)

pieds d’homme moderne » (dixit les découvreurs) et cela démontre que Naledi était non seulement capable de se tenir debout mais également de le faire durant longtemps laissant supposer que cette position debout n’était pas chez lui accidentelle. Rappelons, toutefois, que la bipédie n’est pas toujours ce que l’on croit et notamment pas le seul apanage de l’homme : elle a peut-être même précédé la quadrupédie ;

 

* ses dents, petites et fines, ne plaident pas pour une alimentation composée de végétaux car pour en broyer les fibres il faut plutôt des dents larges et puissantes : on pense donc à une alimentation omnivore, relativement énergétique et donc plutôt moderne.

 

   En revanche, le crâne de Naledi est de très petite taille tandis que le haut de son corps rappelle celui des australopithèques. De ce fait, on peut hésiter entre plusieurs possibilités : être en présence d’un australopithèque « tardif », d’une forme intermédiaire précurseur du genre homo ou même d’un homo archaïque. C’est certainement cette dernière hypothèse que privilégia Lee Berger et les paléontologues sud-africains puisqu’ils donnèrent à leur découverte le nom d’homo naledi.

 

   Reste une grande inconnue : l’âge de ces squelettes dont on rappelle qu’ils ont été trouvés « à même le sol » sans la présence de ces couches sédimentaires contenant de nombreux débris permettant les datations pratiquement « à l’œil nu » : cette fois, il faudra attendre des analyses plus fines et, d’après les spécialistes concernés, il est possible qu’elles identifient des spécimens vieux de 2 à 3 millions d’années… ou seulement de 10 000 ans ! On comprend que tant d’incertitudes ajoutées au caractère étrangement « médiatisé » de la découverte elle-même aient poussé les uns et les autres à adopter des positions assez tranchées …

 

 

Les avis sont partagés

 

  Dès la publication de la découverte (dans une revue scientifique certes honorable mais à diffusion limitée) par un paléontologue relativement habitué à des coups d’éclat, une polémique est apparue qui ne s’apaisera – peut-être - que lors de l’annonce des datations.

 

  Pour les découvreurs, cela ne fait aucun doute, Naledi appartient pleinement au genre homo, notamment en raison des extrémités de ses membres plutôt modernes même si le volume de son cerveau semble le rapprocher des australopithèques.

 

   Ce n’est pas l’avis d’Yves Coppens (1934-2022), le découvreur de Lucy, qui penche, avec nombre d’autres paléontologues, pour la découverte d’un australopithèque de plus, la petitesse de son cerveau ne pouvant en aucun cas correspondre à un représentant de la lignée

australopithèques
crâne d'homo naledi

des homo. Mais alors, s’il s’agit d’un fossile à ce point ancien, comment expliquer l’amorce d’orientation mystique que semble évoquer la découverte de tous ces corps en un même endroit quasi inaccessible ? Pour Coppens, il s’agit là aussi d’une interprétation erronée : avant Sapiens et, dans une moindre mesure, Néandertal, jamais les hominidés antérieurs n’ont été connus pour enterrer leurs morts, voire même simplement les disposer à part pour les soustraire à l’emprise des charognards. C’est a fortiori le cas des australopithèques : il s’agit donc ici probablement d’un piège naturel dans lequel ont chuté les différents individus.

 

   La datation des ossements permettra bien sûr d’y voir plus clair. Toutefois, nouvel australopithèque ayant vécu il y a 2 ou 3 millions d’années ou homo plus ou moins archaïque et donc plus récent, la découverte de Naledi montre une fois de plus le formidable développement de la lignée humaine que, bien plus qu’une simple progression linéaire, il convient de représenter sous la forme d’un foisonnement buissonnant.

 

 

L’ancêtre commun n’a jamais existé

 

Homme de Cro-Magnon
généalogie simplifiée d'Homo sapiens

 

   Les différentes caractéristiques de l’homme moderne, son gros cerveau, son trou occipital centré, son bassin, etc. n’ont pas été transmis par un ancêtre commun qui aurait été simplement un tout petit peu plus « archaïque ». La forme actuelle d’homo sapiens résulte d’acquis réalisés au cours des âges par divers  préhumains : le trou occipital centré permettant la station debout et les petites canines pour une alimentation plus énergétique datent de – 7 millions d’années (MA) ; les gros genoux pour l’endurance et la course sont apparus aux environs de - 4 MA tandis que le pied arqué et les orteils courts datent de – 3,7 MA. Vers – 3,3 MA, c’est l’apparition d’un pouce long permettant une meilleure préhension tandis que, à peu près au même moment, le bassin devient court et large permettant, entre autres, un accouchement en position allongé, voire assis. La torsion de l’humérus date de – 2 MA, les longues jambes pour la course et l’élargissement de la tête fémorale (meilleure assise) de 1,9 MA. Enfin, c’est il y a environ 1 MA que le cerveau acquiert à peu près son volume actuel.

  

   Ces acquisitions progressives au fil des millions d’années expliquent pourquoi il ne peut y avoir un seul ancêtre à homo sapiens. De nombreux préhumains se sont croisés, affichant ici tel caractère, là tel autre, cet attribut étant gardé par l’Evolution en raison de son intérêt pour l’espèce (avantage évolutif), celui-là étant finalement écarté. C’est la raison pour laquelle il n’est pas facile de dresser une généalogie rapprochée de Sapiens, en fait une généalogie sans cesse en mouvement, sans cesse remaniée en fonction des découvertes paléontologiques et de l’étude détaillée des fossiles.

 

  Homo (ou australopithécus) naledi est probablement contemporain des homo ergaster, abilis et erectus et il est peut-être même une forme archaïque de ce dernier… mais seules les datations pourront nous le confirmer. Toutefois, s’il est aussi âgé que ça, il est alors très peu probable que la cavité où ont été retrouvés ses restes aient quelque rapport de près ou de loin avec une quelconque religiosité. À moins de remettre en cause tout ce que nous savons de la paléoethnologie : une éventualité assez invraisemblable  !

 

 

 

Sources :

 

 

Nota 1 : au temps de Denisova et Neandertal vivait aussi... Homo naledi

   Depuis sa découverte en 2015 , Homo naledi reste un mystère. "Il présente à la fois des caractères primitifs et dérivés de la lignée humaine. Il peut bouleverser la paléoanthropologie" assure John Hawks, de l'université du Wisconsin. Et voilà que des chercheurs viennent de dater ces fossiles entre 335 000 et 236 000 ans. Mais Naledi, relique du genre homo, aurait pu survivre plus d'un million d'années et être contemporain de Neandertal, de Denisova, des ancêtres de Florès et des précurseurs d'Homo sapiens. Cinq espèces humaines, au moins, cohabitaient donc sur Terre il y a 300 000 ans.

(Science & Vie, 1198, 19, juillet 2017)

 

Nota 2 : Homo naledi, le grimpeur qui n'était plus un singe

    On fait le point sur Homo naledi en 2021 qui est à présent classé comme homo par la majorité des paléontologues. Lire l'article de Jean-Luc Voisin paru dans le numéro 524 de "pour la Science" en cliquant ICI

 

 

Nota 3 : un homo bien singulier

   Dans ce vaste réseau karstique proche de Johannesburg (Rising Star, Afrique du Sud), les découvertes surprenantes s'accumulent depuis 2015. De très nombreux restes osseux permettent d'identifier une nouvelle paléo-espèce, Homo naledi, dont l'anatomie affiche des traits inattendus (petite boîte crânienne, aptitude au grimper) étant donné l'âge moyen de 300 000 ans calculé au moyen du croisement de six méthodes. À ces témoignages flagrants d'une évolution en mosaïque des humanités passées s'ajoute la probabilité de pratiques funéraires très anciennes, vu l'amoncellement des corps dans deux galeries souterraines très difficilement accessibles.

Revue l'Histoire, n° 216, octobre-décembre 2023)

 

Images :

 

1. homo naledi (sources : John Hawks / Wits University / AFP) 

2. « berceau de l’Humanité » en Afrique du Sud (sources : wilrotours.co.za)

3. paysage typique près de Johannesburg (sources : willingfoot.com)

4. A. sediba a maintenant son portrait au muséum de Londres (sources : maxisciences.com)

5. homo naledi (sources : youtube.com)

6. crâne de homo naledi (sources : cnn.com)

7. généalogie sapiens (www.sceptiques.qc.ca)

(pour lire les légendes des illustrations, passer le curseur de la souris dessus)

 

 

 

 

Mots-clés : vallée du Rift - cradle of human kind - Lee Berger -  chambre funéraire - australopithecus sediba - bipédie - Yves Coppens - Homo naledi (dernières données)

(les mots en gris renvoient à des sites d'information complémentaires)

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. la bipédie, condition de l'intelligence ?

2. le dernier ancêtre commun

3. East Side Story, la trop belle histoire

4. Néanderthal et Sapiens, une quête de la spiritualité

5. les humains du paléolithique

6. l'apparition de la conscience

 

 

 

 

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mise à jour : 29 décembre 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #Évolution

 

 

 

 bonobo.jpg

 

 

 

 

 

 

     Le fait de se tenir debout et de marcher grâce à ses deux pattes postérieures existe depuis (presque) le début de l’apparition de la Vie sur Terre : le premier squelette identifié d’un animal se déplaçant ainsi est celui d’un petit reptile (eudibamus cursoris) qui vivait il y a environ… 300eudibamus-cursoris.jpg millions d’années. C’est dire qu’il s’agit d’une affaire ancienne et on peut certainement affirmer que la bipédie a été probablement, à un moment ou à un autre, un facteur adaptatif majeur dans l’évolution de bien des espèces animales.

 

     L’explication la plus souvent avancée du développement de l’intelligence humaine repose précisément sur l’apparition de la bipédie chez un primate supérieur, l’ancêtre commun du genre homo (voir le sujet : le dernier ancêtre commun), une avancée qui, en libérant la main, aurait permis notre progressif développement cérébral. Est-ce si sûr ? D’éminents scientifiques avancent au contraire que la bipédie n’a été qu’un facteur parallèle - mais non générateur - de ce développement. Alors, bipédie indispensable à l’apparition de « l’intelligence » ou non ? C’est ce que nous allons essayer de clarifier.

 

 

La bipédie dans la Nature

 

     Les animaux capables de bipédie sont en définitive assez nombreux mais ils marchent alors avec le buste très incliné vers l’avant et toujours équilibré par la queue : c’est le cas des oiseaux – et avant eux des dinosaures bipèdes – mais également des kangourous, de certains lézards, etc. D’autres encore, comme, par exemple, les mangoustes, les girafes, les zvenjo-debout-copie-1.jpgfélins ou les chiens, arrivent à se dresser sur leurs pattes postérieures afin d’adopter une position verticalisée mais il s’agit en pareil cas d’attitudes transitoires (pour observer ou attraper un objet) qui n’a rien à voir avec une bipédie réelle.  On peut donc affirmer que, contrairement aux oiseaux, les mammifères sont peu doués pour la bipédie : en réalité, seuls l’homme et le pingouin sont capables de marcher longuement, buste vertical, sur leurs membres inférieurs.

 

     Le cas des primates est toutefois assez particulier : habitués à un habitat spécial qui est celui des arbres, ils ont des possibilités de se mouvoir assez étendues, alliant les sauts d’une branche à l’autre, la quadrupédie au sol, le grimper et, parfois, une vraie bipédie mais qui est loin d’être exclusive. Il faut se tourner vers certains grands singes pour rencontrer des bipèdes un peu plus qu’occasionnels : les singes gibbons sont bipèdes lorsqu’ils sont au sol… c'est-à-dire pratiquement jamais alors que les chimpanzés sont bipèdes sur leurs branches et parfois à terre (quand, par exemple, ils transportent de la nourriture). Les gorilles qui, eux, vivent à terre, ne sont bipèdes que lorsqu’ils se font menaçants, probablement dans le but d’augmenter leur taille tandis qu’ils se frappent violemment la poitrine en un geste d’intimidation puissant. En fait, parmi les grands singes, seuls les bonobos sont réellement bipèdes (même s’ils marchent sur leurs phalanges) et ressemblent ainsi parfois aux hommes, bipèdes exclusifs, même si ces derniers ont gardé de leur passé arboricole une certaine habilité à se suspendre.

 

 

Les origines de la bipédie

 

     Ces origines sont bien difficiles à définir. Classiquement, on a présenté cette faculté de marcher sur ses deux jambes comme une acquisition progressive aboutissant à l’Homme, seul capable de la mettre réellement en pratique ; les premiers hominidés, précurseurs de Sapiens, se seraient progressivement relevés pour aboutir à l’homme moderne (voir le célèbre evolution-de-l-homme1.jpgdessin ci-contre) mais il s’agit là encore d’un apriori et, en réalité, d’une approche certainement finaliste. Une approche d’autant plus facile à défendre quand on part de l’arrivée pour refaire l’histoire (déjà choisie) à l’envers. En réalité, la situation est bien plus complexe.

 

     Parler de « redressement » progressif des précurseurs successifs de Sapiens, c’est d’abord privilégier un développement purement terrestre… alors que les singes (et les grands singes) vivent essentiellement dans les arbres ! Il n’est donc nullement prouvé que cette approche soit la bonne : peut-être la verticalité est-elle précisément apparue chez des individus habitués à se suspendre et secondairement descendus sur le sol… Les deux théories s’opposent et ont leurs partisans. On peut les résumer ainsi :

 

   * théorie du gibbon : c’est la théorie classique (et historique). Comme le singe de ce nom, la bipédie serait la conséquence de l’acquisition d’une position verticale lors du passage des individus d’un arbre à l’autre. Certains individus descendent au sol en conservant leur position verticale, la bipédie se développant peu à peu.

 

   *  théorie du chimpanzé : ici, la bipédie serait apparue dans la savane chez des grands singes qui se sont « redressés » pour voir au loin et ainsi anticiper les attaques des prédateurs ou repérer plus facilement sourceschimpanze.jpg de nourriture et points d’eau. Il s’agit là d’une théorie entrée en faveur avec la notion de nos origines africaines, surtout lorsqu’était évoquée comme certaine la théorie de l’East Side Story (voir article : East Side Story, la trop belle histoire), malheureusement aujourd’hui battue en brèche. D’où, chez les spécialistes de la question, un certain regain de l’autre théorie, celle du gibbon.

 

     Mais les bonobos que l’on évoquait un peu plus haut ? Ne démontrent-ils pas que la marche sur les pattes arrière est possible depuis fort longtemps ? Et s’il n’existait pas LA bipédie mais DES bipédies, comme autant d’évolutions convergentes ? Des bipédies d’origines diverses ?

 

     De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer cette singulière particularité de ne se servir que de ses membres inférieurs pour se déplacer. En voici quelques unes :

 

   *  théorie de la bipédie initiale : prenant le problème à l’envers, cette approche propose que la quadrupédie serait postérieure à la bipédie,bipédie initiale celle-ci ayant été dès le départ une faculté partagée par tous les mammifères des origines. Dans cette optique bien particulière, ce sont les grands singes qui sont devenus arboricoles, perdant progressivement une bipédie qui n’aurait subsisté que chez homo sapiens. Les scientifiques qui la défendent (mais ils sont une minorité) s’appuient non plus sur la paléontologie mais sur l’embryologie et l’anatomie comparée…

 

   * théorie de l’économie d’énergie : la recherche des aliments demande de l’énergie et, dans certains milieux notamment découverts, il semble que la bipédie soit « moins dépensière » que la quadrupédie ;

 

   * théorie de la sélection naturelle : la station debout permettrait aux mâles d’exposer plus facilement à la vue de tous leurs attributs et, au contraire, aux femelles de dissimuler les leurs, une idée reprise par Richard Dawkins (vous vous rappelez : l’auteur du « gène égoïste ») qui y voit un avantage reproductif certainement sélectionné par l’Evolution ;

 

   * théorie de l’accroupissement intermédiaire : pour certains auteurs, la bipédie serait la conséquence de longues périodes durant lesquelles les individus auraient vécu en position accroupie, par exemple à la recherche d’une alimentation au sol (graines, vers, insectes, baies et fruits tombés, etc.). Une transformation progressive du bassin, des muscles et os des jambes et surtout des plantes des pieds aurait secondairement conduit à la position debout ;

 

   * théorie aquatique : plusieurs auteurs ont montré la similitude existant entre la physiologie de l’Homme et celle des mammifères aquatiques ; il n’en fallait pas davantage pour qu’on évoque un éventuel passé semi-aquatique d’homo sapiens qui aurait vécu en milieu inondé à une époque voisine de celle de la divergence entre humains et grands singes.

 

     On le voit, les idées ne manquent pas pour expliquer la station verticale d’homo sapiens… Mais, bien qu’on ne connaisse pas l’ancêtre direct (s’il en existe un) des divers homos, que nous apprennent les fossiles ?

 

 

La bipédie des ancêtres de l’Homme

 

     En 1978, Mary Leakey une paléontologue de renom et son équipe, mit à jour à Laetoli (Tanzanie) des traces de pas fossilisées dans les cendres  du volcan Sadiman, il y a 3 millions d'annéesleakey-traces-hominides.jpg. Ces empreintes sont celles d’hominidés marchant debout, en réalité trois individus de corpulences différentes (l’un d’eux était probablement un enfant). Conservées dans une fine couche de cendres d’environ 15 cm cimentée par une pluie fine et recouvertes secondairement d’autres dépôts de cendres qui les a ainsi préservées, ces traces présentent des caractères certainement non humains, aujourd’hui attribuées à Australopithecus Afarensis. Point le plus important, leur datation est d’environ 3,5 millions d’années

 

     Toutefois, la bipédie remonte encore plus loin dans le temps puisqu’un autre hominidé, Orrorin Tugenensis, a laissé un squelette prouvant ses aptitudes à la marche… il y a 6 millions d’années.

 

     La conclusion semble évidente : la bipédie est un trait commun à tous les hominidés, une faculté qui, avec le temps, est devenue chez l’homme moderne l’unique moyen de locomotion.

 

 

La bipédie n’est pas le propre de l’Homme

 

     Enfant, on m’a enseigné que la bipédie était le facteur principal (à l’époque, on disait même exclusif) du développement de notre intelligence : la libération de la main grâce à la marche sur nos deux jambes aurait conduit au développement de notre cerveau. C’était simple et direct. Aujourd’hui, rien n’est moins sûr. De nombreux hominidés semblent avoir également présenté cette même faculté de se mouvoir verticalement sans que leurs lignées n’aient abouti à l’égal d’homo sapiens.

 

     La bipédie est certainement un facteur permissif de notre développement cérébral mais il n’est pas le seul et peut-être pas le plus important. De nouvelles recherches, de nouvelles découvertes, notamment fossiles, permettront de préciser cette importante question mais je ne serai pas surpris si l’on finissait par impliquer une origine multifactorielle à l’émergence de notre pensée conceptuelle. Comme toujours, rien n’est jamais simple.

 

 

 

 

Images

1. bonobo (sources : http://www.chezpilou.com)

2. eudibamus cursoris (sources  http://www.uua.cn/)

3. Zvenjo, teckel mâle (coll. personnelle)

4. fausse évolution humaine (sources : www.hominides.com)

5. chimpanzé (sources : www.mentalindigestion.net)

6. théorie de la bipédie initiale (sources : wapin.ath.cx)

7. traces de pas à Laetoli (sources : www.sasquatchresearch.net)

  (Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

  Documentation :

* Pascal Picq : origine et évolution de l'homme (www.inrp.fr/Acces/biotic/evolut/homme/html/bipedie.htm)

* la bipédie humaine (www.hominides.com/html/dossiers/bipedie.php)

* Wikipedia, la bipédie (fr.wikipedia.org/wiki/Bip%C3%A9die)

* théorie de la bipédie initiale (initial.bipedalism.pagesperso-orange.fr/biped_fr.htm)

 

 

Mots-clés :  primates - bonobos - hominidés - East Side Story - théorie du gibbon - théorie du chimpanzé - bipédie initiale - Richard Dawkins - Mary Leakey - traces fossilisées - australopithèque - Orrorin Tugenensis

  (les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

Articles connexes sur le blog

1. le dernier ancêtre commun

2. East Side Story, la trop belle histoire

3. les mécanismes de l'Evolution

4. le rythme de l'évolution des espèces

 

 

 

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dernière mise à jour : 8 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #paléontologie

 
 

 pangee.jpg

la Pangée (supercontinent de l'époque permienne)

 

 
 

La vie de notre planète s’est étalée sur des centaines de millions d’années au cours desquels l’aspect de la croûte terrestre s’est profondément modifié au point qu’il serait impossible de reconnaître les contours actuels des continents dans ceux prévalant à des époques plus anciennes. Quand on sait l’aspect apparemment immuable des limites continentales actuelles qui ne varient que de quelques centimètres par an, on comprend que les millions d’années que nous évoquons représentent des durées de temps impossibles à concevoir réellement par le cerveau humain. C’est au cours de ces mêmes millions d’années que l’évolution des êtres vivants s’est faite et, là aussi, ces incroyables durées de temps expliquent comment les transformations successives des unes et des autres espèces ont abouti, à partir de quelques cellules rudimentaires, à la diversité actuelle.

 

Souvent lorsqu’on évoque le mot évolution, plus ou moins inconsciemment, on pense à une amélioration, à un « progrès » : il s’agit là d’une idée fausse ; grâce à la sélection naturelle, l’évolution permet seulement la transformation des espèces par une adaptation permanente à des conditions de milieu qui changent sans cesse, par hasard et sans but précis. La dérive des continents participe à ces transformations en modifiant géographiquement les niches géologiques. En modelant les paysages, elle permet – ou non – le développement et l’évolution des espèces vivantes. Longtemps ignorée, voire raillée par certains, cette notion fondamentale est la découverte d’un seul homme - on pourrait dire aussi d’un homme seul - : l’Allemand Wegener. Evoquons un peu sa vie avant d’aborder ses théories.

 

 

Alfred Wegener (1880-1930)

 

Fils d’un pasteur allemand, Alfred Wegener s’intéressa précocement à l’astronomie, une discipline qui lui permit de soutenir sa thèse. Toutefois, il wegener.gifse tourna assez rapidement vers une science nouvelle à cette époque : la météorologie. Désirant prospecter et expérimenter « sur le terrain », il s’obligea à suivre un entrainement physique intensif, notamment dans les sports nordiques (ski, patin à glaces, raquettes). En 1906, il battit d’ailleurs le record du monde de vol en ballon tandis qu’il participa la même année à une première expédition d’exploration et d’étude au Groenland qu’il retrouvera quelques années plus tard lors d’une seconde expédition (1912). A partir de 1908, il commença à donner des cours à l’université de Marbourg (où il a passé son doctorat), en Hesse, ce qui lui permit de réfléchir à la météorologie et aux conditions de son développement, encore balbutiant à l’époque. En 1915, il publia son livre sur la dérive des continents (qui lui vaudra, comme nous le verrons par la suite, de très nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique). Il maintint néanmoins ses positions et accepta sa nomination en tant que professeur de météorologie à Graz (Autriche) en 1924 où il lui sembla être mieux accueilli. En 1930, il repartit pour une troisième expédition, toujours à caractère météorologique, mais celle-ci se termina mal : on récupéra son cadavre gelé dans son sac de couchage tandis que son compagnon d’infortune, Rasmus Willumsen, demeura introuvable. Wegener avait à peine cinquante ans et n’aura pas vu le triomphe de sa théorie…

 

 

L’hypothèse de Wegener

 

Pour asseoir sa théorie, Wegener affirmait qu’il avait « des preuves » indirectes très sérieuses mais on devrait plutôt dire qu’il s’agissait de déductions fondées sur l’observation. Le point de départ probable de sa réflexion a dû être (comme elle le fut pour beaucoup d’autres scientifiquesglobe_terrestre_jordglob_lumineux-copie-1.jpg qui ne s’aventurèrent pourtant pas plus loin) cette observation, cette constatation presque, qui frappe toute personne observant de près un globe terrestre (par exemple un de ceux que l’on offre aux enfants afin d’éclairer doucement leur table de travail tout en les habituant à la carte de la Terre) : on remarque effectivement un parallélisme troublant entre les côtes nord et sud-américaines et celles de l’Europe et de l’Afrique, comme s’il s’agissait de deux morceaux d’une même terre qui aurait été brisée en deux… Troublant, certes, mais insuffisant : il n’y a bien sûr pas que cela et les arguments de Wegener sont en fait au nombre de quatre.

 

 

a. la similitude du découpage des côtes entre continent américain et européen/africain

 

On vient de l’évoquer et il faut reconnaître que les cartes parlent d’elles-mêmes. Pour Wegener, il n’y a pas de doute : ces terres étaient jadis réunies ; il évoque un « supercontinent », la Pangée, qui sous l’effet d’une « force » qui reste à déterminer s’est scindée en ces différents blocs continentaux que l’on connait aujourd’hui.

 

 

  b. Les variations climatiques anciennes se retrouvent de part et d’autre

 

  Il s’agit essentiellement des glaciations passées. Jusqu’à Wegener, il existait des incohérences : on avait trouvé des traces de glaciations vieilles de 250 millions d’années dans des endroits se trouvant sous les tropiques et cela posait problème. En revanche, si les continents « bougent », qu’ils migrent tout au long du globe, on peut alors supposer que certaines régions actuellement en zone tropicale ont pu se trouver au niveau des pôles par le passé.

 Il existait aussi une autre bizarrerie : certaines des traces de l’écoulement de ces glaces anciennes se dirigent vers lintérieur des continents ce qui n’est pas logique ; toutefois, si ces terres se trouvaient jadis au pole, leur migration expliquerait alors le sens de ces écoulements glaciaires en périphérie de l’ancienne calotte polaire

 

 

c. L’observation de la faune fossilisée

 

Antérieurement et jusqu’à la jonction du paléozoïque (ou ère primaire) et du mésozoïque (ou ère secondaire) et plus précisément entre permien et cynognathus.jpgtrias, vers -250 millions d’années, une faune bien particulière a vécu, laissant enfouis dans les strates correspondantes de nombreux fossiles. On trouve ce type de fossiles (ainsi que des plantes de cette époque) de part et d’autre de l’océan tandis que – étrange hasard – les différentes lignées d’animaux commencent à diverger à partir de cette date pour se différencier ensuite fortement de part et d’autre de l’Atlantique : cela ne veut-il pas dire qu’il y a eu séparation de ces terres à partir de ce moment-là ?

 

 

d. Similitude des ensembles géologiques

 

Lorsqu’on compare les couches géologiques des continents situés en regard, de part et d’autre de l’océan atlantique, on retrouve les mêmes ensembles géologiques, les mêmes répartitions de roches, les mêmes couches sédimentaires. Plus encore, ce qui est vrai pour les côtes l’est aussi pour l’intérieur des terres ce qui argumente fortement en faveur de la Pangée, le supercontinent cher à Wegener.

 

Eh bien, allez-vous me dire, la cause semble relativement facile à défendre et la démonstration plutôt concluante ; du coup, on comprend mal que Wegener n’ait pas été suivi par la communauté scientifique internationale. Mais c’est qu’il existe un écueil de taille pour ses opposants : le scientifique allemand peine à expliquer comment un phénomène de dérive si considérable (rien de moins que l’ensemble des terres émergées de la planète !) a pu se produire : quelle force colossale, quel phénomène gigantesque pourrait-il être impliqué dans tout cela ? Au fond, disent les détracteurs de Wegener, cette théorie repose sur des observations en définitive assez grossières, des supputations, des spéculations, des hypothèses mais on n’y trouve guère de preuves tangibles et surtout pas d’explication crédible de l’origine du phénomène…

 

Wegener va donc s’acharner à trouver une interprétation logique mais la science de l’époque n’a pas encore les moyens de l’explication car on y ignore tout de la convection magmatique (dont on parlera un peu plus tard). Dès lors, il doit se rabattre sur des mécanismes plus ou moins vraisemblables : finalement, il impute cette dérive aux cycles lunaires et plus précisément à leurs marées. Les scientifiques qui étudient sa théorie – notamment le géophysicien britannique Harold Jeffreys, une des références de l’époque - n’ont aucun mal à réfuter son explication en démontrant qu’elle est physiquement impossible.

 

La mort de Wegener survenant tôt dans sa carrière scientifique fait oublier sa théorie et il faudra attendre presque 40 ans pour qu’elle refasse surface.

 

 

La tectonique des plaques

 

C’est Arthur Holmes, en 1945, qui avancera enfin une explication plausible à la dérive des continents : il parle pour la première fois de convection2.jpgmouvements de convection dans le manteau terrestre. Toutefois, il faudra attendre encore un peu pour emporter la conviction des différents acteurs : en 1962, l’officier de marine américain Harry Hess (explication par le « double tapis roulant »), puis un peu plus tard l’américain Morgan, le britannique McKenzie et le français Le Pichon permettent de finaliser ce que l’on appelle aujourd’hui la théorie synthétique de la tectonique des plaques.

 

Plusieurs modèles successifs ont été avancés dont le principe commun est assez voisin. Résumons en quelques lignes le modèle actuel (probablement assez proche de l’éventuel modèle définitif).

 

Les terres émergées sont évidemment solidaires de leur sous-sol immédiat et forment avec eux des plaques dites tectoniques qui fluctuent en fonction des mouvements du manteau terrestre, c’est-à dire de la couche intermédiaire entre la croûte terrestre et le noyau de la planète. Ces plaques vont donc interagir avec le manteau et on décrit trois types principaux de mouvements :

 

  * des divergences : on appelle ainsi le mouvement de plaques s’éloignant les unes des autres et c’est à leur point de contact que se trouvent les dorsales (sortes de rides ou de plis de la croute terrestre), lieux propices à de grandes éruptions volcaniques ;

 

      * des convergences : c’est le phénomène inverse, à savoir l’écrasement d’une plaque contre une autre (phénomène évidemment compensateur d’un élargissement des océans à un autre endroit du globe). On distingue alors des zones de subduction (une plaque « plonge » sous une autre comme, par exemple, la côte occidentale de l’Amérique du sud), des zones de collision (deux plaques se heurtent de plein fouet comme pour l’Himalaya) et des zones d’obduction mais il n’y a pas de zones de ce type actuellement actives.

 

              * et des transcurrences (ou coulissage) : ici, deux plaques glissent l’une contre l’autre.

 

  Bien entendu, à chaque type de contact correspondent des failles, c’est-à dire des zones de rupture, des lignes de fracture parfois immenses entre deux masses rocheuses. Une des plus célèbres est la faille de San Andreas, à la jonction des plaques du Pacifique et de l’Amérique qui a déjà provoqué des séismes dévastateurs en Californie (d’ailleurs, les habitants de Los Angeles et de San Francisco s’attendent en permanence au « tremblement de terre suprême », le Big Earthquake, dont on pense qu’il a plus de 99% de se produire dans les 30 ans à venir).

 

plaques-tectoniques-copie-1.jpg

La Terre n’est donc certainement pas statique ; bien au contraire, elle est le lieu de nombre de phénomènes majeurs qui bouleversent considérablement son écologie générale : je pense, par exemple, au récent tremblement de terre de Haïti – Haïti se trouve à la jonction des plaques tectoniques nord-américaine et caraïbe – qui fit tant de morts il y a quelques semaines. Or ce n’est pas le seul tremblement de terre (ou éruption volcanique) majeur survenu ces dernières années : on comprend donc les modifications considérables subies par la croûte terrestre durant tous ces millions d’années.  La connaissance du phénomène de la tectonique des plaques couplée aux moyens d’observation de la science moderne dans différentes disciplines nous permet à présent de reconstituer l’aspect de notre planète durant les ères géologiques précédentes.

 

 

Reconstitution du passé

 

Pour revenir à l’époque où la Terre ne recélait qu’un seul immense continent, la Pangée, il faut remonter à la fin du permien (qui est la dernière époque du paléozoïque ou ère primaire) : on se trouve alors vers - 250 millions d’années par rapport à aujourd’hui ; remarquons qu’il s’agit d’un temps très très ancien puisque, par exemple, l’Amérique et l’Afrique sont à cette époque encore soudées l’un à l’autre (or, nous l’avons déjà dit, les mouvements concernés ne représentent que quelques cm par an). Pourtant, il faut ramener cette durée de temps (250 millions d’années) à l’âge de la Terre qui est de 4,5 milliards d’années, soit environ 18 fois plus…

 

La Pangée est bien entendu le fruit de regroupements antérieurs de plusieurs masses continentales qui se sont rapprochées et éloignées durant les millions d’années précédents en une sorte de ballet incessant depuis le refroidissement de surface définitif de notre planète.

 

Nous sommes donc au permien et il existe un supercontinent, la Pangée, entouré d’un océan gigantesque, le Panthalassa (qui deviendra bien plus tard l’océan pacifique) et d’un autre océan à l’est, Thétys, formé danspangee-au-trisassique-tardif.jpg le creux de la Pangée elle-même puisque celle-ci forme une sorte d’énorme croissant. Bien que progressif et lent, ce mouvement de formation du supercontinent ne peut pas être sans conséquence sur la Vie : la longueur des bandes côtières va diminuer de façon importante or c’est à cet endroit que se concentrent beaucoup d’espèces marines ; inversement, le centre du supercontinent, loin des côtes, voit se développer d’immenses déserts plutôt hostiles. Troublante coïncidence : c’est à la fin du permien que survint une des plus terribles extinctions de masse : 90% de la vie marine et 70% des espèces terrestres furent anéanties (voir le sujet : extinctions de masse). Comme dans ces films policiers qu’on voit à la télévision, les coïncidences en sont rarement et, ici aussi, il y a gros à parier que la formation de la Pangée fut pour beaucoup dans l’évolution de la Vie sur Terre.

 

Cette Pangée va bientôt (?) se scinder à son tour : l’Amérique se sépare de l’Europe et de l’Afrique dans un grand mouvement qui entraîne les terres vers l’équateur et vers l’ouest. L’Australie (vers le Pacifique) et l’antarctique se détachent, suivis de Madagascar et de l’Inde qui effectue une remontée vers l’Asie à travers ce qui sera un jour l’océan indien. L’océan atlantique se forme puis s’élargit en raison de la migration plus rapide des plaques américaines. Peu à peu, les différentes migrations des continents finissent par former la configuration que nous connaissons aujourd’hui. Signalons le cas particulier de la mer Méditerranée qui, lors de la rencontre de l’Afrique et de l’Europe il y a 5 millions d’années, a été fermée ce qui a rendu le climat local extrêmement hostile avec un assèchement complet des eaux : une configuration anéantie quelques milliers d’années plus tard par l’ouverture du détroit de Gibraltar à partir duquel l’océan atlantique s’est à nouveau déversé sur ces terres arides… Ce n’était pas une évolution obligatoire et on peut se rendre compte de ce que l’éventualité de la non-ouverture du détroit de Gibraltar aurait coûté à nos civilisations humaines…

 

 

L’accélération du temps par l’Homme

 

En évoquant ces bouleversements de la configuration de notre bonne vieille Terre (en tout cas pour ce qui concerne sa surface), bouleversements qui, bien sûr, continuent (dans quelques millions d’années, par exemple, l’Afrique aura plongé sous l’Europe), j’ai souvent insisté sur les durées, immenses, qui ne sont guère à la portée du cerveau humain. Il est clair que, si par le moyen d’une machine à voyager dans le temps du type de celle de M. Wells, l’un d’entre nous se trouvait projeté dans une quelconque des époques que je viens d’évoquer (et qu’il puisse y survivre), il ne verrait évidemment aucun changement de son vivant : pour lui, les cartes terrestres qu’il dresserait seraient aussi

barrage des trois gorges (Chine)

immuables que les nôtres le sont pour le temps présent. Cette vérité persiste même à l’échelle de quelques milliers d’années… Pourtant, Homo sapiens  bouleverse la planète, non pas sur des milliers mais sur une ou deux centaines d’années ! Il déforeste, construit des barrages, des canaux, des villes immenses, multiplie inconsidérément sa population ce qui demande de plus en plus de surfaces cultivables, transforme les sous-sols pour toujours plus d’exploitation et de profit, pollue l’atmosphère, installe partout des machines et accumule les déchets. En quelques dizaines d’années. Où se situe le point de rupture ? A quel moment la Nature – qui n’est qu’indifférence – penchera-t-elle du mauvais côté ? Voilà d’angoissantes questions qu’il serait temps de prendre en compte, n’est-ce pas ?

 

 

 

 

Complément 1 : Fukushima

 

     La catastrophe japonaise de mars 2011 nous le rappelle : la Terre bouge sans cesse et, de temps à autre, la tectonique des plaques vient perturber dangereusement une situation que nous pensons bien établie. D'où la nécessité absolue de tenir compte des données que nous possédons (nous connaissons assez bien les lignes de fracture terrestres) . En conséquence, les constructions humaines doivent nécessairement être adaptées à cet état de fait. Peut-être, par exemple,  faut-il se résoudre à ne pas édifier de centrales nucléaires dans les pays à risques sismiques connus : les autorités de sûreté nucléaire avaient à plusieurs reprises alerté les autorités japonaises sur les risques encourus. Il n'en a apparemment pas été tenu compte...

 

 Complément 2 : l'Amasie

 

     La Pangée, supercontinent unique, occupait notre Terre il y a 250 millions d'années. Ce n'était pas le seul super continent à avoir été présent sur la planète : avant elle, il y avait eu Rodinia, et, encore avant, Nuna. Puis cette Pangée s'est fragmentée jusqu'à arriver à la géographie morcelée actuelle. Mais les mouvements tectoniques sont toujours à l'oeuvre. Dans un temps encore impossible à déterminer mais qui viendra inéluctablement, un nouveau supercontinent se formera qui regroupera les plaques américaine et eurasienne d'où son nom : l'Amasie. Cette fusion pourrait se produire par "introversion" (et donc à peu près au même endroit que l'ancienne Pangée) ou bien par "extroversion" ce que semblent démontrer les simulations informatiques. Dans cette dernière hypothèse, l'Amasie  serait alors formée à partir de la jonction des plaques américano-eurasiennes et la fermeture de l'océan Arctique, approximativement au niveau du pôle nord.

 

 

 

Photos

 

1.   La Pangée (sources : www.futura-sciences.com/)

2. Alfred Wegener (sources : www.iki.rssi.ru)

3. globe terrestre lumineux (sources : authentic-antiques.com)

4. cynognathus (sources : www.britannica.com)

5. shéma du phénomène de convection magmatique (sources : odyssespace.free.fr)

6. répartition des différentes plaques tectoniques (sources : apocalypse-quebec.com)

7. la Pangée au trias tardif (sources :  forum.rpg.net)

8. le barrage géant des trois gorges en Chine (sources : www.aujourdhuilachine.com)

 (Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

  

 

Mots-Clés : théorie de l'Evolution - sélection naturelle - Alfred Wegener - Pangée - convection magmatique - plaques tectoniques - zones de subduction - zones de collisions - transcurrences - faille de San Andreas - Panthalassa - Thétys

(les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

Articles connexes sur le blog

1. la paléontologie du futur

2. les mécanismes de l'évolution

3. les extinctions de masse

 

 

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Mise à jour : 3 mars 2023

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Publié le par Céphéides
Publié dans : #éthologie

 

 

     “Les bêtes n'ont pas seulement moins de raison que les hommes, elles n'en ont point du tout” nous dit Descartes et, dans sa lettre au Marquis de Newcastle, il explique que le comportement animal est uniquement instinctif, c’est-à-dire régi par un ensemble de mécanismes qui s’active automatiquement en réaction aux signaux produits par son environnement. Pour lui, l’animal n’est qu’une machine perfectionnée.

 

     Toutefois, le temps de « l’animal-machine » cher à Descartes est depuis longtemps dépassé. On sait aujourd’hui que les animaux ne sont pas de simples mécaniques : ils sont capables d’adopter des comportements propres qui ne sont pas qu’instinctifs.

 

     En 1872, dans son livre « l’expression des émotions chez l’homme et les animaux », Charles Darwin rapportait nombre de situations où les animaux qu’il étudiait étaient doués d’émotions parfois complexes. Il rapportait ainsi ses observations de la jalousie d’un orang-outan ou de la colère d’un lézard, ailleurs de la joie du chien remuant sa queue, le grognement de satisfaction d’un porc, voire la déception suivie d’une grosse colère d’un chimpanzé. Pour le scientifique, ce n’était pas une énorme surprise puisqu’il était convaincu avec raison que, l’origine biologique des êtres vivants étant commune, l’Évolution avait permis de conserver chez eux des comportements comparables.  Pour Darwin, entre homme et animal, il n’y a pas de différence de nature mais uniquement de degrés.

 

     Une centaine d’années plus tard, Konrad Lorenz recevait le prix Nobel pour ses travaux sur le comportement des animaux et, pour lui aussi, les émotions animales sont indiscutables.

 

 

Un contresens historique : la vision mécaniciste des animaux

 

     Cela peut paraître aujourd’hui étonnant mais les conceptions de Darwin et de Lorenz sont restées minoritaires durant des siècles parmi les scientifiques. Pour les savants de l’époque, les animaux n’étaient que des êtres primitifs conditionnés pour ne répondre à des stimuli que de façon instinctive. Sans intelligence ni émotions, ce n’était en somme que des « bêtes ». Et c’était plutôt commode pour en faire des objets d’expérimentation. Cette vision réductrice (et singulièrement erronée) a longtemps persisté puisque, en 1987 encore, dans une revue célèbre (l’Oxford Compagnion to Animal Behaviour), on pouvait toujours lire « l’étude des émotions animales n’a aucun intérêt puisqu’elle ne nous apprend rien ». La raison de cet aveuglement ? La peur de faire de l’anthropomorphisme… Or, si celui-ci existe parfois, notamment chez le profane, ce n’est certainement pas le cas ici.

   

     Il est vrai qu’il peut sembler compliqué de mettre en évidence une émotion animale et de la dissocier d’un simple comportement instinctif. Prenons, par exemple, le cas d’un ratqui se trouve acculé par un chat dans le fond d’une impasse. Il s’immobilise, cherche à fuir, crie désespérément tandis que sa fréquence cardiaque augmente considérablement et qu’il sécrète des flots d’adrénaline : il présente donc toutes les apparences de la peur. Mais a-t-il vraiment conscience de sa peur et des modifications soudaines de son corps ? Certains diront que le rat ne ressent pas la peur au vrai sens du terme, qu’il ne présente que des réactions automatiques de défense… Et pourtant…

 

     La notion « d’émotion animale » est encore plus discutée si l’on cherche à savoir si les animaux peuvent avoir le souvenir d’événements passés susceptibles d’influencer leur comportement. Par exemple, dans le cas de notre rat acculé par un chat, si le rongeur a eu la chance d’échapper à son prédateur, aura-t-il une « peur par anticipation » en revenant près de l’impasse où il fut attaqué ? Présentera-t-il une émotion alors qu’aucun danger ne le guette plus ? On parle ici « d’émotion secondaire » puisque le sujet anticipe une situation qui ne s’est pas encore reproduite, qui n’existe finalement pas.

 

     Les scientifiques ont cherché à évaluer ce domaine de l’émotion secondaire animale et, pour se faire, une expérience célèbre est la suivante : on offre un bonbon à un enfant et on lui dit qu’il en aura un second s’il attend, disons cinq minutes, avant de le manger. L’enfant cherche alors à patienter en chantonnant ou en gigotant, voire  

en un jeu lui permettant de se distraire afin de ne pas céder à la tentation. Eh bien, les singes usent exactement des mêmes stratagèmes pour obtenir la seconde récompense. Des expériences identiques ont également été réalisées avec d’autres animaux. Si ceux-ci essaient de se divertir pour ne pas être tentés, n’est-ce pas parce qu’ils ont conscience de leurs émotions ?

 

     De fait, comme nous le verrons par la suite, la compréhension humaine des émotions animales a considérablement évolué depuis quelques années et il n’est plus guère de scientifiques qui croient encore à l’animal-machine de Descartes.

 

 

De nombreux domaines sont concernés par l’émotivité animale

 

    Pour conforter ce qui vient d’être écrit, prenons quelques exemples de comportements animaux qu’il semble difficile de dissocier d’authentiques émotions.

 

* le chien est sensible aux reproches de son maître

       Lorsqu’il a « fait une bêtise » et qu’il est réprimandé, le chien adopte souvent une attitude très particulière : queue entre les pattes, oreilles abaissées, regard piteux. Pour certains scientifiques, c’est l’attitude de leur maître qui conditionne leur comportement : qu’ils aient fauté ou non, si le maître semble vouloir le punir, ils affecteraient dans tous les cas une attitude coupable. Toutefois, pourquoi un chien prendrait-il alors un air coupable avant que son maître n’ait eu connaissance de sa faute (comme tous les propriétaires de chiens ont pu le remarquer) ? Remords ou anticipation des conséquences de son acte ?

 

* les animaux savent faire preuve d’attachement

     Quatre-vingt dix pour cent des oiseaux arrivent à former de véritables couples : oisillons élevés à deux après des relations sexuelles exclusives, joie de se retrouver ou, au contraire, tristesse lors d’une séparation. Cette propension à la vie à deux se retrouve dans bien d’autres espèces, jusqu’à 25% chez les primates. Les éthologues préfèrent utiliser le terme d’attachement mais n’est-ce pas en définitive une forme d’amour ?

    Dans le même ordre d’idée, nous avons tous en mémoire des exemples d’amitié intangible entre individus d’une même espèce, voire d’espèces différentes comme cela est souvent rapporté par exemple entre des chiens et des chats.

     Sentiments authentiques ou simples réactions hormonales ?

 

* les girafes respectent leurs adversaires

 

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les girafes combattent à la "loyale"

     Dans une étude récente, des éthologues britanniques ont pu mettre en évidence que, chez ces animaux habituellement tranquilles, lors de combats entre mâles, lesproportions sont toujours respectées : jamais une girafe n’attaque une plus petite qu’elle et si les combats se passent à grands coups de tête, les côtés « préférés » de l’une ou l’autre sont respectés par l’adversaire tandis que, souvent, un vieux mâle sert d’arbitre, n’hésitant pas à intervenir en cas de nécessité. Des combats à la loyale en somme. Où se situe l’instinct en pareil cas ?

 

* certains animaux ont du mal à se séparer de leurs enfants morts

     En 2018, près des côtes canadiennes, un orque femelle a transporté en surface la dépouille de son petit sur 1600 km durant 17 jours. Ce n’est pas un acte isolé chez ce type d’animaux. Des attitudes similaires ont été notées chez les primates comme nous l’avons déjà signalé dans des articles précédents.  Certains scientifiques avancent que les mères en question n’ont peut-être pas conscience de la mort de leur enfant et qu’elles espèrent toujours qu’il va se réveiller. Ce n’est, aujourd’hui, plus l’avis de la plupart des éthologues qui  s’accordent pour penser qu’il s’agit ici de véritables périodes de deuil, les mères ne portant pas du tout leurs bébés morts comme elles le feraient avec des vivants.

 

* bien d’autres exemples existent d’émotions animales

 

Le dégoût : la femelle chimpanzé Washoe (à qui on avait appris le langage des signes) avait été éduquée à repérer un meuble ou un vêtement tachés. Un jour, agacée par un macaque désagréable, elle s’est mise à signer : « sale singe » ! Comme si elle était dégoûtée par le comportement de son congénère. Était-elle passée du simple descriptif à une signification d’ordre moral ?

 

Le sens de la justice : de nombreuses expériences ont été réalisées avec des grands singes, des tamarins, des macaques, des corvidés, des chiens qui, toutes, ont montré combien ces animaux sont sensibles à l’inégalité de traitement. Si l’on demande à ces animaux de réaliser un exercice en échange de nourriture, c’est le mécontentement total quand l’un des participants reçoit une plus grande quantité ou une meilleure nourriture. Les participants « spoliés » refusent alors souvent de participer à nouveau à l’exercice. Est-ce de la simple frustration ? De la jalousie ? Pas sûr si l’on songe que certains grands singes vont jusqu’a refuser la récompense qui les avantage…

 

 

les rats peuvent présenter de l'empathie pour leurs semblables

   Ils sont capables d’empathie : de nombreuses expériences ont été menées sur cethème avec les rats. L’une d’entre elles consistait à délivrer une quantité identique de nourriture à des rats placés dans un box au moyen de deux leviers. Au bout de quelques jours, forcément, les rats avaient une préférence pour l’un ou l’autre des leviers. L’expérimentateur choisissait alors le levier préféré d’un individu et l’associait, en même temps que la délivrance de la nourriture, à une décharge électrique sur un autre rat. Eh bien, le rat choisissait alors l’autre levier pour ne pas voir souffrir son congénère…

 

D’autres comportements ont été souvent rapportés...

… comme de ne pas aimer partager leur maître (chiens) ou leurs amis (singes). Ou bien de remercier un être humain au détriment de leur confort immédiat (singes).

 

     On peut constater, au vu de ces quelques exemples (il y en a bien d’autres) qu’il paraît difficile de croire que les animaux n’interagissent avec leur environnement que de manière instinctive : ils présentent d’authentiques émotions ce qui a conduit l’Homme à revoir – certes encore partiellement – ses rapports avec eux.

 

 

Notre perception des animaux évolue… et la Loi aussi

 

 

l'horreur du marché de Yulin en Chine

     Depuis quelques années, un consensus semble se dessiner chez les scientifiques pour reconnaître aux animaux souffrance et émotions et cela d’autant plus que leur systèmenerveux est développé. Cette approche nouvelle de « nos amies les bêtes » s’est peu à peu diffusée à l’ensemble de notre société. Des pratiques ancestrales sont à présent combattues (par exemple, l’horrible marché de la « viande de chiens vivants » de Yulin, en Chine) et ont de moins en moins de succès. On contrôle de mieux en mieux les abattoirs et les élevages et ce sont parfois des associations « non officielles » qui se chargent d’attirer sur eux l’attention de tous.

 

     De ce fait, la Loi, elle aussi, évolue et cherche à étendre les droits des animaux en leur octroyant un certain statut juridique. On n’autorise plus – du moins dans la plupart des pays occidentaux dont la France – les delphinariums où de pauvres dauphins captifs tournaient en rond à longueur de journée. Dans le même ordre d’idées, la disparition des animaux de cirque (et a fortiori de foire) est programmée. Le transport des animaux est également étudié de près et on tolère de moins en moins les élevages en batterie. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses pétitions circulent pour signaler les comportements cruels de certains individus envers les animaux et elles rassemblent parfois suffisamment de monde pour donner lieu à des enquêtes et d’éventuelles poursuites.

 

     En France, le jeudi 18 novembre 2021,  le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi de lutte contre la maltraitance animale par 332 voix pour, une voix contre et dix abstentions, On sent que sur ce sujet particulièrement sensible les choses évoluent. Et c’est tant mieux.

 

 

 

 

Sources :

 

 

Images :

  1. Teckel triste (sources : dreamstime.com)
  2. Chat et rat (sources : youtube.com)
  3.  Le singe et sa récompense (sources : parismatch.be)
  4. Combat de girafes (sources : alternatival.com)
  5. l'empathie chez le rat (sources : scitechdaily.com)
  6. l'horreur du marché de Yulin en Chine (sources : hebdovinchine.com)

 

 

 

Mots-clés : Charles Darwin - Konrad Lorenz - animal machine - statut juridique des animaux - loi du 30 novembre 2021 sur la maltraitance animale

 

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. l'inné et l'acquis chez l'animal

2. intelligence animale 1 et 2

3. l'instinct animal

 

 

 

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mise à jour : 27 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #éthologie

 

 

                          Platon-et-Aristote

     

 

     Dans la première partie de ce sujet (voir inné et acquis chez l’animal), nous avions cherché à définir ce qui, chez l’animal, pouvait relever de l’inné – c'est-à-dire de la génétique – et de l’acquis, essentiellement par apprentissage. Une notion importante semble avoir émergé de notre propos : plus un organisme vivant est neurologiquement complexe, plus ses facultés d’acquisition paraissent développées et donc plus élevées ses possibilités de modérer ce qui relève de l’inné. L’Homme est certainement le mammifère le mieux loti de ce point de vue : est-ce à dire que chez lui, l’acquis (expérimental, culturel, sociologique, etc.) a gommé toutes traces de comportements instinctifs régis par la transmission génétique ? Ce serait, comme on va le voir, aller un peu vite en besogne…

 

 

 

Retour sur les définitions

 

     Au préalable, et pour les lecteurs qui n’auraient pas eu la possibilité (ou la patience) de lire la première partie de ce sujet, il convient de bien repréciser ce que nous évoquons :

 

* l’inné : il s’agit d’un comportement qui se retrouve chez tous les individus d’une même espèce, comportement déterminé génétiquement et ne nécessitant pas d’apprentissage préalable. Jadis, on utilisait l’appellation de comportement instinctif qui veut dire la même chose.

 

* l’acquis : à l’inverse, il s’agit là d’un comportement secondairement construit à partir d’informations, d’expériences et, d’une manière plus générale, d’un apprentissage. Ce comportement est emmagasiné dans la mémoire individuelle de l’individu et ne concerne que lui.

 

     La question est donc toujours la même : quelle est la part de l’un ou de l’autre de ces mécanismes chez l’individu, ici l’Homme ?

 

 

 

Quelques exemples de comportements innés chez l’Homme

 

     Il est assez facile de trouver chez l’Homme des comportements qui ne relèvent que de la génétique ou, pour dire autrement, chez lesquels aucune acquisition par apprentissage ne peut être mise en évidence. En voici quelques uns, choisis parmi bien d’autres :

 

 

          L’expression des émotions

 

 

     Dès 1872, Darwin expliquait que les émotions étaient les mêmes chez l’Homme et les grands singes : l’expression de la peur, de la surprise et de la tristesse, par exemple, se retrouvent bien chez tous les primates. Il ajoute même que le sourire se rapproche probablement d’un comportement de défiance puisqu’il consiste à montrer les dents (il existe d’après lui une relation réelle entre le rire et l’agressivité)…

 

     Les ethnosociologies ont par ailleurs bien démontré que ces expressions faciales « innées » se retrouvent chez tous les peuples de la Terre et on sait à présent que des centres nerveux bien précis sont responsables de ces attitudes (formation réticulée et ganglions de la base).

 

 

          Le comportement instinctif du bébé

 

     Tout étudiant en médecine, dès lors qu’il aborde la pédiatrie, sait reconnaître ce qu’on appelle les « réflexes archaïques » témoignant chez le tout petit d’un développement harmonieux. C’est, par exemple, le réflexe de Moro (en redressant

réflexes archaïques
marche automatique du nourrisson

vivement la tête d’un nouveau-né, on observe de sa part une manœuvre d’embrassement puisqu’il écarte d’abord les bras en ouvrant les mains avant de les fléchir sur ses avant-bras, le tout se terminant par un cri), la marche automatique (en plaçant un nouveau-né verticalement et en lui faisant toucher un plan dur avec ses pieds, on le voit « emjamber » l’obstacle et débuter quelques mouvements de marche) ou le « grasping » qui voit le bébé agripper fortement (au point qu’on peut le soulever) la main de l’examinateur qui a stimulé sa surface palmaire. Il en existe bien d’autres (réflexe de succion automatique, de nage, etc.) …

 

     Ces mouvements sont très instructifs car, disparaissant spontanément après quelques mois, ils relèvent d’une activité « réflexe » du tronc cérébral alors que la maturation du système nerveux n’est pas encore achevée.

 

 

          La marche

 

     La marche est un phénomène automatique, apprise tôt chez l’enfant, qui ne demande aucune capacité particulière bien qu’il s’agisse finalement d’un mouvement relativement complexe. Dès qu’il s’agit de modifier ce mouvement, l’exercice devient très difficile car le sujet doit constamment lutter contre la coordination "naturelle". Il n’existe que deux aspects de l’activité humaine où la marche est réellement modifiée : la guerre et la danse. Tous les militaires, par exemple, savent marcher « au pas » et il existe des variations culturelles à cette marche (le pas de l’oie allemand, la marche « glissée » des armées britanniques, le pas ralenti de la Légion Etrangère française) mais il s’agit presque toujours de l’exagération de la marche naturelle, un exercice qui demande un long apprentissage spécifique. De la même façon, la danse demande à l’élève un long travail de formation. Ces éléments laissent supposer que la marche est bel et bien un comportement héréditaire (voit le sujet : la bipédie, condition de l’intelligence ?).

 

 

          Les reconnaissances sociales de base

 

     Lorsque deux individus se rencontrent, ils reproduisent un comportement qui échappe à tout apprentissage : on se salue du regard en haussant les sourcils durant une fraction de seconde avant d’ébaucher un sourire et un hochement de la tête. C’est seulement ensuite que les appris culturels entrent en jeu (inclinaison du buste, salut du chapeau, génuflexion, mains croisées en signe de soumission, main levée, etc.). C’est tellement vrai que les médecins s’occupant de sujets atteints, par exemple, d’un stade avancé de démence sénile de type Alzheimer, savent bien que l’un des derniers comportements sociaux présentés par ces malades est précisément le premier, le plus ancien.

 

 

           Les comportements de communication

 

     Nombre de nos gestes qui relèvent de comportements innés nous sont parfaitement naturels : tendre le bras main à plat pour signifier à quelqu’un d’arrêter son mouvement, mettre un doigt devant sa bouche pour demander le silence, faire de rapides flexions des doigts avec la main tournée vers soi pour demander à quelqu’un d’avancer, etc. Il ne s’agit pas de gestes conscients, ni appris mais des automatismes propres à notre espèce dont certains sont parfois partagés avec d’autres primates.

 

     On pourrait poursuivre cette énumération longtemps tant il existe de situations où nos agissements ne relèvent pas – au moins au début – de notre conscience. Je pense au baiser amoureux, au baiser sur le corps (avatar chez l’Homme du geste d’épouillage chez certains animaux), à la caresse (qui relève d’un mécanisme voisin, même si ce geste est grandement modifié culturellement ensuite), l’enlacement (geste de consolation), le rire déjà évoqué, etc. Des comportements encore plus basiques pourraient également être rappelés comme la peur, la faim, la soif, le désir sexuel, d’autres encore. On le voit, nous ne sommes effectivement pas que de « purs esprits ».

 

 

 

L’apport de la génétique

 

     Avec l’avènement de la génétique et le rôle important attribué aux gènes et à l’ADN, on a un temps pensé qu’il serait possible de caractériser les comportements (et les maladies) en fonction de notre patrimoine génétique. Concernant les maladies, s’il est vrai que certaines d’entre elles sont parfaitement en rapport avec une anomalie ou un déficit génétique (par exemple la chorée de Huntington ou la mucoviscidose), ces dernières restent en fait assez rares. Souvent, s’il peut exister une dimension génétique relativement bien individualisée (diabète, cancer du sein, cancer du colon, etc.) et on parle alors de gènes de prédisposition, il est sûr qu’interviennent d’autres facteurs dont certains sont clairement culturels. Pour nos comportements, c’est encore plus flou et la part de notre ignorance quant à la réalité des agents en cause reste considérable.

 

     On sait par ailleurs que, même quand on les identifie à peu près, les effets des gènes varient singulièrement en fonction de l’environnement où se situe le sujet. Par exemple, dans un environnement spécifique, la part de l’inné pourra représenter 50% mais 10% ou 80% dans un autre. Outre notre méconnaissance complète de nombreux facteurs, l’influence génétique est donc variable et rend toute tentative d’apprécier la part inné/acquis pratiquement impossible à déterminer (du moins, en l’état actuel de nos connaissances) dès que l’on s’intéresse à un comportement quelque peu élaboré.

 

 

 

L’Homme est un être de culture

 

     L’Homme est un être biologique et, à ce titre, un animal comme tous les autres mais un animal doué de culture. Une culture bien plus développée que chez nos cousins, les grands primates, où elle existe certes également mais de façon comparativement embryonnaire.

 

     L’exemple des « enfants sauvages » nous rappelle tout le poids de notre progressif acquis culturel. Il s’agit d’enfants élevés en dehors de toute intervention humaine, le plus souvent par des loups ou des ours, et n’ayant rencontré la « civilisation » que

enfant livré à lui même
l'enfant sauvage (film de François Truffaut, 1970)

tardivement (on en rapporte une cinquantaine de cas dans l’Histoire). Leur éventuelle réintégration dans l’Humanité, toujours partielle dans le meilleur des cas, dépend de l’âge de leur rencontre avec les hommes. En effet, un enfant livré à lui-même ne peut se développer harmonieusement. Boris Cyrulnik, l’ethnopsychiatre bien connu, nous rappelle que si l’enfant n’a pas, dès son plus jeune âge, été mis en contact avec la parole des autres, il ne pourra acquérir un langage. Il en est de même pour tous les comportements dits humains qu’il ne saurait obtenir réellement. Tout se passe comme si l’acquis culturel devait « imprégner » le jeune enfant avant que son système nerveux ne soit définitivement figé.

 

     On peut donc avancer que, à sa naissance, l’Homme n’a presque pas d’humain en lui et que cette humanité il l’acquiert au fur et à mesure de son éducation… forcément variable d’une société humaine à une autre. On peut dire autrement : au départ, l’Homme possède un « fond biologique » qui est toujours le même et restera en lui à jamais. C’est l’éducation - son contact avec les autres hommes – qui lui permettra d’acquérir son humanité, c'est-à-dire dépasser sa part innée pour acquérir un statut complet d’humain.

 

     L’inné fait partie de nous mais contrebalancé par l’acquis. Ce qui ne nous en dit pas plus sur la part de l’un ou de l’autre.

 

 

 

Le Darwinisme social

 

     Au XIXème siècle, la théorie de l’intelligence innée était très à la mode. On se souvient, par exemple, de la théorie plutôt fumeuse des bosses de l’intelligence (phrénologie) où l’on observait la configuration craniale d’un individu pour déterminer s’il était doué pour telle ou telle discipline (d’où l’expression encore employée de nos jours : avoir la bosse des maths). De façon bien plus artistique, Zola, dans sa fameuse série de livres des Rougon-Macquart, insistait sur la prépondérance de l’hérédité dans le comportement humain (il suffit de relire « la bête humaine » pour s’en persuader). Cette notion du « tout génétique » fut progressivement abandonnée à mesure que progressaient nos connaissances de la génétique mais aussi d’une certaine évolution des mœurs.

 

     Récemment, la position innéiste a été remise au goût du jour par les sociobiologistes partisans de ce que l’on appelle le « darwinisme social » (ce qui n’aurait probablement pas plu à Darwin). En 1994, deux chercheurs américains, Charles Murray et Richard Hernstein ont jeté un pavé dans la mare avec leur livre « the Bell Curve » (la courbe en cloche) où ils tentent de démontrer, statistiques à l’appui, que les noirs ont en général un QI inférieur à la moyenne des autres communautés ce qui expliquerait, selon eux, leur moindre réussite socio-économique. De ce fait, puisque l’intelligence pour ces deux auteurs est innée, il est impératif d’arrêter la politique de discrimination positive poursuivie par l’état fédéral, politique coûteuse qui ne sert à rien. Je ne cite évidemment ces travaux que pour expliquer que la bataille inné-acquis est loin d’être terminée et qu’elle divise toujours autant la communauté scientifique… et que, de plus, elle n’est pas exempte d’a priori philosophiques, d’un côté comme de l’autre !

 

 

 

L’Homme aux deux cerveaux

 

     Chez l’Homme (et les primates), on peut très schématiquement opposer deux parties de notre cerveau : le néocortex et le paléocortex (ou cerveau reptilien). C’est ce dernier qui est apparu en premier dans l’évolution des espèces tandis que le second s’est développé progressivement au fur et à mesure de l’accession des individus à une certaine « conscience » : l’Homme (avec quelques primates « supérieurs ») est le Terrien qui possède le néocortex le plus vaste tandis que les animaux moins développés intellectuellement n’en possèdent que de petits, des embryonnaires (certains reptiles) ou pas du tout (poissons, amphibiens). Dès lors, comment ne pas opposer

                                cerveau_triunique.png

un paléocortex, siège des comportements instinctifs et un néocortex (80% de l’ensemble tout de même chez l’Homme) qui, lui, serait l’endroit où s’élaboreraient les conduites apprises élaborées ? Disons le tout net : les choses sont certainement bien plus compliquées mais pour notre approche cette distinction assez grossière peut convenir.

 

     Discuter de la part qui revient à l’acquis et à l’inné chez l’Homme paraît assez stérile dans la mesure où l’état de notre ignorance dépasse certainement celui de nos connaissances. Cela n’empêche pas de comprendre que ces deux entités coexistent bien dans notre cerveau et donc dans nos comportements et c’est peut-être là que se situe le problème le plus aigu.

 

     En effet, si l’Homme est la créature la plus intellectuellement développée c’est qu’il a certainement réussi à « gommer » - ou du moins à relativiser – un certain nombre de comportements liés à la génétique. Certes. Il n’en reste pas moins que, comme nous l’avons vu, nous ne sommes pas de purs esprits et que bien des comportements, des attitudes, des réactions qui nous semblent naturelles et réfléchies échappent en réalité à notre volonté consciente. C’est cette remarque qui fait l’objet de l’angoisse de nombreux philosophes. Konrad Lorenz, pour reprendre les interrogations d’un éthologue déjà évoqué, au crépuscule de sa vie, se posait la question du décalage existant entre notre cerveau (dans son intégralité), de nature forcément biologique et donc n’évoluant que lentement au fil des millions d’années et l’extraordinaire explosion technologique que nous avons acquise depuis quelques décennies (voir le sujet : l’agression). Pour lui, il existe une distorsion de plus en plus grande entre nos possibilités techniques et notre intellect encore trop marqué par notre passé : du coup, il s’interrogeait sur notre capacité à dominer ces possibilités techniques ainsi décuplées en si peu de temps. Il est vrai que lorsqu’on voit les potentialités de destruction de nos sociétés, par la guerre sans doute, mais aussi et surtout par la mise sous tutelle d’une Terre que nous n’hésitons pas à saccager, on peut s’inquiéter. Saurons-nous dominer notre cerveau reptilien ou nous conduira-t-il à notre perte ? Question légitime et, pour l’instant, semble-t-il sans réponse.

 

 

Sources

1. Wikipedia.org (instinct, inné)

2. Henri Atlan : (www.philomag.com/fiche-philinfo.php?id=37)

3. nature et culture : (www.sayomar.tice-burkina.bf/01SAYOCOURS/cours1/08.htm)

4. darwinisme social :

(www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2002/sem01/mag0524/dossier/sa_5529_inne_acquis.htm)

 

 

Images

 

1. Platon et Aristote (sources : daminhvn.net)

2. le rire (sources : alexishayden.over-blog.com)

3. marche automatique (sources : infobebes.com)

4. chut ! (sources : fr-fr.facebook.com)

5. l'enfant sauvage, film de truffaut (sources : www.toutlecine.com)

6. paléo et néocortex (sources : ien-versailles.ac-versailles.fr)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

 

 

Mots-clés : Charles Darwin - réflexes archaïques du nouveau-né - maladie d'Alzheimer - automatismes de communication - gènes de prédisposition - enfants sauvages - Boris Cyrulnik - théorie innée de l'intelligence - phrénologie - Emile Zola - sociobiologie - néocortex - paléocortex, cerveau reptilien

 

 

Sujets apparentés sur le blog

 

1. l'inné et l'acquis chez l'animal

2. l'agression

3. la bipédie, condition de l'intelligence ?

4. insectes sociaux et comportements altruistes

5. le propre de l'Homme

 

 

 

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Mise à jour : 11 mars 2023

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Publié le par cepheides
Publié dans : #Évolution

 

 

            camouflage-animal-copie-1.jpg

 

 

 

 

 

      La Nature – on l’a souvent répété ici – se moque bien des conventions humaines ; elle n’a que faire des soifs de justice d’homo sapiens, de ses pitiés, de ses états d’âme. La Nature est indifférente et pour y survivre une seule condition est requise : être le plus apte à se nourrir, prospérer et, bien sûr, se reproduire. C’est la sélection naturelle qui permet l’élimination progressive des individus les moins bien adaptés et est en conséquence un des moteurs principaux de l’Evolution.

 

      Les êtres vivants qui peuplent la Nature, tantôt victimes, tantôt prédateurs (et on est presque toujours le prédateur d’un autre) ont développé des techniques élaborées pour survivre et s’adapter au milieu ambiant : le camouflage en est une qui permet, par exemple, à l’ours blanc d’être moins repérable sur la banquise ou au phasme de se confondre avec des brindilles. Mais il existe des stratégies encore plus complexes, parfois stupéfiantes, qui permettent à certaines espèces de ressembler tellement à d’autres espèces - qui n’ont pourtant rien à voir avec elles – que tout le monde finit par s’y tromper : on parle alors de mimétisme et c’est sur cette singulière faculté à imiter l’autre que je souhaite aujourd’hui insister.

 

 

Les objectifs

 

      Le mimétisme est une stratégie d’adaptation, c'est-à-dire le moyen pour une espèce donnée d’acquérir un avantage supplémentaire dans sa lutte pour survivre. J’évoquais plus haut le camouflage permettant d’échapper à la vision du prédateur qu’on appelle parfois « mimétisme cryptique » bien que, stricto sensu, ce ne soit pas vraiment du mimétisme (le camouflage peut, en effet, se développer rapidement chez une espèce au gré des mutations au contraire du mimétisme qui demande une coévolution complexe regroupant plusieurs espèces, comme on le verra ensuite).

 

      Le mimétisme proprement dit cache des buts souvent différents qui peuvent être :

 

* se faire passer pour une autre espèce connue pour être dangereuse ou non comestible,

 

* permettre une meilleure reproduction (c’est le cas bien connu du coucou),

 

* cacher ses propriétés prédatrices comme chez certains poissons carnivores (blennie dévoreuse) affectant de n’être que des poissons « nettoyeurs de parasites »,

 

orchidee-abeille-lac3.JPG* offrir un intérêt gustatif pour un fécondateur : c’est le cas de plantes qui attirent ainsi certains insectes pour assurer leur propre reproduction,

 

* présenter un intérêt nutritif pour une proie : certaines plantes carnivores délivrent une odeur de putréfaction pour attirer des mouches qu’elles vont ingérer,

 

* proposer un danger limité pour leur proie : des espèces de poissons se parent de couleurs leur permettant de se fondre avec les algues où elles pourront surprendre leurs victimes.

 

      Les stratégies sont donc multiples et, pour bien les comprendre, les scientifiques ont cherché à les cataloguer, ce qu’on verra par la suite, mais évoquons d’abord les différents protagonistes en jeu.

 

 

les acteurs en présence

 

      Pour qu’un mimétisme existe, il faut au moins trois acteurs :

 

* le modèle : c’est l’individu qui va être copié parce que reconnu comme tel par

 

* l’individu trompé qui est le plus souvent un prédateur

 

* de l’imitateur qui, en copiant le modèle, va faire peur à son prédateur ou à tout le moins le désorienter suffisamment pour s’autoriser à fuir… ou à atteindre son but.

 

 

les différentes formes de mimétisme

 

      C’est la publication de l’ouvrage princeps de Darwin sur l’évolution des espèces qui va stimuler l’étude de ces phénomènes complexes, jusque là incompris et baptisés du nom pompeux de « merveilles de la Nature » (pour expliquer qu’on ne les comprenait pas).

 

 

           * le mimétisme selon Bates

 

      Des 1863, à peine 4 ans après la publication par Charles Darwin de « l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle », Henry Walter Bates (1823-1913), un entomologiste anglais, publie une première confirmation de la théorie darwinienne. Bates – qui explorait la vallée amazonienne – y décrit qu’une espèce de papillons a évolué de telle manière qu’elle copie exactement les couleurs d’une autre espèce toxique pour les oiseaux : le papillon imitateur est (relativement) protégé des prédateurs à moindre frais puisqu’il ne dépense aucune énergie à produire des toxines… ce qui n’est pas le cas de l’imité qui, de plus, voit parfois sa protection anéantie par des oiseaux s’étant rendu compte de la supercherie de l’imitateur !

 

      Ce type de mimétisme a été surtout décrit chez les insectes, notamment sociaux, comme les guêpes (certains papillons imitent leurs couleurs et leurs formes) et les fourmis. Concernant ces dernières, on peut citer le araignee-formicomorphe.jpgcas de certaines araignées qui imitent à la perfection leur aspect : ici, l’arachnide utilise sa paire de pattes surnuméraires en guise d’antennes qu’elle élève et fait vibrer tout comme les antennes d’une fourmi : gare alors à la proie qui se fait tromper !

 

      D’autres animaux ont recours à ces subterfuges comme la couleuvre faux-corail, inoffensive, qui imite le vénimeux serpent corail et tient ainsi à distance ses prédateurs.

 

 

           * le mimétisme selon Muller

 

      Un an après Henry Bates, en 1864, un biologiste allemand, Fritz Muller (1821-1897) publie un ouvrage « Für Darwin » (pour Darwin) où, ayant étudié tout spécialement les écrevisses, il explique combien la théorie de la sélection naturelle est juste. Il s’intéresse au mimétisme et décrit l’association originale de fourmis avec un arbre tropical, le cecropia : les insectes protègent l’arbre des plantes grimpantes et des parasites tandis que, en retour, les fourmis trouvent là un refuge et divers moyens de nutrition. Tout le monde trouve son avantage et – fait à souligner - il n’y a donc pas tromperie, contrairement au cas précédent…

 

      C’est Muller qui, le premier, va expliquer quelques années plus tard une mylabreforme différente de mimétisme. Dans le cas de Bates, on évoquait des espèces inoffensives qui, pour se protéger, copiaient des espèces toxiques. Muller décrit, lui, le mimétisme de deux espèces toxiques et vénéneuses entre elles (on n’en comprenait guère l’intérêt) ce qui est fort différent du mimétisme de Bates puisque, ici, répétons-le, il n’y a pas tromperie : Muller explique que le fait de posséder une même apparence permet aux deux espèces en question d’avoir des bénéfices communs ; en effet, toutes deux vont entraîner la répulsion des prédateurs à plus grande échelle, et cela permet d’améliorer la qualité de leur système de défense : on peut en effet penser que, à force de voir des formes vénéneuses à ne pas toucher, le prédateur finira par banaliser leur évitement.

 

 

           * le mimétisme selon Mertens

 

      On a vu des espèces inoffensives qui « copient » des espèces vénéneuses (Bates), des espèces vénéneuses qui se copient entre elles (Muller) ; reste donc un troisième cas de figure : celui d’espèces vénéneuses qui copient des espèces inoffensives. C’est un spécialiste des reptiles, Robert Mertens (1894-1975), qui rapportera cette forme très spéciale de mimétisme.

 

      Très spéciale, en effet, puisque, en pareil cas, l’imitateur toxique imite un sujet non toxique au risque d’être attaqué (et mangé) par le prédateur mais en entrainant ainsi sa mort : quel intérêt, me direz-vous, de tuer en mourant ? C’est que l’imitateur essaie de copier une espèce non pas mortelle mais simplement désagréable à manger pour le prédateur. De ce fait, il est protégé dans la mesure où le prédateur n’attaque plus jamais tout ce qui ressemble à l’espèce « désagréable ». Un sacré pari mais qui, semble-t-il, peut porter ses fruits.

 

 

           * l’automimétisme

 

      Dans ce cas, seule une partie de l’imitateur est concernée : c’est, par exemple, le cas d’un papillon, le grand paon de nuit, qui possède sur ses ailes un dessin imitant un œil (appelé ocelle). Lorsque le prédateur segrand paon de nuit présente, le papillon ouvre brusquement ses ailes et a le temps de s’enfuir face à la surprise de l’attaquant. Ailleurs, le serpent faux-corail (Anilius scytale, à ne pas confondre avec la couleuvre faux-corail déjà citée), lorsqu’il est attaqué, redresse sa queue en l’air et se met à la balancer comme s’il s’agissait de sa tête… qui, elle, est bien cachée : un serpent à deux têtes, en somme !

 

 

           * le mimétisme reproductif

 

      Le but est ici d’utiliser un tiers pour permettre la diffusion de la semence et ce sont surtout les plantes – mais pas toujours - qui utilisent ce mimétisme très particulier puisqu’il n’y a pas de victimes. J’avais évoqué dans un sujet précédent (cf. comportements animaux et évolution) le cas tout à fait extraordinaire de ces orchidées qui imitent à s’y méprendre le corps d’une abeille ou d’une guêpe de façon à ce que l’insecte, trompé, se barbouille de pollen qu’il exportera sur une orchidée voisine permettant ainsi la reproduction de l’espèce.

 

      Nous avons également évoqué le cas du coucou qui place ses œufs dans le nid d’une autre espèce afin qu’ils y soient couvés et nourris sans le moindre effort de leurs géniteurs. Mais que penser de l’oiseau-lyre, animal vivant en Australie, qui est capable de reproduire n’importe quel bruit de son environnement ? En effet, la femelle de cette espèce est sensible au oiseau-lyre-australie-v8740.jpgmâle qui produira le chant le plus élaboré ; dès lors, le mâle oiseau-lyre peut tout imiter : les chants de n’importe quel autre oiseau mais également le bruit de la tronçonneuse des bucherons, l'alarme d'une voiture  ou le déclic de l’appareil photo de l’ornithologue venu l’étudier ! La Nature est parfois étonnante.

 

      Comme toujours lorsqu’on évoque l’évolution des êtres vivants, s’il existe une caractéristique particulière d’apparence ou de comportement adoptée par une espèce, c’est que la sélection naturelle l’a retenu comme un avantage sélectif, un « plus » qui permet à son détenteur de mieux résister à la dure compétition des êtres vivants entre eux. Le mimétisme est un de ces moyens sélectionné par l’évolution. A celui qui contemple ces facultés singulières sans y avoir véritablement réfléchi, une question se pose inévitablement : comment ne pas penser qu’il y a un but, une finalité à tout cela ?

  

 

Mimétisme et évolution

 

      Au fond, on peut assez bien comprendre le camouflage : une mutation phalene-clair.jpgpermet de donner à certains individus un avantage précieux d’où sa pérennisation. L’exemple bien connu du phalène du bouleau nous le démontre. Voilà un papillon de couleur claire qui peuplait la campagne anglaise d’avant la révolution industrielle. Viennent les hommes et leurs industries qui, par les suies et autres pollutions, transforment l’environnement au point que même les arbres qu’habitent ces papillons se parent de teintes sombres. Presque aussitôt, on s’aperçoit que de blancs, les phalènes sont presque tous devenus noirs : en effet, les blancs, trop visibles, ont disparu victime de la prédation. L’Homme s’efforce de diminuer la pollution et reparaissent les papillons phalene-bouleau-fonce.jpgblancs tandis que les noirs succombent à leur tour sous la dent des prédateurs. Une simple mutation portant sur la répartition de la mélanine sépare en fait les deux formes... Il s’agit, on le voit, d’un mécanisme en définitive assez simple. Mais le mimétisme ? Le mime qui copie à la perfection pour se parer de la terreur qu’inspire son modèle ? L’orchidée qui imite une abeille au point que même un scientifique avisé pourrait s’y tromper ? N’y a-t-il pas là un phénomène bien plus complexe et, peut-être, inexplicable ?

 

      Dans le cas du mimétisme, on a affaire à une coévolution entre trois acteurs différents, nous l’avons dit. Mais comment ce processus si complexe est-il possible ? C’est là qu’intervient le facteur-temps, un concept bien difficile à saisir pour nos cerveaux dont la vie est si courte. couleuvre-faux-corail.JPGC’est qu’il en faut des millions d’années (des millions alors que seulement 2000 ans nous séparent historiquement de l’Antiquité) pour qu’un tel phénomène apparaisse. Cela nécessite nombre « d’essais » de la Nature, de « retours en arrière » parfois, des impasses évolutives, etc., bref des millions de générations avant que ne survienne – progressivement - la modification salvatrice. Seule la sélection naturelle au fil du temps peut expliquer l’apparition de telles adaptations à l’environnement. Que ce dernier change et les nantis deviennent victimes tandis qu’apparaissent de nouveaux élus…

 

      99% des espèces ayant un jour peuplé notre sol ont aujourd’hui disparu, soit balayées par de (trop) brutaux changements de l’environnement, soit transformées en des espèces mieux adaptées. Une seule raison à cela : la modification des habitats qui n’est due qu’au hasard (volcanisme, submersions marines, tremblements de terre, glaciations, etc.). Il faut donc toujours s’adapter : devenir plus fort, plus caché ou plus malin. Le mimétisme est un de ces moyens, un parmi d’autres : un cheminement long, laborieux, compliqué dont le seul hasard est le maître d’œuvre.

 

 

 

Images

 1. invisible si immobile (sources :  flickr.com )

2. orchidée-abeille (sources : genevieve.lehoux.over-blog.com)

3. araignée formicomorphe (sources :tpe-mimetisme.e-monsite.com)

4. mylabre (sources : crdp.ac-bordeaux.fr)

5. grand paon de nuit (sources : aramel.free.fr/)

6. oiseau-lyre d'Australie (sources : www.kamaz.fr)

7 et 8. phalènes du bouleau (sources : www.futura-sciences.com)

9. couleuvre faux-corail (sources : library.kiwix.org)

(Pour lire les légendes des illustrations, passer le pointeur de la souris dessus)

 

  

Mots-clés : sélection naturelle - théorie de l'évolution - camouflage ou mimétisme cryptique - Henry Walter Bates - orchidée "trompe-insectes" - araignée formicomorphe - Fritz Müller - Robert Mertens - automimétisme - serpent faux-corail - couleuvre faux-corail - mimétisme reproductif - oiseau-lyre - phalène du bouleau

  (les mots en gris renvoient à des sites d'informations complémentaires)

 

 

Articles connexes sur le blog

1. les mécanismes de l'évolution

2. indifférence de la Nature

3. insectes sociaux et comportements altruistes

4. reproduction sexuée et sélection naturelle

5. comportements animaux et évolution

 

 

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Mise à jour : 8 mars 2023

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